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Flying RIB A7 : drôle d’oiseau !

mercredi 13 février 2019 09:43

La société SEAir, fondée à Lorient par Richard Forest et Bertrand Castelnérac poursuit sa quête de vol aquatique. Parallèlement à ses expériences de voiliers équipés d’hydrofoils, elle s’intéresse de près au vol des semi-rigides. Nous avons pu le constater l’année dernière avec un Flying RIB adapté à partir d’un Zodiac Pro 5.5 (5,40 m), et plus récemment, en naviguant à bord d’un Flying RIB sur la base d’un Zodiac Open 7 (6,97 m). Si notre première prise en main s’était faite sur la Seine, celle du Flying RIB A7 s’est déroulée en mer, en baie de Cannes. Une expérience plus significative que les quelques runs effectués sur le fleuve avec le 5.5. A bord du 7 mètres, nous avons surtout pu apprécier le confort de navigation, la coque passant en douceur sur la crête des vagues (clapot de 60 cm), ses foils découpant l’eau sans effort apparent. Mieux, nous avons pu apprécier la souplesse de passage en croisant le sillage d’une grosse vedette (creux d’environ un mètre), dans un confort effectivement supérieur à celui que l’on constate généralement à bord de semi-rigides conventionnels de même gabarit. En revanche, concernant le pilotage, nous avons constaté, en moins marqué qu’avec le 5.5, d’importantes réactions aux réglages, avec une instabilité d’assiette (longitudinale, comme latérale) dès lors qu’on opère un réglage des foils ou du trim, l’action de ce dernier étant ultra-sensible en raison du plan porteur fixé sur l’embase. Il faut donc procéder, avec une extrême précaution et en permanence, à des petites retouches ce qui requiert, du moins c’est l’impression que nous avons ressentie, une longue prise en main avant d’acquérir un minimum de maîtrise. A la lumière de ce comportement déroutant (surtout en virage), nous avons hâte de refaire un test en présence du système d’asservissement électronique dont le but sera de gérer, instantanément et en continu, les réglages des foils et du trim en fonction de la vitesse et de l’état du plan d’eau, sans que le pilote n’ait à s’en soucier. Ce dispositif devrait être disponible dès l’été prochain, peut-être même plus tôt…

Passons aux performances. Le plan d’eau n’était pas propice à l’acquisition de mesures optimales et nous n’avons pas pu prendre plus de 28,2 nœuds à 4 500 tr/min, sans risquer de déstabiliser le bateau. Il restait encore 1 500 tr/min dans la manette de gaz…  Nous avons tout de même pu relever des vitesses et des consommations à 2 700 tr/min (15,4 nds et 15,2 l/h), 3 500 tr/min (21,3 nds et 21,5 l/h), 4 000 tr/min (24,8 nds et 30,4 l/h) et 4 500 tr/min (28,2 nds et 40,5 l/h) avec des rendements qui s’échelonnent de 1,01 à 0,70 mille par litre. Des chiffres qui sont, pour ce qui est des consos et des rendements, un peu meilleurs que ceux enregistrés sur des ensembles comparables, aux mêmes régimes moteur. Le chrono de déjaugeage (donc ici d’accession au vol) est aussi probant en 3’’8 avec le meilleur réglage (trim en bas et montée en cours d’accélération), alors que le bateau était bien chargé avec quatre personnes, le plein de carburant et une vache à eau de 150 litres à l’avant. 

Par contre pour ce qui est des sensations de glisse « phénoménales » promises par SEAir, nous n’avons pas été franchement séduits. Un peu frustrés même, du fait qu’il n’y a quasiment plus de sensations, justement. Les hydrofoils agissent un peu à la manière d’un coussin d’air, au point qu’on ne ressent plus la glisse, le contact avec le plan d’eau, sensation pourtant très présente à bord des semi-rigides conventionnels. Chez SEAir, le développement devrait se poursuivre à bonne cadence, avec l’annonce imminente d’un prochain bateau « foilé » de 9 mètres (sans plus de précision). A la question du supplément de prix qu’entraîne l’équipement « SEAir », le PDG de la start-up lorientaise, Richard Forest, cite le tarif de base du Pro 5.5 équipé d’un Yamaha F150 qui passe de 40 000 à 60 000 €. Mais, il n’entend pas qu’on puisse comparer les deux modèles, avec ou sans foils : « Nous ne vendons pas un bateau à foils, nous vendons une nouvelle façon de naviguer ! » Photo Romain Sandt.