Issu de la planche à dessin de Federico Fiorentino, le GranTurismo 10.5 « Edition Limitée » (en l’honneur du 60^e anniversaire du chantier Lomac) séduit au premier regard. Déjà par sa silhouette, bien équilibrée malgré la présence de la cabine.  

Mais aussi par l’apport du cuir, couleur tabac, avec cette sellerie omniprésente (matelas de bain de soleil, sièges, mains courantes, couchette, coussins) qui fait la différence par rapport au modèle initial et aux semi-rigides de la concurrence… Chose rarissime dans le domaine du semi-rigide, avec le GT 10.5 dernière version, le chantier italien propose depuis peu, à côté de la carène standard, une carène spéciale capable de supporter une paire des nouveaux V8 Yamaha XTO de 375 chevaux, des hors-bord à la puissance redoutable qui nécessitent un tableau arrière redessiné et renforcé. C’est ce tout nouvel « package » que nous avons pu essayer à La Napoule.   

Au ponton

Premier modèle de la gamme GranTurismo, le GT 10.5, apparu il y a cinq ans, est une valeur sûre du marché du grand semi-rigide de croisière. A ce titre, il possède une vraie cabine avec un grand couchage double et un cabinet de toilette indépendant avec lavabo, WC et douche. Cet équipement de confort adjoint à la grande couchette double sont les ingrédients qui ouvrent les horizons de la croisière. La décoration, à base de chêne clair cérusé, et la présence de six hublots dont trois ouvrants rendent ce lieu de vie lumineux. A bord de ce type de bateau, on ne parle pas encore de dressing, mais quelques placards permettent de ne pas laisser les effets personnels dans les sacs de voyage. Comme pour certains modèles de la série Adrenalina, la couchette double (183 x 141 cm) peut se transformer en lits jumeaux (183 x 45 cm). Cette volumineuse console-cabine s’inscrit au centre d’un plan de pont de type « walkaround », avec de larges passavants de plain-pied qui permettent de circuler autour aisément. Les déplacements à bord restent un point fort sur le GT 10.5, à l’exception des plateformes de bain, plutôt exiguës et qui ne communiquent pas entre elles. Pour passer de l’une à l’autre, il faudra enjamber le bac moteur… Par contre, notons le passage ouvert dans le dossier de la banquette arrière, à tribord, qui facilite l’accès à l’échelle de bain et la douchette.

Autre atout majeur de ce plan de pont, les deux solariums convertibles en autant de carrés. Ainsi autour de la grande table de la dînette arrière, qui sort électriquement du plancher (pas de manipulation, ni besoin de coffre pour ranger cette table), il est possible de prendre place à huit ou dix sur la longue banquette en U. Cette dernière fait face à la kitchenette, accessible en relevant le siège de pilotage, qui intègre également un frigo de 75 litres. Même cas de figure à l’avant, l’extension de solarium qui se transforme en table, permet à six convives de pique-niquer avec l’apport du siège se trouvant sur l’extrémité du rouf de la cabine. Comme sur les Adrenalina, le socle polyester qui couvre le nez du bateau abrite le mouillage et le guindeau électrique qui manœuvre l’ancre, à poste dans l’écubier d’étrave, et il y a aussi le taud de soleil qui trouve place en périphérie du dossier de la banquette arrière, permettant ainsi de ne pas s’encombrer d’un arceau ou roll-bar. Pour en terminer avec le tour du propriétaire, comment passer sous silence les attributs esthétiques de cette série limitée, à savoir le teck massif à joints clairs, l’éclairage de courtoisie et les leds sous-marines, et surtout la magnifique sellerie cuir, à motif matelassé, couleur tabac. Cuir traité marine, que l’on retrouve en gainage des mains courantes inox ? Il n’y a pas à dire, ainsi paré, le Granturismo 10.5 est à classer parmi les semi-rigides très haut de gamme.

En mer

En navigation, les qualités dynamiques sont au diapason de l’esthétique du GranTurismo. Il y a déjà les performances, encore une fois de très haut niveau avec une pointe de vitesse qui casse la barrière des 50 nœuds : 55,4 exactement ! Le régime maxi est vite atteint, grâce au punch des V8 japonais qui font déjauger le GT 10.5 (plus de 5 tonnes en ordre de marche) en moins de 5 secondes et dont la poussée reste encore sensible au-dessus de 4 000 tr/min. Côté énergétique, la paire de Yamaha qui cumule 750 chevaux s’avère particulièrement sobre au régime de son meilleur rendement (0,44 mille/litre) avec seulement 47,5 litres/heure. Ce qui lui vaut de parcourir 223 milles sans ravitailler. Et en régime de croisière rapide, à 4 500 tr/min, le GT 10.5 dispose encore d’une autonomie de 137 milles, à 41 nœuds s’il vous plaît ! Avec en prime la noble tessiture des V8 qui n’hésite pas à s’exprimer à partir de ce régime. Sans doute ne serait pas inutile de prévoir un réservoir un peu plus généreux pour assurer une bonne marge de sécurité en termes d’autonomie lorsqu’on veut solliciter la cavalerie sur de longues distances… Toutefois, selon nous, le rythme naturel de cet ensemble de haute volée s’établit à 3 000 tr/min, avec une vitesse de 27 nœuds et 210 nautiques d’autonomie. A la barre, on retrouve les grandes qualités nautiques de l’Adrenalina 10.5 (Adrenalina étant la gamme sport de Lomac), mais en un peu moins réactif, avec un peu plus d’inertie notamment dans les accélérations, et une moindre sensibilité au réglage de trim, due à son poids supérieur. En virage, même s’il est très sain et efficace (malgré un peu de ventilation quand on braque très serré), le GT 10.5 est aussi un peu moins vif. Cela dit, sa nouvelle carène, homologuée pour les Yamaha XTO 375 procure un réel confort dans la vague, et pourrait sans doute supporter les XTO 425, même s’il n’y a pas de raison objective de monter une telle puissance.