Essai Marshall M6 Touring

Polyvalence sportive

D’apparence soigné, mais sans fioritures, cet élégant baroudeur de près de huit mètres se met en évidence tant sur le plan de l’accueil à bord, avec un cockpit très spacieux, que sur celui des qualités nautiques. Plaisant à piloter, il détient les atouts pour faire l’unanimité.

Texte et photos Philippe Leblond


 à partir de 66 715 € avec Suzuki 250 ch 4T
 7.8 m
 22
 46,1 nds avec 300 ch 4T

Essai paru le 15/02/2021

Fiche technique

Longueur 7,8 m
Largeur 3,1 m
Diam. maxi des flotteurs 65 cm
Nbre de compartiments 6
Puissance maxi 350 ch (258 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 250 à 325 ch
Poids sans moteur 880 kg
Rapport poids/puissance 4 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 22
Couchage 0
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 190 l
Catégorie CE C
Constructeur Ribitaly (Italie)
Importateur Ribitaly (Italie)
Droits annuels sur la coque 92 €
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 532 €



Avant de monter à bord de ce nouveau Marshall, une précision : notre bateau d’essai est dans la configuration « Voile de Saint-Tropez », Marshall et Suzuki étant les partenaires de cette prestigieuse régate, en septembre dernier. Or, pour l’heure, le M6 Touring, équipé du Suzuki DF300B, ne figure pas au tarif du chantier italien… Il est proposé, en monomoteur avec le Suzuki DF250 ou avec le DF350 (77 348 €). Voyons ce que propose ce modèle qui est le second par la longueur dans la jeune gamme Marshall, derrière le M8 fort de ses 9,30 m…



 



Au ponton



Amarré à un ponton du petit port de Bouzigues, sur l’Etang de Thau, le M6 surprend par l’ampleur de son cockpit. Il est vrai que le « bébé » possède une carrure de 3,10 mètres, ce qui est large pour un semi-rigide de sa longueur. La ligne, bien équilibrée avec cette étrave volontaire qui arbore, un peu à la manière d’une figure de proue, son guideau électrique, présenté sur un robuste support inox. La facture est sobre, mais la robe grise est judicieusement rehaussée de touches rouge vif (logos, lisérés, saisines). Sobre, mais élégante, avec des matériaux qualitatifs (Néoprène/Hypalon, inox poli miroir à profusion, gel-coat brillant, selleries à surpiqûres rouges…) et une finition à la hauteur.



 



Revenons-en au cockpit qui laisse une liberté de circulation à bord peu commune avec, notamment, des passavants d’un demi-mètre de part et d’autre du poste de pilotage, monoplace il est vrai. Et la place libre en avant (230 x 160 cm) et en arrière (156 x 66) de celui-ci est elle aussi généreuse, grâce à l’absence de solariums. Cette impasse sur les surfaces à bronzer sert la polyvalence et la fonctionnalité du M6, conçu pour une utilisation sportive (ski, pêche, plongée…). Sa large banquette arrière, le leaning-post et le siège de console portent néanmoins à six le nombre de vraies places assises, ce qui laisse envisager des sorties en famille dans un confort pas trop spartiate… En cas d’équipage plus nombreux, il sera toujours possible d’asseoir des passagers sur les boudins. Ils pourront se tenir aux saisines (pas très pratiques les modèles à sangles…) et à la main courante de console. Le creux de cockpit important (remontée du plancher plus flotteurs de gros diamètre) apportera une certaine sécurité pour embarquer de jeunes enfants. Au rayon du confort, n’oublions pas de mentionner la zone de baignade, avec une plateforme de grande surface et une douchette bien placée avec son bouchon de remplissage juste à côté. L’échelle aussi, mais elle n’est pas coffrée, ce qui est moins élégant. L’accès à cette plage de bain est facilité par les dossiers amovibles de la banquette (il faut aussi les ôter pour ouvrir la soute). Les taquets, bien dimensionnés et d’un design original, sont à portée de main.



 



Si la capacité d’accueil du M6 est remarquable, la capacité de rangement n’est pas n’est pas en rapport. La soute sous la banquette arrière est d’un accès pas simple et son volume est en partie « mangé » par le réservoir d’eau et la batterie. Il reste le leaning-post et la console, deux éléments qui ne sont pas spécialement volumineux puisque destinés au seul pilote (pas de place pour un copilote). Un bon point tout de même pour le vide-poches « filet » au dos du siège de pilotage… Pour ce qui est du pilotage, justement, la position de conduite mérite une bonne note, que ce soit la forme de l’assise fixe, sa distance par rapport aux commandes (volant vertical, boîtier pupitre), elles-mêmes à bonne distance et à bonne hauteur. Le léger retrait de la façade postérieure de la console donne une aisance appréciable pour fléchir les jambes dans les conditions de mer difficile. Un mot du tableau de bord pour dire qu’il est un peu exiguë. Une fois le nouvel afficheur Suzuki à grand écran en place, il n’en reste pas beaucoup pour intégrer un éventuel combo GPS-traceur-sondeur. Et le bord supérieur du tableau de bord, tout en courbe, ne permet pas la pose d’un appareil sur étrier. Il manque aussi une fargue sur la surface qui se trouve derrière le volant, utile pour poser ses petites affaires sans qu’elles tombent au premier virage… On trouve néanmoins une trappe sous le volant qui donne dans le rangement de la console dont l’ouverture principale se trouve sur l’avant, en soulevant le siège. Lors des sorties par temps frais, le haut pare-brise sera apprécié du pilote.    



 



En mer



Armé du nouveau DF300 BT de Suzuki, qui adopte le bloc moteur de 4,4 litres des DF325 et DF 350 et la propulsion par double hélice contre rotative. Ce mode de propulsion fait, dès la première accélération, apprécier sa neutralité en termes d’effet de couple. Départ arrêté, le M6 détale comme un lévrier, sans s’incliner sur bâbord (ce qui est souvent le cas avec un puissant monomoteur à simple hélice) et signant de beaux chronos : 3’’1 reprise d’assiette comprise, 4’’2 pour effacer les 20 nœuds ! Ça pousse fort, et la vitesse maxi est rapidement atteinte, non sans jouer du trim, ce qui permet d’accrocher 46 nœuds en faisant « vivre » la carène. Tel quel, le M6 est très sympa à piloter. Avec trois personnes à bord et trois-quarts de plein de carburant, les 300 chevaux du V6 japonais ont de quoi s’exprimer, bénéficiant d’un bon rapport poids/puissance (4 kilos par cheval). Cet ensemble bien vivant mais ne posant pas de problème de pilotage devrait aussi pouvoir rester performant avec la motorisation de base proposée : 250 ch. Hormis l’obligation de faire des sorties avec un bateau très chargé, nous ne voyons pas vraiment l’intérêt de monter la puissance maxi autorisée : 350 ch. D’autant qu’avec seulement 190 litres de carburant  - le réservoir gagnerait à être plus généreux - les stops dans les stations-services risquent d’être assez rapprochés ! En effet, au meilleur rendement avec le DF300, soit à 3 500 tr/min et 24,6 nœuds, l’autonomie plafonne à 145 milles. Avec le DF350, elle risque de chuter d’environ 15%, pour s’abaisser à environ 130 nautiques.



 



Rapide, attrayant à piloter, le M6 fait également apprécier son efficacité en termes de tenue de cap et de confort, en survolant un clapot cassant de 50 à 70 cm formé par le vent de force 6 balayant l’Etang de Thau. A l’aise à toutes les allures, le Marshall se plie à toutes sortes de figures du pilotage sans broncher, y compris dans les virages attaqués. La gîte intérieure, très marquée, lui procure une accroche vigoureuse, que ce soit dans les grandes courbes ou les virages serrés. Et les relances s’effectuent en pleine motricité avec la double hélice du Suzuki. D’ailleurs, il convient de gérer les gaz avec modération au débraquage car les 300 chevaux sont bien là. Autre bon point, sa carène défléchit efficacement, nous permettant de regagner le port, les vestes de quart à peu près sèches. Un exploit vu les conditions !   



photo Marshall M6 Touring


photo Marshall M6 Touring


photo Marshall M6 Touring


photo Marshall M6 Touring


photo Marshall M6 Touring


photo Marshall M6 Touring


photo Marshall M6 Touring


photo Marshall M6 Touring


photo Marshall M6 Touring





Qualité de réalisation      

Comportement        

Performances        

Equipement      

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix        

Le pilotage attrayant
Les performances convaincantes
La surface du cockpit
La polyvalence
La réalisation soignée
Le tableau de bord un peu étroit
La capacité de rangement très limitée
Les coussins du siège de console trop fermes
Qu’il faille démonter les dossiers pour accéder à la soute
Les saisines en frome de brides

Face a la concurrence…

Modéle 760 Open 760 Pro Work Manta 795
Marque Sea Rib’s (Portugal) Selva (Italie) Pro Marine (France)
Imporlation Mécanique Marine du Golfe (56 – Vannes) Sébastien Chevalier (83 – Les Issambres) Sébastien Chevalier (83 – Les Issambres) Réseau de concessionnaires
Longueur 7,50 x 2,95 m 7,60 x 2,86 m 7,85 x 3,08 m
Nb de personnes 22 19 17
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 77 000 € avec Suzuki 200 ch 73 690 € avec Selva 225 ch 42 900 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 46,1 nds à 6 100 tr/min
Vitesse de croisière rapide 32,9 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 24,6 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 3,1 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 4,2 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 13,0 nds à 2 000 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 29,1 l/h à 3 500 tr/min
Autonomie en usage courant (estimation) 145 milles à 24,6 nds
Hélice de l'essai 15’’1/2 x 21’’ inox double hélice contre rotative à 3 pales