Cet imposant semi-rigide est le plus grand de la série Comfort et par la même occasion le plus grand des Mar.Sea. Les bateaux de cette famille, c’est écrit dessus, visent une clientèle familiale désireuse de prendre ses aises au mouillage, afin de profiter de la baignade, de s’adonner au bain de soleil ou de partager un pique-nique sur une vraie table. De ce point de vue, le grand Mar.Sea fait bien les choses, comme nous allons le voir en montant à son bord pour une revue de détail. Ensuite nous en prendrons les commandes pour juger de ses prestations en navigation.

Au ponton

Bien campé sur l’eau, le Comfort 180 possède une belle carrure, mais sa largeur intérieure est un peu atténuée par l’important diamètre de ses flotteurs (65 cm). Cela explique que la partie tribord de la banquette en G du carré n’est pas assez large pour offrir une véritable assise. Elle intègre simplement un petit rangement en complément de la grande soute. Mais, en compensation, le siège situé au dos du leanind-post peut accueillir deux personnes pour porter la capacité du carré à 6 ou 7 places autour de la table en teck amovible qui sert d’extension pour composer un solarium de belle dimension. Par ailleurs, la base de cette banquette en sens inverse de la marche est occupée par un petit réfrigérateur à tiroir.

Le point particulièrement positif concernant ce plan de pont est la facilité offerte pour les déplacements à bord, avec un passage latéral dans le dossier de la banquette arrière, vers les deux petites plates-formes de bain (la douchette est à portée de main à tribord), le très large passavant occasionné par le déport à tribord du poste de pilotage et l’espace disponible en avant du siège moulé sur l’avant de la console. Cette liberté de mouvement sera appréciée, particulièrement lors des manœuvres d’amarrage, pour passer rapidement de la poupe à la proue, ou inversement. Notez au passage le format généreux des taquets et leur positionnement élevé qui permet d’éviter ou d’atténuer le ragage sur l’Hypalon des tubes. Toutefois, on peut éprouver d’une certaine déception en constatant que nombre d’équipements, tels que la douchette ou le guindeau, figurent parmi les options. Hormis la table de la dînette offerte en standard, le reste devra s’acquérir moyennant des suppléments, à l’image du tissu Orca Carbon des flotteurs de notre bateau d’essai.

Circulation à bord aisée, volume de rangement suffisant (bravo pour le volumineux coffre avant enduit de gel-coat brillant !), nombre de vraies places assises satisfaisant, jetons maintenant un œil au poste de pilotage… Première constatation, le siège de pilotage est un peu juste pour deux. Dommage, car au regard de la largeur du passavant, il aurait été possible d’opter pour une console et un leaning-post un peu plus larges. Profitons-en pour signaler la sellerie un peu trop ferme, mise à part celle du siège devant la console, plus moelleuse. Par contre, un bon point pour la demi-assise relevable, permettant de piloter debout, confortablement appuyé sur cet élément mobile. Précisons néanmoins que la place est comptée entre le volant et le pilote. Assis, la position de conduite est très satisfaisante avec l’apport du cale-pieds moulé à la base de la console. Le joli volant « carbon look » et le nouveau boîtier de commande électronique Honda tombent bien sous la main et si la planche de bord destinée à l’intégration des instruments n’est pas des plus spacieuses, elle permet de faire cohabiter aisément l’afficheur Honda et un combiné Lowrance Elite 9ti (écran de 9 pouces). Un oubli cependant : l’indispensable vide-poches ou boîte à gants.

En mer

L’importateur Mar.Sea, Toni Marine est concessionnaire Honda, ce qui explique la présence du BF250, dernière version, sur le bateau qu’il nous a proposé à l’essai. Sur une mer parcourue par une houle longue, profonde d’environ un mètre, et un souffle d’air guère perceptible, les conditions étaient belles pour exploiter à fond cet ensemble de belle tenue. Homogène, agréable à pilote, très sécurisant pour des pilotes peu expérimentés le Comfort 180, ainsi nanti de la puissance maximale autorisée, s’avère très prévenant, d’une grande progressivité dans ses réactions, au point que les amateurs de sensations fortes le trouveront un peu trop stable, pas assez réactif aux réglages du trim. Pourtant, malgré cette sensation relative de lourdeur, avec 1 250 kg sans moteur, le Comfort 180 s’inscrit dans la moyenne de poids des semi-rigides de sa catégorie. Force est de reconnaître qu’il faut bien insister sur le trim positif pour commencer à sentir vivre ce bateau qui « colle » un peu à l’eau. Sa tenue de cap, même avec la houle par le travers, est imperturbable. Bien équilibré, il franchit la vague en souplesse que ce soit aux allures de croisière (entre 3 500 et 5 000 tr/min) ou à plein régime. Il s’avère très plaisant en croisière avec le son plutôt feutrée du V6 japonais, qui ne donne de la voix qu’au-dessus de 5 000 tr/min, avec le déclanchement du système V-tech (admission variable). En courbe, il affiche aussi une belle stabilité enroulant les virages de plus en plus serrés avec assurance et précision. Par contre dans les virages très serrés à gauche, sa carène a tendance à glisser, à sous-virer, mais sans que cela présente un quelconque danger.  

Nanti de ce V6 de 3 583 cm2, le Mar.Sea génère des rendements que nous qualifierons de corrects, sans plus. L’allure la plus économique s’obtient à 3 500 tr/min, soit à 20,2 nœuds, avec 0,82 mille parcouru par litre consommé, pour une autonomie de 203 milles. Cette dernière est vraiment appréciable pour un semi-rigide de cette catégorie, grâce à une capacité en essence généreuse. De quoi espacer les passages à la pompe… Certes, le Honda BF250 fait le travail et assure au Comfort 180 des performances honorables, mais nous pensons que le chantier devrait proposer une homologation à 300 chevaux car, si à la différence de notre essai (seulement trois personnes à bord et 60% de carburant) vous naviguez bien chargés (6 ou 7 personnes plus leurs affaires, et le plein de carburant), le bateau perdra de son agrément de pilotage et les rendements moteur fléchiront quelque peu. De ce que nous avons pu constater, le grand Mar.Sea devrait être tout à fait capable de recevoir 50 chevaux de plus, sans compromettre la sécurité.