Essai Nuova Jolly Prince 28 WA

Prince des vagues

Sur le châssis éprouvé du King 820 Extrême, le Prince 28 décline une version confort avec un cockpit entièrement repensé et une haute console abritant un WC. Le pont en teck souligne la classe de cette unité qui révèle un sacré tempérament dans la mer formée

Texte et photos Jacques Anglès


 76 997 € sans moteur (tarif 2016)
 8.8 m
 20
 41,3 nds avec 2 x Suzuki 150 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 67 septembre/octobre 2008




Outre sa taille qui ne passe pas inaperçue, ce grand NuovaJolly en impose par un look à forte personnalité. Les boudins de gros diamètre et l'étrave élancée dégagent une sensation de puissance que renforcent le profil aérodynamique de la console et le design agressif de l'arceau arrière. Si l'hypertrophie en hauteur de ce dernier est discutable au plan esthétique, force est de reconnaître que l'on y gagne en confort d'accès aux plates-formes de poupe. L'allure "sport" du Prince 28 est également accentuée par la position très reculée des moteurs, à la manière des offshore, une caractéristique due à la carène High Power qui se prolonge jusqu'à l'extrémité arrière des boudins. Cette longueur inhabituelle de carène –presque équivalente à un 9 m– joue en faveur de la stabilité longitudinale, comme nous le constaterons en mer. Elle profite également à la longueur du cockpit, du type "3 zones" : avant dédié au farniente, avec grand solarium et accès à l'abri de console, poste de pilotage central, banquette passagers et carré à l'arrière. Par rapport au King 820, l'imposante console réduit l'espace au sol du cockpit avant, mais c'est plutôt un avantage car la table (formée par l'allonge du bain de soleil) est mieux placée. De plus, le cockpit arrière, avec sa banquette en U, ménage un second coin repas, plus spacieux qu'à l'avant, avec table amovible incluse dans l'équipement standard. Cela facilite l'organisation des repas en équipage nombreux (par exemple, on peut installer les enfants devant et les "grands" derrière). Dommage que le constructeur n'ait pas songé à placer une petite banquette rabattable au dos du leaning-post pour utiliser les quatre côtés de la table arrière. Toute la partie "dure" est de bonne facture : le gel-coat brillant ne révèle aucune trace de démoulage, et les détails importants sont bien traités, à l'exemple du drainage du cockpit, assuré par des gouttières latérales profondes et deux grosses évacuations arrière. Citons également la commodité d'accès aux coffres avant (pas besoin d'enlever les coussins), les capots équipés de vérins ou les anneaux de levage disposés en creux de chaque côté des coffres avant. Petite précision sur le pont en teck, donnant l'illusion du bois massif. En fait, il s'agit de contre-plaqué marine à parement teck dont les joints sont sculptés. Côté flotteur, l'esthétique et la réalisation sont soignées : pour la première, le boudin s'affine vers l'avant, avec une coupe "en long" à l'italienne, pour la seconde, c'est du tissu néoprène-hypalon de fort grammage monté et collé à la main, avec un large liston de protection et des valves de gonflage en inox estampillées NuovaJolly. On regrette toutefois le manque de mains courantes et de points d'amarrage dans toute la partie centrale, un défaut récurrent sur tous les grands modèles de la marque italienne. Voyons maintenant ce que la bête a dans le ventre, avec deux Suzuki DF 150 au tableau arrière, une puissance relativement modérée par rapport au maximum autorisé (2 x 225 ch). Commençons par délivrer une bonne note globale au poste de pilotage : hauteur et inclinaison du volant bien ajustées, manettes de gaz bien placées sur un pupitre spécifique, tableau de bord très lisible et bonne visibilité (mieux que sur le King 820). Le seul bémol, c'est la surélévation du plancher de pilotage par rapport aux passavants (environ 13 cm): attention à la marche en pilotage sportif ! En revanche le confort du leaning-post (bi-place) est remarquable, avec des rebords assurant un bon maintien latéral. En évolutions portuaires, le Prince 28 est docile et se place dans un trou de souris sans difficulté. Dehors, un bon vent d'ouest nous cueille sur une mer moutonnante qui se creuse rapidement dès que l'on s'éloigne de la côte. Conditions dures dans lesquelles le Prince 28 se montre... princier, avec en premier atout un équilibre longitudinal remarquable. Cela confirme la bonne impression que m'avait laissée cette carène sur le King 820. Après quelques tests de prise en main, j'enfonce donc la manette, pouce sur le trim, pour un sacré festival à 4000-5000 tours dans des vagues de 1,50 m à 2 m, sans compromis sur la sécurité, avec quelques décollages et reprises de contact bien en ligne. Points forts : la stabilité (tant longitudinale que latérale), la vélocité, l'amortissement dans les vagues (beau travail de l'étrave), et l'accroche en virages où la ventilation ne se produit qu'en poussant le bateau dans ses retranchements. Points faibles, la direction ferme en sortie de virage serré (une figure dont on peut se passer) et une tendance à mouiller par vent fort de travers à vitesse moyenne. La vitesse de pointe avec les 150 Suzuki est digne d'éloges (41,8 nœuds), le constructeur annonçant 48,6 nœuds avec 2 x 225 ch, une performance de haut niveau tout à fait crédible. Je préfère toutefois évoquer la "bonne" vitesse de croisière, celle qui traite les passagers avec les égards que tout pilote leur doit. Elle se situe, selon l'état de la mer, entre 18 et 25 nœuds pour 3600 à 4600 tours. Le confort est alors optimal, avec une mécanique au niveau sonore contenue et une autonomie maximale..



photo Nuova Jolly Prince 28 WA


photo Nuova Jolly Prince 28 WA


photo Nuova Jolly Prince 28 WA





CONCLUSION
Sur une carène éprouvée qui confirme ici avec brio ses qualités marines, le Prince 24 signe des performances dignes d'éloges sans exiger trop de puissance, avec un confort bien pensé pour les sorties en équipage nombreux ou les raids-croisières en famille (pour peu qu'on l'équipe de la cuisine optionnelle). Les grands bains de soleil indiquent le penchant méditerranéen de ce semi-rigide de luxe qui, sans être à la portée de toutes les bourses, est concurrentiel dans sa catégorie.




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