Essai Nuova Jolly Prince 24 (23) Cabin

Une denrée rare !

Elégance et cohérence caractérisent l'ambitieuse série des Prince, dont nous vous présentons ici 5 des 12 modèles. 
Du 21 au 28-pieds, nos essais ont été, à quelques nuances près, suffisamment convaincants pour comprendre la bonne réputation dont jouit le chantier milanais. Et des représentants de cette gamme prestigieuse qui est en train de damer le pion à son initiatrice, celle des King. Alors, les princes, plus forts que les rois ? Crime de lèse-majesté en vue !

Texte Philippe Leblond – Photos Jérôme Kelagopian pour French Boat Market, Philippe Leblond.


 65 926 € sans moteur (tarif 2016)
 6.85 m
 14
 40,1 nds avec Suzuki 250 ch 4T
Banniere_axa

3_bannie_re-he_lice-540x145
Orca-logo_rvb

Paru dans le Pneumag n° 101 Mai/Juin 2014



Avec l'arrivée des dernières nouveautés, les Prince 23 SC et 35 SC, la série haut de gamme du constructeur milanais compte désormais 12 modèles, du "petit" 21 (6,20 m) jusqu'au monumental 43 Luxury Cabin (12,90 m). Si vous y ajoutez les séries King (six modèles) et King RS (six modèles), sans oublier les lignes d'entrée de gamme Freedom (trois modèles) et Winner (trois modèles), vous êtes en présence de l'une des productions de semi-rigides, à programme familial, les plus larges du marché. En effet, Nuova Jolly a fait de ce segment son "cœur de cible". Vous ne trouverez pas de versions utilitaires, pour plongeurs ou pêcheurs, parmi ces gammes.
D'un programme à la journée, il est également possible de l'étendre à la croisière, grâce à certains modèles dotés d'une cabine. C'est le cas avec les Prince 27, 28, 34, 35 et 43 pieds qui disposent tous d'une vraie cabine offrant deux couchages, voire quatre pour le 35 SC et le 43, ainsi que de sanitaires permettant de prolonger son séjour à bord, à distance des marinas. Mais, la nouveauté marquante, c'est le lancement d'un day-cruiser de moins de sept mètres, le Prince 23 Sport Cabin, qui vient concurrencer le seul semi-rigide de ce type présent sur notre marché : le Zodiac N-Zo 700. Dérivé du Prince 28 SC, il est intéressant à plus d'un titre, comme nous allons le voir plus loin…
Nuova Jolly a su s'inscrire parmi les marques de standing supérieur, au sein d'une concurrence italienne particulièrement relevée. La construction, particulièrement sérieuse (polyester armé de fibres de verre multiaxiale posées manuellement, tubes assemblés avec du tissu Orca 1 670 décitex, selleries et inox de qualité), associée à un dessin élégant (très marqué "edge design"), a rapidement fait la réputation de cette marque qui a connu un fort développement depuis une quinzaine d'années. Nous avons pu tester une partie de la gamme Prince dans le fief de son importateur, au départ du port de La Rague (baie de Mandelieu). Voici, dans ce numéro, les Prince 21, 23, 23 SC, 25 L et 28 WA. Nous publierons ultérieurement un "match" entre le 35 SC et le tout nouveau 35 CC, dévoilé au dernier Salon de Paris.
Conclusion :
Au cours de cet essai de groupe, ces cinq Prince, bien que de dimensions et puissances différentes, ont tous démontré un comportement nautique satisfaisant. Présentés par Teo Aiello, comme moins rapides mais plus marins que les modèles de la série King, les Prince sont, il est vrai, dotés d'une carène au V plus prononcé (de 25 à 55° contre 20 à 45° pour les King). "Cela explique que les King sont plus performants à puissance égale, ou permettent d'opter pour une puissance inférieure tout en assurant des vitesses équivalentes. Mais, les Prince ont un tempérament plus marin" compare Teo Aiello. Difficile pour nous de valider ce discours, n'ayant pu faire la comparaison directe avec les King. Mais, quoi qu'il en soit, les Prince assurent à la fois un bon passage dans la houle et des vitesses tout à fait dans le coup. Leur qualité de présentation et la maîtrise de leur plan de pont sont aussi des arguments qui font mouche. En regard de quoi, les petits inconvénients relevés lors de ces essais restent acceptables.



photo Nuova Jolly Prince 24 (23) Cabin


photo Nuova Jolly Prince 24 (23) Cabin


Au ponton :
Le Zodiac N-Zo 700 Cabin n'est plus seul ! Le 23 Sport Cabin est une nouveauté importante pour le chantier Nuova Jolly qui n'a jamais laissé de côté le concept du semi-rigide à cabine, comme il l'avait montré dès le début des années 2000 avec le lancement du King 750 Cabin (plus au catalogue), puis avec la sortie d'autres modèles plus grands. Cette fois-ci, il s'agit de son plus petit cabinier qui, avec 6,85 m, échappe à la fiscalité française. Comme un certain N-Zo (6,99 m), jusque-là unique semi-rigide de croisière haut de gamme sous la barre fatidique des sept mètres. Plus court et moins large que son concurrent français, il offre tout de même une cabine relativement spacieuse, abritant une couchette double dont l'encoche permet, en installant une petite table pliante (non proposée), de prendre son petit-déjeuner à l'abri. Le WC marin et son réservoir d'eaux usées font partie de l'équipement standard, ce qui n'est pas le cas de l'évier et de la plaque de cuisson (1 416 €) ou du réfrigérateur, trouvant place dans le leaning-post. A la différence du Zodiac, le WC du Nuova Jolly n'est pas indépendant de la cabine. "Nous avons préféré ne pas cloisonner, en optant pour des rideaux afin de laisser une impression de volume supérieure dans la cabine", justifie Teo Aiello, directeur marketing de Nuova Jolly. Cela dit, le chantier aurait pu le coffrer, une solution élégante plébiscitée par les constructeurs italiens de day-cruisers ou cabin-cruisers… La ventilation de la cabine est assurée par un grand capot de pont et la porte coulissante, en plexi fumé.
On retrouve, pour le cockpit, une organisation similaire à celle de la poupe du Prince 23 "open", mais avec un carré en U encore plus spacieux (6 à 8 places), convertible en un vaste solarium. Le passage vers la plage de bain, opéré dans le dossier de la banquette, facilite l'accès aux belles plates-formes en teck. On s'y sent d'autant plus à l'aise que le 23 Cabin n'est proposé qu'en monomoteur. Par contre, se rendre sur le pont avant, via d'étroits passavants et sans balcon, est plus délicat. Compte tenu de la présence du guindeau électrique (livré de série), la principale raison de vouloir accéder au pont avant est de profiter du second bain de soleil. Ce dernier, bien que flanqué de mains courantes, ne peut être utilisé en navigation.




En navigation :
Equipé du même moteur que son ancêtre, le King 750 Cabin (voir essai dans Pneu Mag n°40), le Prince 23 SC, bien que plus court, se montre deux nœuds moins rapide en vitesse maxi. A cela deux raisons : d'une part le régime maxi non atteint lors de notre essai, le moteur se mettant en sécurité (il manquait au moins 500 tr/min), de l'autre, un poids plus élevé de 300 kg. Dès lors, les 40,1 nœuds obtenus à Mandelieu prennent un certain relief. Avec un moteur libre de prendre tous ses tours, les 43 voire 44 nœuds nous semblent à sa portée. Voilà qui, associé à de vives accélérations (trois secondes tout juste pour déjauger et moins de six pour dépasser les 20 nœuds), situe ce lourd semi-rigide habitable à un niveau de performances satisfaisant. Du côté des rendements, il y a mieux, mais il reste encore relativement économique, avec 0,79 mille parcouru par litre consommé à 20,5 nœuds. Toutefois, le 0,67 mille/litre relevé à 4 000 tr/min est presque préférable, si l'on considère la vitesse à laquelle il est obtenu : 30,7 nœuds !

Cependant, après avoir accompli toutes les "figures" imposées par notre protocole d'essai, il en ressort que l'on opterait bien pour la puissance maxi autorisée : 300 ch. Surtout dans l'optique d'une navigation avec un équipage nombreux. Cela donnerait un supplément de vie à cet imposant 23 pieds qui, pour autant, s'avère très sympa et sécurisant à piloter. Son assiette bien équilibrée et son étrave profonde lui permettent de franchir la houle de 80 à 100 cm en souplesse et, même à vive allure, les quelques petits sauts effectués se sont toujours réceptionnés en souplesse. Facile, maniable, précis, le Prince 23 SC montre une aisance remarquable en virage, avec un grip progressif qui ne brusque pas les passagers. Le poids est indiscutablement un allié pour ce type de bateau, appelé à faire de longues traversées en mer ouverte.




Conso_p23c Concurence
je suis la