Essai Scorpion Silurian 1080

Lévrier des mers

Ce nouveau modèle du chantier anglais allie vélocité et élégance. Et sans se départir de la fonctionnalité qui caractérise ces semi-rigides, Scorpion a réussi l’intégration d’éléments de confort et de relaxation qui font du Silurian un bateau à la polyvalence remarquable.

Texte Philippe Leblond - Photos Philippe Leblond et DR


 161 000 € sans moteur
 10.49 m
 0
 54,3 nds avec 2 x Yamaha 300 ch 4T
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Essai paru le 28/06/2018

Fiche technique

Longueur 10,49 m
Largeur 3,25 m
Diam. maxi des flotteurs 0 cm
Nbre de compartiments 0
Puissance maxi 2 x 400 ch (589 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 2 x 250 – 2 x 350 ch
Poids sans moteur 3000 kg
Rapport poids/puissance 5,9 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 0
Couchage 0
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 800 l
Catégorie CE B
Constructeur Scorpion Ribs (Grande-Bretagne)
Importateur Direct chantier
Droits annuels sur la coque 240
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 1520



Exposé à l’occasion du très select Monaco Yacht Show, dans le secteur des tenders (annexes) pour superyachts, la ligne racée et la qualité perçue du Silurian 1080 ne déparaient pas dans cet univers très exclusif. Comment d’ailleurs considérer ce superbe pneumatique sous l’angle d’une simple annexe, donc d’un bateau de servitude. Ce serait par trop réducteur… Pour notre part, nous l’avons essayé en tant de que bateau à part entière. Et ne l’avons pas regretté, comme vous allez pouvoir le constater.  



Au ponton



Flotteurs impeccablement assemblés, avec du tissu Orca, produit de référence s’il en est, gel-coat net sans bavures, sellerie proprement coupée, accastillage de qualité professionnelle… Il n’y a pas à dire, le dernier des Scorpion a fière allure. Il est vrai qu’avec lui, comme son tarif l’atteste, on entre de plain-pied dans le haut de gamme. La circulation à bord est fluide grâce à un plan de pont bien maîtrisé. Malgré les éléments de confort à l’image du grand carré en U de la poupe, pouvant recevoir jusqu’à huit convives (en se serrant un peu) autour de sa table en teck à abattants pliants, ou de la banquette en V qui se loge dans la proue (elle aussi se convertit en carré), la liberté de mouvements sur le pont est appréciable, même s’il faut enjamber le dossier de la banquette arrière pour accéder à la plate-forme de bain. Dans ce cas, le mât de ski offre une bonne prise pour se déplacer dans cette zone, que ce soit pour la baignade, le ski ou le wake ou simplement amarrer à l’aide des élégants taquets rétractables en inox anodisé. La prise de quai n’a pas été oubliée…



Quant aux possibilités de rangements, elles ne sont pas en reste… L’immense soute arrière s’ouvre électriquement grâce à deux vérins commandés du tableau de bord. L’accès est des plus commodes pour opérer sur l’une des trois batteries (coupe-batterie sur le table de bord, très pratique !), ou les deux filtres à carburant, à moins que ce ne soit pour se servir dans les deux glacières Igloo de 54 litres chacune. Il y a aussi le grand volume de rangement dans la console (ouverture frontale, hauteur envion 1,80 m) avec emplacement spécifique pour la table de pique-nique en teck et un WC marin. Et à l’avant, des coffres longs sous les assises latérales peuvent « digérer » gaffe, skis ou cannes à pêche et encadrent une volumineuse cale au gel-coat brillant. Dans la pointe, enfin, le coffre à mouillage, qui dissimule le guindeau manœuvrant l’ancre traversante. Précisons que tous les coffres sont dotés de joints de caoutchouc et vérins.



Autre motif de satisfaction, les bolsters bien enveloppant, avec assises à inclinaison réglable électriquement, par simple pression sur un bouton. Par contre, lorsqu’on veut piloter vraiment assis, l’assise manque un peu de profondeur, et l’absence de repose-pieds est un handicap. Mais, la position debout ou semi-fléchie, les fesses et le dos bien calés, est idéale, tant au plan du confort que de la sécurité lorsqu’on veut attaquer en mer formée. Toujours au rang des bonnes choses, mentionnons le tableau de bord, bien dessiné et revêtu d’une plaque en fibres de carbone vernies du meilleur effet. Autre touche sportive, la jante du volant habillée d’Alcantara. Sur cette belle planche de bord, il y a la place voulue pour intégrer toutes sortes d’aides à la navigation (combiné GPS-traceur-sondeur grand écran, VHF, voire pilote automatique ou radar)… Bref, ce Silurian place la barre très haut. Seul bémol pour un bateau de cette classe, le Flexiteck (teck synthétique) qui habille le pont… Rassurez-vous, le teck véritable est tout de même proposé en option ! Notez aussi que le Silurian 1080 est proposé avec une propulsion in-board bimoteur.



 



En mer



Le tempérament des semi-rigides du chantier de Lymington se lit clairement à travers leurs lignes. De la vitesse avant tout ! Et de la vitesse en mer ouverte, quand bien même celle-ci n’est pas de bonne humeur. Pour remplir cette double mission, le Silurian dispose d’une carène dotée de deux redans et d’un V profond (24° au tableau arrière). Et bien sûr il en découle ces lignes tendues, sportives, nées de la culture anglaise façonnée par la course offshore. Ajoutez deux grosses cylindrées sur le tableau arrière (en l’occurrence un bracket qui déporte les centres de poussée jusqu’à l’extrémité des cônes de flotteurs), à savoir les plus gros 300 chevaux du marché, les V6 Yamaha de 4,3 litres. Notre essai s’est déroulé au large de Monaco, sur une houle résiduelle d’environ 60 cm, avec la moitié du plein de carburant et trois personnes à bord. Première constatation, le duo japonais pousse fort malgré le poids important du Scorpion (près de quatre tonnes en ordre de marche) : moins de quatre secondes pour déjauger et moins de cinq pour franchir les 20 nœuds. Un bon point également pour la portance de la carène, malgré son V très marqué, avec une vitesse de planning assez basse (14,5 nœuds) et à un régime modéré (2 300 tr/min), ce qui laisse une plage très large pour adapter son allure aux conditions de mer. Il convient également de mentionner les bons rendements obtenus aux allures de croisière « types », avec 0,45 mille par litre à 28,3 nœuds et 3 500 tr/min (mode économique), et 0,34 mille par litre à 40,5 nœuds et 4 500 tr/min. A ce rythme, le Silurian donne une impression de facilité exquise, franchissant en souplesse les ondulations (houle et sillages) qui croisent sa route. Son étonnante capacité en carburant (800 litres !) lui permet de parcourir plus de 300 milles, et à vitesse soutenue : 28 nœuds. Voilà qui permettrait d’effectuer un aller-retour continent/Corse non-stop (sans ravitailler) en 6 h 40 min ! Et à 3 500 tr/min, croyez-nous, le Scorpion a de la réserve ! S’il y a lieu de se presser, il peut pousser jusqu’à 54,3 nœuds avec cette motorisation, soit avec 200 chevaux de moins que ce que lui autorise l’homologation ! Et avec un portique encombrant, véritable frein aérodynamique, qui déjà le prive sans doute de 3 ou 4 nœuds… Son potentiel vitesse est donc largement supérieur à 60 nœuds.



Mais contentons-nous d’apprécier son aisance et sa vélocité, avec 600 chevaux, une puissance qui lui convient parfaitement. Il pourrait même rester performant avec 2 x 250 ch. Chaque accélération donne lieu à une poussée virile, et quelques allègements sur la houle, à pleine vitesse avec un réglage de trim positif, démontre son bel équilibre, tant longitudinal que latéral. Et en virage, quel régal ! Le Scorpion enroule les courbes avec une précision chirurgicale et une aisance assez rare, mettant sa gîte intérieure prononcée au service d’un grip puissant mais régulier, pas piégeux. Rendre les clés d’un tel bateau au terme de l’essai n’est pas chose facile !          



 



photo Scorpion Silurian 1080


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photo Scorpion Silurian 1080


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photo Scorpion Silurian 1080


photo Scorpion Silurian 1080


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Qualité de réalisation          

Comportement        

Performances        

Equipement        

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix      

Le pilotage addictif et les performances au diapason
La qualité de réalisation impeccable
L’organisation rationnelle du cockpit
Le carré arrière très accueillant
Les rangements spécifiques pour cannes à pêche
Le frein aéro que représente le portique
La position de conduite assis peu confortable
L’échelle de bain apparente

Face a la concurrence…

Modéle 999 G5 Seafarer 36 29 Sport
Marque Technohull (Grèce) Ribco (Grèce) Goldfish (Norvège)
Imporlation Réseau de revendeurs Monaco Ribs (Monaco) Parton Yachting (06 – Biot)
Longueur 10,30 x 2,80 m 9,95 x 3,18 m 9,42 x 2,85 m
Nb de personnes 8 10 8
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 144 000 € (sans moteur) 252 000 € avec 2 x 300 ch 179 200 € avec 350 ch (in-board)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 54,3 nds à 5 900 tr/min
Vitesse de croisière rapide 40,5 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 28,3 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 3,6 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 4,9 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 14,5 nds à 2 300 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 46 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 15 h 40 min
Hélice de l'essai 21’’ inox 3 pales