Essai Scanner Envy 950 Touring

Une classe à part

Chic, convivial et atypique, le dernier-né du chantier italien Scanner concentre de nombreux atouts, au rang desquels un confort de navigation validé, au cœur de l'été, dans le Golfe bouillonnant de Saint-Tropez. A savourer sans modération…

Texte et photos Philippe Leblond


 158 380 € avec 2 x Mercruiser 250 ch (essence)
 9.5 m
 20
 35,5 nds
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Essai paru le 04/03/2016



Le chantier piémontais ne fait rien comme les autres. Et cela ne date pas d'hier ! L'on a pu s'en apercevoir depuis l'apparition de ses premiers semi-rigides au Salon de Gênes au début des années 90. Avec des lignes venues d'ailleurs, les Scanner ont tout de suite imposé une esthétique différente, tantôt avant-gardiste, tantôt conservatrice, que nous laisserons chacun libre d'apprécier… De ce point de vue l'Envy 950, lancé l'année dernière, se classe dans l'entre-deux si l'on considère l'inimitable profil de "boxer" du One, l'extravagance des courbes du Dillenium 40 ou la silhouette plus consensuelle du Troy 40. Bref, l'Envy possède une élégance qui devrait faire l'unanimité, tout en conservant une touche personnelle, que l'on doit au cabinet de style D.Montemitro Design, à l'image du pont en polyester qui vient recouvrir la partie supérieure des flotteurs sur toute leur longueur, et concourt par ailleurs à l'excellente rigidité structurelle du bateau, mais aussi à son poids élevé.

Dès l'embarquement, à partir du ponton de la baie des Canoubiers où l'importateur possède un chantier avec "pignon sur plage", on remarque le niveau de finition au-dessus de la moyenne. La spacieuse plate-forme arrière, recouverte de teck massif et dissimulant l'échelle de bain inox, est percée de deux prises en inox pour s'aider à sortir de la baignade et d'une marche pour faciliter l'accès au pont. On note toutefois l'absence d'un passage au centre du solarium, obligeant à fouler le matelas (prière d'ôter ses chaussures avant d'embarquer !)…

*Une cabine qui aurait pu être mieux exploitée…*

La poupe aux formes rebondies est accastillée d'un anneau de ski, de deux taquets rétractables, de deux mains courantes, sans oublier la douchette bien sûr ! Le cabriolet, dont la toile grise est assortie à l'élégante sellerie des sièges et des bains de soleil, vient se loger sous l'appui-tête qui rend ce solarium si confortable. Quatre personnes peuvent s'y allonger. De la banquette arrière au solarium avant et autour de la console-cabine, la circulation se fait aisément sur le teck à joints gris clair, accentuant le caractère cossu du Scanner qui fait admirer son gel-coat impeccable et d'un blanc crème contrastant subtilement avec le blanc pur des tubes en tissu Orca (Hypalon). La longue banquette en U peut accueillir jusqu'à dix passagers. Par contre, on ne trouve pas de table pour former un coin repas à l'arrière. C'est pourtant là que se tient le bloc-cuisine adossé au leaning-post. Une planche à découper, un petit évier et un frigo (tiroir) apportent le confort à l'escale, où le coin-repas (pour quatre) sera dressé côté proue, en utilisant pour table la rallonge du second solarium.

Le poste de pilotage mérite la mention bien, avec un tableau de bord spacieux en dépit de la présence de la porte de cabine. Les instruments de contrôle du Mercruiser encadrent un GPS-traceur Raymarine grand écran, tandis que les commutateurs électriques sont rassemblés près de la main gauche du pilote, le boîtier DTS (commandes électroniques) tombant sous sa main droite. La stéréo est aussi de la partie, flanquée d'un filet vide-poches pas bien généreux, mais qui a le mérite d'exister. Derrière le pare-brise, qui assure une bonne protection, le pilote bénéficie d'une bonne position pour barrer debout, grâce à la demie assise relevable. Il est aussi possible de piloter assis, malgré l'absence d'un repose pieds… Par ailleurs, il manque une poignée pour le copilote qui ne saura pas trop comment se tenir en mer formée, la main courante latérale de console étant hors de portée.

Le plan de pont de l'Envy 950 est vraiment agréable et abouti. Par contre, il nous semble que la petite cabine aurait pu être mieux exploitée, compte tenu de la hauteur disponible (1,85 m). Par exemple, en proposant, un cabinet de toilette complet avec, en plus du WC marin électrique, une douche et un lavabo. Quitte à ce que ce soit optionnel… Le traitement n'en demeure pas moins élégant, avec un gel-coat brillant et un mobilier en bois cérusé comportant plusieurs placards, un caillebotis teck au sol, un éclairage allogène et une petite banquette, un peu exiguë pour servir de couchette. La ventilation est assurée par deux hublots circulaires et la porte qui ouvre largement, grâce à ses deux battants en plexi (manque un blocage en position ouverte pour celui du bas).

*Confortable dans le Golfe (agité) de Saint-Tropez*

Avant de prendre la barre du Scanner, un coup d'œil au compartiment mécanique s'impose. L'ouverture du grand capot se fait électriquement, par l'action d'un puissant vérin. Déjà compacts, les deux nouveaux Mercruiser V6 de 250 ch (voir nos essais dans la rubrique moteur) paraissent petits dans cette vaste cale. La maintenance n'en est que plus facile, avec beaucoup de place devant et autour des blocs… Le ralenti régulier des deux 4.5 litres est d'une grande discrétion et nous quittons le ponton sur un filet de gaz qui entraîne sans à-coups les embases Bravo One…

Passé le balisage des 300 mètres, je pousse franchement les deux leviers du DTS. La réaction n'est pas foudroyante, comme le montrent les chronos de déjaugeage et d'accélération jusqu'à 20 nœuds (5"8 et 7"). Mais, passé le léger cabrage au démarrage, l'accélération se muscle à mi-régime et jusqu'au régime maxi de 4 750 tr/min, qui avec le concours d'un trim positif, va figer les cristaux liquides du GPS sur 35,5 nœuds. Une valeur un peu décevante pour un semi-rigide de ce standing, considérant que nous n'étions que deux à bord, mais il est vrai, sur un "plan" d'eau et avec une température (32° à l'ombre) peu propices à la performance. Reste que l'on ne peut pas incriminer les Mercruiser ! Et pour cause, l'Envy 950, en raison de sa construction robuste et qualitative, est un bateau lourd. En même temps, ce poids est aussi son allier dans les eaux tumultueuses du Golfe de Saint-Tropez, agitées en tout sens par les sillages des gosses unités venant se greffer à la houle. Dans ces conditions, la carène bien défendue de l'Envy taille sa route sans dommages, hormis quelques petits embruns qui atterrissent par moments sur le solarium arrière (vent de force 3). Les impacts sont amortis et l'assiette du bateau toujours sereine, même plein gaz dans 70 cm à 100 cm de creux cassants. Docile, le Scanner l'est aussi en virage, avec une accroche ferme et régulière, sans variation d'assiette en longitudinale comme en latéral, relançant avec efficacité à condition que le rayon ne soit pas trop court. Pour ce qui est de l'autonomie, nous l'évaluons à 155 milles, à 3 500 tr/min pour 23,9 noeuds, un régime qui semble correspondre au rythme naturel du bateau et de la mécanique dont le niveau sonore reste contenu jusqu'à 4 000 tr/min. Largement de quoi rallier la Corse au départ de Saint-Tropez, sans trop "plomber" la conso.



photo Scanner Envy 950 Touring


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photo Scanner Envy 950 Touring


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photo Scanner Envy 950 Touring


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Conclusion : Exécution quasi irréprochable, élégance sobre mais raffinée, lignes personnelles, le Scanner Envy 950 Touring s'adresse à une clientèle exigeante, privilégiant la discrétion à la frime. Son aménagement de pont est la promesse d'escales confortables, et son aisance en navigation dans une mer capricieuse, de belles navigations sans avoir à trop tenir compte de la météo. De ce point de vue, la petite cabine peut servir de refuge à l'occasion d'un grain. Par contre, dans l'optique de sorties en équipage nombreux, il nous semble utile que le chantier révise son homologation de puissance à la hausse (2 x 350 ch ?).




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