Du GUILVINEC à CONCARNEAU via LES GLÉNAN : Vive les contrastes !

vendredi 03 mars 2017 14:42



Dans ce triangle de 10 milles de côté, cette portion de littoral concentre une variété de paysages et de modes de vie surprenante. Du port du Guilvinec, où dominent encore la pêche professionnelle, à Concarneau, où l'histoire nous fait remonter le temps, en passant par Bénodet et son ambiance balnéaire chic, ou les Glénan et leurs eaux turquoise, la Bretagne change de visage à chaque bord.


Texte et photos Philippe Leblond

Mise à l'eau au Guilvinec (premier port de pêche français). Le soleil est au rendez-vous pour cette navigation qui va nous mener jusqu'à Concarneau, en passant par l'Archipel de Glénan. Ce matin, ce port tout en longueur est bien paisible. Une quiétude qui tranche avec l'activité fébrile constatée la veille, en fin d'après-midi, avec le retour de pêche de la flotte des chalutiers. Les places au grand quai de la criée étaient chères ! Un spectacle suivi avec curiosité par nombre de badauds, accoudés à la rambarde de l'interminable terrasse qui borde la Cité de la pêche (Haliotika, un musée qui mérite la visite)… Nos essais des semi-rigides Centaure étant terminés, nous en profitons pour contempler ce ballet bien réglé. Dès qu'un chalutier a débarqué sa pêche, un autre prend aussitôt sa place. Les mouettes, elles aussi, sont aux premières loges !

 
Par temps calme, il serait fort agréable de mouiller l'ancre face à la belle plage en arc de cercle, située immédiatement à l'ouest du port, avec un bon pique-nique ou une baignade à la clé… Mais, pour cause de "fenêtre" météo, nous profitons de la mer encore endormie, pour mettre le cap au sud-est, et faire route directe vers les Iles de Glénan. Cet archipel rendu célèbre par sa prestigieuse école de voile, a aussi pour réputation de s'apparenter à quelque île des Antilles, lorsque brille le soleil (oui, car en cas de ciel gris, l'endroit perd instantanément de son charme). La chance est de notre côté (elle ne va pas durer !) et, après 12 milles d'une navigation agréable, nous touchons à destination sous un soleil franc qui nous offre la carte postale attendue : de jolies plages ourlées de sable presque blanc, baignées d'une eau translucide, oscillant entre l'émeraude et le turquoise, comme il est rare d'observer en Atlantique. Nous beachons quelques instants pour fouler le sable immaculé de la plage "double face" de l'Ile de Guiriden, plantée au bord nord-est du "lagon", vaste abri central de l'archipel qui permet de mouiller au calme par tous les temps, lieu également prisé des pêcheurs pour sa générosité halieutique. Les amateurs de plongée ou de chasse trouveront aussi leur compte avec les nombreux spots que comporte l'archipel (tombants, corridors, épaves…). Sur l'Ile de Penfret (à l'est), le Centre Nautique des Glénans (qui pour le coup prend un "s") dresse ses curieux cabanons de bois qui servent de toilettes sèches et contribuent à entretenir la légende d'un enseignement vécu "à la dure". C'est la plus grande île de l'archipel, avec celle du Loc'h (au sud), dont la cheminée de l'ancienne usine de soude s'est "convertie" en amer. En cette fin mai, les nombreux dériveurs de l'école de voile sont encore au sec, tandis que les voiliers de croisière patientent aux pontons du port de Concarneau, dans l'attente de nouveaux stagiaires… 
 
Les Glénan ont un potentiel de mouillages tel qu'il est vraiment facile de trouver un endroit abrité, quel que soit le secteur de vent. Attention tout de même aux hauts fonds autour des îles de Drenec et de Quignenec ! Par contre, contrairement aux Iles de Chausey, en Manche, ici le courant n'est jamais puissant (1,5 nœud maxi)… Et si à l'heure de l'apéro, le "bar" de votre semi-rigide est à sec, il est possible de mettre pied-à-terre sur l'Ile Saint-Nicolas pour aller prendre un verre au café La Boucane, ou goûter les réputés homards du restaurant Les Viviers. Dans ce cas, il est possible d'amarrer son semi-rigide le long du petit quai, mais à condition de ne pas gêner la vedette de passagers qui fait la liaison avec le continent, ou celle de la SNSM… En quittant la "Chambre", bras de mer entre Saint-Nicolas et Drenec, nous repassons le long de l'Ile Cigogne, dominée par l'austère fort éponyme. Cet ouvrage du 18ème siècle, qualifié autrefois de "fort de l'inutile", est aujourd'hui utilisé par les stagiaires du centre nautique.    
 
Laissant les Glénan et leur apparence "bout du monde" dans notre sillage, nous prenons la direction de Loctudy, non sans observer une petite halte à Lesconil. Son port, d'abord tourné vers la pêche, possède quelques places sur  pontons à disposition des plaisanciers et un avant-port où quelques bateaux viennent de reprendre possession de leur corps-mort, au nombre desquels trois jolies barques à voile et barre franche de tradition. Les pêcheurs étant en mer, l'endroit est des plus calmes, tandis que la couverture nuageuse vient éteindre les couleurs. Nous ressortons, débordons la jetée puis l'étroite embouchure de la rivière Le Ster, et poursuivons vers l'est, en longeant la côte jusqu'à notre prochaine escale : Loctudy. A notre bâbord se déploie, sur une distance de 3 à 4 milles, une succession de jolies plages, alternant avec de petites pointes rocheuses. L'aiguille du compas indique maintenant le nord, alors que sur bâbord apparaît le chenal balisé d'accès au port. A cet endroit, l'Ile Tudy (en fait, pas même une presqu'île) forme comme un goulet, où se dresse la tourelle des Perdrix avec son damier blanc et noir. Passé ce repère, le plan d'eau s'élargit pour former deux rias dont la plus profonde - celle de gauche – permet de naviguer jusqu'à Pont l'Abbé, pourtant située à plusieurs kilomètres dans les terres. Les berges verdoyantes laissent entrevoir de belles demeures. Le port de Loctudy possède un vaste bassin destiné à la pêche professionnelle, très active en cet endroit, à l'image des quais de la Criée et de la Coopérative. Mais, la plaisance n'est pas oubliée, comme le montrent les 14 pannes encadrant une vaste aire de carénage et de nombreuses places de parking. De quoi laisser son attelage et profiter de la spacieuse cale de mise à l'eau…
 
Pour atteindre Bénodet, la coquette voisine, il y a tout juste le temps de déjauger votre bateau. Vous aurez parcouru moins de trois milles, soit la longueur de la longue plage qui vient mourir sur la pointe de Combrit qui délimite, à l'ouest, l'embouchure de l'Odet. Curieusement, la carte marine montre une symétrie confondante, puisque cette rivière est bordée, à l'est, par une seconde plage semblable, prenant naissance après la Pointe Saint-Gilles. Lorsqu'on pénètre dans cette embouchure, on succombe immédiatement au charme coquet de ce lieu entre mer et terre. La Pointe de Combrit mérite d'ailleurs la balade, au départ des pontons du port de Sainte-Marine situé à environ 1,5 km vers l'intérieur, sur la rive droite de l'Odet (donc sur bâbord en arrivant du large). Une succession de superbes villas à l'architecture altière, quand ce ne sont pas des manoirs, de beaux jardins qui viennent mourir presque au niveau de l'eau, des pins maritimes majestueux… La rive opposée, celle de Bénodet (les deux bourgs se font face) n'est pas laide non plus, avec ses petites plages bordées d'un chemin de promenade qui part du Casino, longe de belles propriétés, l'église puis débouche sur le port. Sur ces marinas de rivière, le courant est parfois vigoureux, donc soignez la manœuvre entre les pontons. Si vous remontez la rivière, qui s'enfonce loin dans les terres, en direction de Quimper, nous aurez sans doute une pensée pour Tabarly et son premier Pen Duick, qui avaient élu domicile sur l'Odet.
 
Dernier bord de notre balade, celui qui mène à Concarneau et l'étonnante "ville close" autour de laquelle la cité actuelle s'est construite. Sur notre route, s'intercale, bien abritée derrière la pointe de Beig-Meil, la vaste infrastructure de Port-la-Forêt, repaire de "voileux" s'il en est. Pour preuve, au détour d'un ponton, pointe l'étrave bleue du 60 pieds Macif, avec lequel François Gabart a remporté le dernier Vendée Globe. Port-La-Forêt est en effet une place forte de la Voile française et les amateurs trouveront là matière à curiosité, car d'autres skippers de renom ont aussi pris leurs quartiers dans ce port moderne du Finistère : Vincent Riou, Jean Le Cam, Michel Desjoyaux, Armel Le Cléac'h… Hormis cette caractéristique, cette marina construite dans les années 70 ne présente pas vraiment de charme pour le navigateur de passage, si ce n'est la qualité de l'abri et de ses installations. En revanche, La Forêt-Fouesnant est un joli village, séparé de sa grande plage de Kerleven par un petit aber qui dessert le port. Lui réserver une petite excursion n'est pas superflu. 
 
En faisant du cap, Concarneau est à moins de quatre milles de Port-La-Forêt. Pas de difficulté majeure pour accéder à ce port sinon que la houle se creuse sensiblement sur le plateau aux abords de la marque tribord de Kersos. Il faut bien laisser la tourelle de la Médée à bâbord. Les pontons du port de plaisance sont immédiatement sur bâbord, dans l'avant-port, précédant le port de pêche ancestral. Mais c'est ce dernier qui capte immanquablement le regard du navigateur. Les remparts de la ville close vous font ressentir le poids de l'histoire et donnent un caractère solennel à votre arrivée, vous poussant à poursuivre jusque dans le bassin principal. Magnifique ! Une sensation ressemblant un peu à celle qu'on éprouve en entrant dans le port fortifié de Saint-Martin (Ile de Ré)… Nous poussons jusqu'au fond du bassin du Moro se terminant par une forme de radoub, entre les chantiers navals qui construisent des bateaux de pêche professionnelle, et au sein desquels le chantier JFA, spécialiste du yacht haute couture, détonne quelque peu. 
 
Difficile d'achever ce périple sans une flânerie dans la ville close… Que ce soit dans les rues (piétonnes bien sûr !), bordées de maisons aux pierres de granit gris mais aux volets colorés, ou sur le chemin de ronde des remparts, offrant des points de vue d'une infinie diversité sur les alentours et notamment le port, le plaisir de la contemplation est permanent. Magique !  
 

GUIDE PRATIQUE

 

Cartes marines

- SHOM n°6646, 6647, 6648, 6649 et 6650.
- Navicarte n°543 et 243.
 

Accueil dans les ports 

  • Loctudy : 657 places, dont 581 sur pontons et 76 sur bouées. Le ponton visiteurs (A) offre 65 places, et 68 places supplémentaires sont disponibles sur bouées ; capitainerie 02 98 87 51 36, bureau ouvert de 7h30 à 21 h en saison ; eau et électricité aux pontons et à quai, sanitaires (douches et WC), laverie automatique, vente de glace. 
 
  • Bénodet : 680 places, dont 480 sur pontons, 200 sur bouées, 70 places sont réservées aux bateaux de passages ; capitainerie 02 98 57 05 78, bureau ouvert de 8 h à 12 h et de 14 h à 20 h) ; eau et électricité à quai, sanitaires (douches et WC), laverie automatique, vente de glace.
 
  • Port-La-Forêt : 1 069 places sur pontons et 61 sur bouées, plus une centaine de places visiteurs (ponton d'accueil à l'entrée du port, à tribord, près de la cale de mise à l'eau) ; capitainerie 02 98 56 98 45 (bureau ouvert de 8 h à 20 h en saison, 8 h 30 - 12 h / 13 h 30 – 18 h hors saison) ; eau et électricité à quai ; sanitaires (WC et douches) ; laverie automatique ; vente de glaçons.
 
  • Concarneau : 291 places sur pontons, dont 54 places visiteurs dans l'avant-port, 55 amarrages sur bouées (plus 370 bouées annuelles dans l'anse de Kersaux, au sud du port) ; Capitainerie 02 98 97 57 96 ; eau et électricité aux pontons ; sanitaires (WC et douches, dont une 24/24 h) ; laverie et magasin d'alimentation à proximité du port ; vente de glaçons au supermarché.
 

Mise à l’eau

- Loctudy : large cale utilisable 24/24 h. Payante. Parking public gratuit.
- Bénodet : cale assez large (10 m), réglementée (s'adresser à la capitainerie), ouverte de 8 à 20 heures.
- Port-La-Forêt : la cale sud est très spacieuse (20 m de large), gratuite et permanente (sauf par grand coefficient de marée). Parking gratuit.  
- Concarneau : la cale la plus facile d'accès est la cale du Passage (près de la Place Duquesne), permanente et gratuite, parking remorque et voiture gratuit mais places peu nombreuses. Attention aux manœuvres, elle n'est pas bien large !

Carburant

  • Loctudy : en service 24/24 h avec paiement par carte bancaire.
  • Bénodet : carburant à quai.
  • Port-La-Forêt : carburant au ponton (8h - 12h/13h30 - 17h50)
  • Concarneau : en service 24/24 h avec paiement par carte bancaire.

Distances 

  •  Du Guilvinec à Loctudy : 6 milles
  • De Loctudy à Bénodet : 2,5 milles
  •  De Bénodet à Port-La-Forêt : 6 milles
  • De Bénodet à Concarneau : 5 milles
  • De Port-La-Forêt aux Glénan : 11 milles
  • De Concarneau aux Glénan : 9 milles

Bonnes adresses

  • An Atoll : ce café-restaurant situé un peu à l'écart du port du Guilvinec, mais en bord de mer (Pointe de Men Meur), vue sur le large, joue la simplicité, façon cabane de pêcheur. Mais, pour exemple, sa darne de thon rouge accompagnée d'aubergine, d'un friand et de fromage fondu vaut le détour. D'autant que ses tarifs sont aussi de bon goût…Tél. : 02 98 58 18 73.  
 
  • L'Alhambra : si le temps le permet profitez de sa spacieuse terrasse qui offre une superbe vue sur l'estuaire de l'Odet. Vous ne serez pas déçus par la fraîcheur des produits (essentiellement de la mer) : langoustines du Guilvinec, bar de ligne, palourdes roses des Glénan, homard bleu… A moins que vous ne préfériez opter pour plus simple et plus rapide : tapas, salades composées…Budget : de 20 à 50 €. Tél. 02 98 57 16 00. Corniche de l'Estuaire, à Bénodet.
  • Les Viviers : bien connus des amateurs de crustacés qui fréquentent l'Archipel de Glénan, ce restaurant qui ne paye pas de mine s'est construit une solide réputation. Situé sur l'Ile Saint-Nicolas, le restaurant de M. Castric est particulièrement connu pour ses homards, qui patientent dans le grand vivier d'eau de mer situé au pied du restaurant. Budget : 18 à 60 €. Tél. : 02 98 50 68 90.
  • Le Penfret : pour ses crêpes de blé noir, bien garnies (ingrédients au choix du client), ses fruits de mer, et son décor chaleureux. Il est en tout cas possible d'y manger en famille sans faire exploser l'addition : formule rapide à 13 € et menu enfant à 9,50 €. Concarneau, la Ville Close. Tél. : 02 98 50 70 55.
  • La Maison du Kouign Amann : située au cœur de la Ville Close (Place Saint-Guénolé), à Concarneau, cette jolie petite maison de pierre, à la devanture verte, est spécialisée dans la production de ce succulent gâteau breton, pur beurre. A 2,50 € la part individuelle, difficile de résister... Le far aux pruneaux est également de la partie ! www.kouignamann.com
 

A ne pas manquer…

  • Le retour de la pêche au port du Gulivinec : la parade des chalutiers qui, chacun leur tour viennent débarquer le produit de leur pêche au pied du grand bâtiment de la Cité de la pêche (Haliotika). Ce retour des pêcheurs professionnels attire une foule de curieux qui du haut de la promenade en forme de balcon, ne ratent pas une miette du spectacle. Si le cœur vous en dit, visitez Haliotika, une expo vivante de 730 m2 dédiée aux métiers de la pêche. Tél. : 02 98 58 28 38.
  • La corniche de l'Estuaire à Bénodet : l'estuaire de l'Odet offre un panorama idyllique, et naviguer entre ses rives est un grand plaisir (la balade à pied sur la corniche de l'Estuaire n'est pas mal non plus…). Elégantes maisons de granit, rives engazonnées et fleuries, bordées de pins maritimes, petites plages de sable blanc, avec leurs alignements d'annexes colorées, permettant de rejoindre les bateaux au mouillage… Le calme d'une rivière, après les sautes d'humeur de l'océan. 
  •  La Ville Close de Concarneau : étonnant lieu que ce village à l'anglaise, bien à l'abri de sa muraille fortifiée… Situé à l'entrée du port, qu'elle abrite en partie, la Ville Close, avec ses remparts médiévaux constitue la base historique de l'agglomération actuelle. Accessible par un pont, l'entrée principale est flanquée d'un clocheton orné d'un cadran solaire portant la devise : "Tempus fugit velut umbra" (le temps passe comme l'ombre). Alors ne perdez pas le vôtre et profitez de la visiter, car outre son village intérieur aux façades coquettes. elle offre nombre de points de vue sur le port et les environs.   
 

Remerciements

Un grand merci à la société Concept Nautique, basée à Pont L'Abbé (29), pour sa précieuse collaboration à ce reportage. Importateur des semi-rigides Centaure (Afrique du Sud) et Parker (Pologne), revendeur des moteurs Mercury, des remorques Mécanorem et Sun Way, Concept Nautique a gentiment mis à notre disposition ses bateaux et sa connaissance du littoral finistérien.

 



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