SAINT-MALO / CHAUSEY / MINQUIERS / DINARD : Marée, dessine-moi un paysage !

vendredi 03 mars 2017 11:30



Plus que partout ailleurs, les marées sculptent ici un paysage aux multiples visages, surtout lors des coefficients records. Nous étions sur place à l'occasion de la "marée du siècle", et le spectacle a pris des proportions inhabituelles. Des austères remparts de la cité corsaire aux lagons rocheux des Minquiers, une navigation qui restera dans nos mémoires… 


Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et Pascal Lassus

L'homme qui met la dernière main à la préparation de son Zeppelin, amarré à l'un des pontons du Port des Bas-Sablons est un client de Florent Urien, patron de la société malouine Nautilots, concessionnaire de la marque au dirigeable et spécialiste de la pêche. Pascal m'accueille avec un sourire de bienvenue. Plaisancier chevronné, il compte plusieurs compétitions à la voile à son actif, et se fait un plaisir de me présenter son XV Pro 750 (son deuxième Zeppelin) flambant neuf. Un semi-rigide noir et orange, sur lequel il a fait valoir quelques solutions originales qui traduisent bien son souci du détail et son sens marin (à découvrir dans notre présentation dans les pages qui précèdent). Deux de ses amis nous accompagnent pour cette balade au coeur de la Cote d'Emeraude. Le gros Suzuki DF300 ronronne déjà, imperceptiblement, respectant le calme dans lequel baigne encore la marina. Il n'y a plus qu'à larguer les amarres… 
Aujourd'hui, le coefficient de marée s'affiche à 118, mais vu l'heure, il est presque marée haute, et nous pouvons franchir le seuil submersible (2 mètres) du port sans attendre. Après un bref face-à-face avec le faciès intimidant du ferry catamaran de Condor Ferries, qui assure la liaison avec Poole via Jersey et Guernesey, et une petite boucle dans l'Anse de la Bourse, au fond de l'avant-port, offrant un point de vue privilégié sur la ville forte, nous doublons le long môle des Noires qui protège l'écluse commandant l'accès aux quatre bassins de ce grand port initié par Vauban. Et, à la sortie du port, le panorama est unique à cette partie de notre littoral, par la diversité des points d'intérêt qui s'offrent au navigateur. A défaut d'apercevoir l'archipel de Chausey et le plateau des Minquiers, encore lointains, le regard est capté par les nombreux îlots et fortins qui parsèment la rade, à seulement quelques encablures cette ville forte, recluse derrière ses puissants remparts. 
 
De fait, que ce soit au départ de Saint-Malo ou de sa voisine Dinard, les choix qui se présentent au plaisancier le plongeraient presque dans l'embarras ! Bien sûr, l'objectif numéro un est généralement de se rendre à Chausey, voire aux Minquiers (une navigation plus ambitieuse, où l'état de la mer est à prendre en compte), mais il y a déjà beaucoup à voir aux alentours immédiats de la Cité corsaire… 
 
A bord du Zeppelin, nous optons pour une rapide boucle vers l'est, longeant Petit Bé et Grand Bé. Notre programme privilégiant Chausey et les Minquiers, puis demain Dinard, ne nous laissera pas le temps de faire escale dans le Havre de Rotheneuf, une anse magnifique qui propose un mouillage bien abrité. Tellement, qu'il faudra consulter sa table des marées, car l'entrée découvre de 2,80 m ! Il conviendra également de garder un œil sur le GPS et le sondeur pour déjouer les Durand, un groupe de récifs en gardant aussi l'accès. Grâce à la faible hauteur d'eau, on peut s'y baigner autour du bateau tout en ayant pied. Avec un paddle gonflable, explorer le havre et l’anse du Lupin est un vrai bonheur. Si le temps ne vous est pas compté, il est aussi intéressant de pousser jusqu'à la Pointe du Grouin, devenue célèbre pour marquer la ligne de départ de la Route du Rhum. Ensuite, bien sûr, il y a Cancale avec la vieille rivière, l’Ile des Landes, l’Ile des Rimains, mais aussi ses nombreuses terrasses gastronomiques où savourer les huîtres qui font sa renommée. Les amateurs de vieux gréements pourront même délaisser leur semi-rigide pour une balade en mer à bord de la bisquine "La Cancalaise", réplique d'un chalutier à voiles du XIXème siècle long de 18 mètres. Cette escale marque aussi l'entrée de la Baie du Mont Saint-Michel, mais là, c'est une autre histoire…
 
Nous décidons de mettre sans plus tarder le cap sur les Iles de Chausey qui sont en fait plus proches de Granville que de Saint-Malo. Le ciel plombé de nuages gris ne nous permettra pas, hélas, de nous délecter de toute la magie du lieu qui comporte (à ce qu'on dit) 52 îlots à pleine mer et 365 à basse mer et presque autant de petites plages désertes. Lorsque le soleil est présent, le paysage ne manque pas de couleurs entre les rochers, la lande verte, et les rares maisons pour lesquelles les expressions "les pieds dans l'eau" ou "vue mer" prennent tout leur sens. Et à Chausey, pas d'impression de déjà-vu ! Au gré des marées, les changements de paysage s'enchaînent à un rythme soutenu et ininterrompu. Par exemple, au mouillage, il suffit de se plonger une demi-heure dans la lecture d'un roman ou de faire une petite sieste pour, une fois relever la tête, éprouver l'impression d'avoir changé de lieu. Troublant… Et il en va de même aux Minquiers. Mais Chausey, situé à 17 milles de la cité malouine est un peu plus facile d'accès que ces derniers, pour lesquels il faut poursuivre encore sur une dizaine de nautiques (cinq de moins avec une route directe de Saint-Malo), cap au nord-ouest, et très bien connaître le "terrain" pour éviter d'y laisser une hélice, voire une embase ! 
 
Pour découvrir Chausey, nous vous recommandons d'emprunter le Sound, chenal d'accès à l'île principale, ou le chenal de Beauchamp, plus à l'est. Les points de vue y sont d'une beauté saisissante. Et, une fois jeté l'ancre (tenir compte des courants de marée !) dans le mouillage de votre choix (La Mauvaise, La Culassière, La Petite Mauvaise, L'Anse des Carniquets…), l'équipage aura tout lieu de s'adonner à son loisir favori : baignade, promenade en paddle-board, pêche à pied, découverte des bancs de sables… On peut également y réviser, in situ, son code maritime, tant les espars et balises sont nombreux (et utiles !). Pour se promener dans ce dédale de roches et de sable, la manoeuvrabilité et le faible tirant d'eau d'un semi-rigide sont de précieux alliés. Et un petit youyou gonflable ou un paddle permettent de débarquer dans les endroits les plus inaccessibles…
 
En débouchant du chenal de Beauchamp, l'étrave de notre Zeppelin pointe vers les Minquiers, que l'on parvient tout juste à distinguer. La mer par le travers ne perturbe pas le moins du monde le XV Pro 750, mais quelques embruns viennent rafraîchir l'équipage. Une petite demi-heure de nav et la phase critique se présente à nous. L'expérience de Pascal en ces lieux est la garantie de trouver le bon passage au sein du champ de "mines" qui nous cerne. La mer est presque à son plus bas et ce n'est pas plus mal ainsi. De nombreuses têtes de roches ont immergé, mais il en reste encore pas mal sous l'eau. "Cette zone est peu cartographiée et elle est le siège de violents courants. Seuls quelques habitués s'y risquent par très gros coefficients de marée basse…" Et Pascal de poursuivre en décrivant l'approche la mieux appropriée : "L'arrivée la plus simple s'opère par l'est, à partir de la perche Lecoq. Faire route ensuite sur l'Ile Maîtresse, à très faible vitesse…" Au ralenti, nous poussons jusqu'à échouer pour mettre pied-à-terre et visiter cette île "principale" où la seule trace de l'homme consiste en un minuscule hameau aux maisonnettes en granit, appartenant à la couronne britannique et mises à disposition des pêcheurs de Jersey. Ah si, il y a aussi un helipad (plate-forme pour hélicoptères), histoire de ne pas être "ravitaillé que par les corbeaux" ! Mais, le plus insolite est sans conteste ce WC blotti contre les rochers, dont l'écriteau recommande de l'utiliser avec précaution car il a l'insigne mérite d'être la construction la plus méridionale des îles britanniques et que l'alternative la plus proche se trouve à Jersey (11 milles) ou Chausey (10 Milles)… Pur humour british ! D'ailleurs, sur cette île, vous serez le plus souvent seuls. Au cas où un Jersiais serait dans les parages, sa présence serait annoncée par un pavillon envoyé sur le grand mât. 
 
Le fort coefficient de marée découvre d'innombrables bancs de sable dorés et éperons rocheux sombres, qui alternent dans un contraste révélant la dimension de ce tas de cailloux qui, mine de rien, s'étend sur une dizaine de milles d'ouest en est. L'heure arrive de s'en retourner vers Saint-Malo, même si l'idée séduisante de pousser 10 milles plus loin, jusqu'à l'Ile de Jersey (la plus grande des Anglo-Normandes) nous a effleuré l'esprit. Les 22 milles du retour, en ligne directe, se feront sans encombre, à bonne allure, sur une petite houle d'arrière.
 
Le lendemain matin nous serons davantage en "mode promenade", afin de découvrir les îles de la baie de Saint-Malo sans risquer de finir sur un haut-fond. Les forts de la Baie de Saint Malo sont aussi le prétexte à une navigation en forme de cours d'histoire : le Fort National, le Fort Harbour, le Fort du Petit Bé… Parmi ces curiosités, le Fort de la Conchée. A marée haute, cet édifice du début du XVIIIème siècle, érigé par Vauban afin de repousser les attaques anglaises, semble flotter sur l'eau ou plutôt sortir du fond de la mer, comme le ferait un volcan sous la poussée téllurique. Mais lorsque la mer s'est retirée on découvre l'énorme rocher qui lui sert de fondations. Il me souvient de nombreux échanges lors desquels Alain Rondeau, alors mon rédacteur en chef à la revue Bateaux, qui avait fédéré un groupe de passionnés pour entreprendre la restauration de ce fort, exposait avec force détails les moyens d'acheminer les matériaux de construction jusqu'à ce bâtiment situé deux milles au large de Saint-Malo. C'était il y a 25 ans, et le fort est toujours en travaux, mais plus pour longtemps. D'ici deux ans, il devrait avoir retrouvé son apparence originelle…
 
Au plus près de la Cité Corsaire se trouve le Grand Bé, que l'on pourrait presque qualifier de presqu'île, puisque lors des grands coefficients de marée, il est accessible à pied. Depuis quelques années, un homme, le "sonneur des Bé", donne de sa corne de brume pour avertir les touristes, afin qu'ils ne restent pas prisonniers de l'île à marée basse ! Durant cette boucle autour des îles de la rade, nous passons devant la plus grande d'entre-elles : Cézembre. Elle a la particularité d'offrir un joli mouillage bien abrité des vents dominants (attention au courant, néanmoins). Sur sa large plage, orientée sud, il est possible de déjeuner en terrasse du seul restaurant de l'île (le bar frais grillé !), après la baignade. Puis, cap sur Dinard… Mais avant d'embouquer le canal de l'embouchure de la Rance, il convient de s'introduire dans l'anse formée par le quartier de Saint-Servant pour jeter un œil à la Tour Solidor (XIVème siècle). Ce spectaculaire donjon servait à l'origine de tour de contrôle militaire, avant sa reconversion en prison puis en musée des Cap Horniers. La tour est bordée d'une large cale de mise à l'eau. On peut aussi laisser son bateau amarré au Bas-Sablons, pour arpenter le chemin de promenade de la corniche, en périphérie de la Cité d'Aleth, qui offre de jolis points de vue sur la rade de Saint-Malo puis l'embouchure de la Rance, face à Dinard, et terminer par une pause-café sur l'agréable terrasse du "Cancalais".
 
En attendant, vus de notre Zeppelin, les effets du jusang sont spectaculaires. La mer a en grande partie disparu, et il ne reste plus qu'un étroit goulet liquide entre Saint-Servan et la pointe du Moulinet de Dinard, dominée par ses somptueuses villas de fin XIXème, début XXème, aujourd'hui classées afin de décourager les velléités de promoteurs immobiliers. Le marnage est tel, que le scellement des espars du balisage bâbord/tribord sont visibles ! De nombreux bateaux sur corps-morts sont échoués et quelques vacanciers s'adonnent à la pêche à pied. Nous longeons la côte "intérieure" de Dinard. Avec ce coefficient de marée basse, les quais sont particulièrement hauts. Nous passons devant le Yacht Club, vieille bâtisse en granit, puis le poste de carburant qui, perché une dizaine de mètres au-dessus de nos têtes, donne le vertige… Lorsque la mer est en colère, la Rance constitue une belle alternative, avec l'assurance de naviguer sur des eaux calmes, au-delà du barrage de l'usine marémotrice. En suivant son fil, il est possible de s'aventurer loin dans les terres, pour une excursion bucolique, réservant de beaux "tableaux", et pourquoi pas, un déjeuner à Dinan. Sans oublier les horaires de l'écluse pour le retour ! Mais, cette navigation fera l'objet d'un autre récit… 
 
Retour aux Bas-Sablons, des étoiles pleins les yeux. Notre périple s'achève par la récupération d'un kite-surfeur (à foil !) qui après une bonne claque de vent, ne parvient pas, contre le courant, à rejoindre son engin resté à distance… La mer se retire depuis un moment, et le franchissement du seuil d'entrée de la marina se négocie gentiment, au mépris du pied de pilote. Le temps de frapper les amarres sur le catway et nous filons à "L'Atterrage", un bar accueillant, situé directement sur le quai, pour prendre un verre autour duquel "refaire" cette navigation captivante.
 
 
Remerciements
Toute notre gratitude à Pascal Lassus (et à son Zeppelin) qui a su nous faire profiter de sa grande connaissance des lieux et apprécier les longues navigations (deux aller et retour aux Minquiers !). Son expérience du "terrain" a notamment été précieuse pour atterrir dans les archipels, véritables "champ de mines".
 

GUIDE PRATIQUE

Cartes marines

SHOM 7130, 7134, 7155 et 7156, Navicarte 534-535.
 

Accueil dans les ports 

VHF : canal 9, capitainerie tél. 02 99 81 71 34 (7h - 21 h en saison, 8h15 – 12h15/13h45 – 17h30 hors saison).
Amarrage : 1 200 places sur pontons dont 50 pour visiteurs (ponton A).
Services : eau, électricité, sanitaires (WC et douches), laverie automatique à proximité, récupération eaux noires (ponton i)… 
 

Carburant

Saint-Malo : port des Bas-Sablons (ponton i) 24h/24h avec CB.
Dinard : quai principal, ouvert de 9h00 à 18h00 en saison, mais accessible seulement lorsque le niveau de la mer dépasse de 5 mètres celui du zéro des cartes.
 

Mise à l'eau

Saint-Malo : à partir de la cale des Bas-Sablons large et offrant une possibilité de parquer la remorque, mais payante (5 €), ou de la cale de la Tour Solidor, large et praticable même à basse mer (gratuite). 
Dinard : située en bordure du quartier de la Malouine (Pointe du Moulinet), cette cale est facilement praticable et d'accès libre.
 

Distances en mer 

- Saint-Malo/Chausey : 17 milles
- Saint-Malo/Minquiers : 22 milles
- Saint-Malo/Dinard : 1 milles
- Saint-Malo/Cancale : 19 milles
 

Bonnes adresses

Restaurant Le Borgnefesse (Saint-Malo intra-muros) : façade discrète mais cuisine démonstrative et savoureuse. Surnommée la "cantine du corsaire", Le Borgnefesse réserve un accueil aimable dans une salle au nombre de couverts restreint (mieux vaut réserver). Produits du terroir et de la mer, avec notamment une délicieuse soupe de poissons et des tartares bien assaisonnés… Prix : à partir de 20 €.  10, rue du Puits aux Braies - Tél. : 02 99 40 05 05.
 
Bar de l'Univers (Saint-Malo intra-muros) : son décor, aussi intimiste et cosy que son style improbable, est son atout majeur. Avec des plafonds aux poutres ou au barrotage qui vous plongent, autant que les innombrables photos de voiliers et de skippers de renom qui tapissent les murs, directement dans l'univers maritime. Cet intérieur ô combien chaleureux, vibre d'une ambiance indescriptible lors des grands rendez-vous de la Voile, à l'exemple de la Route du Rhum. 12, Pace Chateaubriand – Tél. : 02 99 40 89 52. 
 
Bar L'Atterrage (Port des Bas-Sablons) : ambiance feutrée, fauteuils et canapés clubs, vue imprenable sur le bassin des Bas-Sablons, ce sympathique bar à l'ambiance de pub est l'endroit parfait pour se réchauffer après une navigation vivifiante. Large choix de bières et de whiskies.
Quai des Bas-Sablons – Tél. : 02 23 52 02 55.
 
Hôtel-restaurant Didier Méril (Dinard) : parmi ses atouts, un restaurant gastronomique, avec vue imprenable sur l'embouchure de la Rance et la plage, mais aussi des chambres à la décoration soignée. Cet établissement est situé au fond de la baie du Prieuré. 
Tarif : à partir de 85 € la nuit. Tél. : 02 99 46 95 74.
 

A ne pas manquer…

La ville intra-muros (Saint-Malo) : la promenade sur les remparts est impérative par la multitude de points de vue qu'elle offre, tant sur la baie et ses îles que sur la ville elle-même. L'architecture élégante mais austère de la ville est égayée par de nombreux bars et restaurants, surtout le long des remparts, ainsi que par d'élégantes boutiques, plus à l'intérieur.
 
La Tour Solidor (Saint-Malo) : ce donjon construit au ­XIVème siècle abrite aujourd'hui le musée international du Long Cours Cap Hornier. Le clou de cette visite est le point de vue privilégié qu'offre son chemin de ronde extérieur sur l'embouchure de la Rance et Dinard. Prix de l'entrée : 6 € (3 € pour les 8 à 18 ans). 
 
L'Etoile du Roy (Saint-Malo) : cette réplique d'une frégate de corsaire de 1745 est bien à sa place dans le port malouin. Amarré au quai de Terre Neuve, dans le bassin Duguay-Trouin, ce vaisseau de 47 mètres mérite une visite, même lorsqu'on n'est pas un passionné d'histoire maritime. Tarif : 6 € (3 € de 3 à 12 ans). 
 
La Pointe du Moulinet (Dinard) : autre point d'observation privilégié de la Rance et du bord de mer, cette pointe rocheuse surplombée par ses villas bourgeoises et altières offre de multiples panoramas jusqu'à la vaste plage de l'Ecluse et l'imposant Hôtel Royal.
 


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