Péloponnèse : 300 milles d'authenticité

vendredi 03 mars 2017 14:00



Un beau parcours que celui effectué par cette famille parisienne le long de la côte sud du Péloponnèse. Cette vaste péninsule à l'ouest d'Athènes, mérite amplement le détour : relief puissant, alternances de criques rocheuses et sablonneuses, grottes naturelles au ras de l'eau… Avec des escales de charme, à l'hôtel ou dans les nombreuses auberges "les pieds dans l'eau". La Grèce comme on l'aime.


Texte et photos Franck Goguel et Marie-Pierre Férec

Le Péloponnèse donne l'image d'une Grèce calme et authentique, où se mélange petits ports de pêche, villages ruraux perdus dans les hauteurs et stations balnéaires familiales. Un cocktail réussi de modernité et de tradition. Et, ce qui ne gâte rien, les gens y sont charmants et accueillants. Cette région, du sud-ouest de la Grèce, se prête parfaitement à la navigation côtière. Bien abritée du redoutable Meltem, il est possible d'y naviguer presque tous les jours. C’est le paradis des criques désertes, des tavernes au bord de l’eau, des grottes naturelles… De surcroît, il est possible de profiter de tous ces sites dans une tranquillité devenue un vrai luxe en Méditerranée au mois d’août.

Cette année, nous décidons de rejoindre un couple d’amis qui a loué une villa au bord de l’eau, à proximité de Marathopolis, petite ville au sud-ouest du Péloponnèse. Nous resterons deux jours chez eux, pour que les enfants se reposent du voyage et que nos amis puissent profiter des joies du semi-rigide. Ensuite nous partirons tous les quatre pour un périple d’environ 300 milles, à la découverte des régions du Magne et de la Messénie, à l’extrême sud du Péloponnèse. Nous avons réservé dans des hôtels situés le long de notre parcours. Nous passerons trois nuits dans chacun d’eux, afin d’avoir tout le loisir d’explorer les côtes environnantes, à la recherche de grottes secrètes. Une chasse aux grottes dont les enfants raffolent ! 
Nous quittons donc Paris, direction Ancône, que nous atteignons 16 heures plus tard, pour embarquer sur le ferry, qui va nous emmener jusqu’à Patras. Après une nuit réparatrice à bord, nous débarquons à Patras puis reprenons la route pour trois heures, direction Marathopolis, où nous attendent nos amis. C'est une petite ville balnéaire, très calme. Son  port est agréable et typique, à la fois bien protégé et équipé d’une cale de mise à l’eau facile d’accès. Une fois le bateau à flot, nous rejoignons la villa, bordée de rochers, les pieds dans l’eau. Ces derniers, qui bordent le jardin, me seront bien utiles pour installer un mouillage provisoire autour de l'un des blocs. Deux jours de baignade, de masque et tuba, de plongeons… Nous sommes nombreux sur "Froudenn", quatre adultes et sept enfants ! Demain, nous ne serons plus que quatre pour notre voyage familial, avec nos deux filles Milena (8 ans) et Jeanne (5 ans).

Jour 1 : l'ÎLE de Proti et son monastère

Nous quittons la confortable villa, le bateau chargé des valises et des indispensables masques et tubas… Cap au sud, direction la marina de Pilos. Nous cabotons autour de l’île de Proti, seulement occupée par un monastère. Inaccessible à pied, elle regorge de petites criques secrètes où nos filles adorent se baigner. Nous arrivons en fin d’après-midi à Pilos, où l’apéro et la pause crèmes glacées ravit petits et grands. Nous dormirons dans un petit hôtel sans charme particulier, mais proche du port car nous devons repartir tôt demain matin pour traverser la baie de Methoni.

Jour 2 : les poulpes grillés de Methonie

Départ de l’hôtel vers 8h00 : les enfants ne comprennent pas pourquoi il faut se lever si tôt en vacances ! Mais, la vie de voyage a aussi ses contraintes… Après plusieurs pauses baignade, nous atteignons le port de Methonie, amarrons le bateau à quai et trouvons une auberge sur la plage où Marie-Pierre et moi dégustons quelques poulpes grillés pendant que les enfants jouent devant nous sur le sable. Nous repartons à l’heure de la sieste, en direction de Koroni qui sera notre dernière ville de Messénie. La baie de Methonie est bien abritée et la mer est d’huile, l’occasion de se faire une belle navigation "poignée dans le coin". Nous atteignons Koroni après deux heures d’une navigation superbe entre les îlots déserts de la baie. Le port de Koroni est bien abrité et équipé. Direction l’hôtel, pour la douche et l’apéro.

Jour 3 : Koroni et ses quais animés

Nous passons la journée à Koroni. Une ville agréable, avec nombre de vieilles maisons et un fort vénitien qui mérite vraiment la visite. Le port, bien qu'un peu sale, est très vivant le soir, et c’est vraiment sympa de se balader le long des quais animés. On y trouve d’excellentes ouzeries, où l’on se régale de poulpe grillé au charbon de bois. Même les enfants y prennent goût après les réticences d’usage…

Jour 4 : hôtel de charme sur les hauteurs de Limeni

Départ vers 10h00, après un copieux petit-déjeuner, afin de laisser un peu de temps aux moussaillons. Un bon capitaine ne se doit-il pas d’être attentif à l’équipage s’il veut éviter tout risque de mutinerie ? Nous appareillons donc en pleine forme pour avaler les 30 milles du golfe Messénie, et rejoindre la baie de Limeni. Nous arrivons à l’entrée de la baie vers 13h00, après une navigation tranquille sur une mer encore d’huile. La météo grecque nous gâte cet été ! Le temps de se trouver une taverne au bord de l’eau – ce n'est pas le plus compliqué en Grèce ! - et nous irons prendre possession de notre chambre dans un ancien fort converti en un bel hôtel de charme, situé sur les hauteurs de Limeni. La fin d’après-midi sera laissée aux enfants pour qu’ils puissent profiter pleinement de la piscine et de leurs nouveaux copains du jour.

Jour 5 : une eau translucide à 29°

En fin de matinée, nous mettons cap au sud, pour visiter la cote du Magne. C’est une région très austère, très belle aussi, dont les reliefs rappellent le Mont Ventoux, mais où les gens sont accueillants. Autre point d'intérêt, il y a beaucoup de petites grottes à visiter avec notre Zodiac. Nous ne croiserons que quelques bateaux de pêcheurs, il est donc facile mouiller où l'on veut pour se baigner, sans risque d’être dérangé, d’autant que dans une eau translucide frôlant les 29 degrés l’envie de plonger est fréquente. Retour à l’hôtel, où les enfants se jettent à nouveau dans la piscine, tandis que ma femme et moi sommes bien décidés à profiter de l’heure de l’apéro sur la terrasse, tout en haut de l’hôtel, jouissant d’une vue tout simplement incroyable sur la baie de Limeni. C’est devant un coucher de soleil époustouflant que nous préparons notre navigation du lendemain…

Jour 6 : spectaculaires grottes de Diros

Nous décidons de retourner un peu au sud pour visiter les grottes de Diros. Elles sont vraiment spectaculaires, et toute la famille en garde un souvenir impressionné. La visite (payante), qui dure environ 45 minutes se fait à bord de petites barques en bois à fond plat, manœuvrées avec dextérité par des guides. Nous circulons le long de boyaux souterrains parfois extrêmement étroits et d’une hauteur impressionnante permettant de profiter pleinement des cascades de stalactites. Les passages empruntés sont tous éclairés, ce qui a rassuré les enfants. Les grottes de Diros étant sur le guide des tours opérateurs, elles sont évidemment très fréquentées, mais c'est une visite à ne pas manquer. Retour à l’hôtel… Demain nous quittons la baie de Limeni pour le village de Kardamila.

Jour 7 : opération ravitaillement !

Kardamila se trouve à environ 15 milles au nord de la baie de Limeni. La navigation n’étant pas très longue, nous en profiterons pour faire une halte à Stoupa, petite station balnéaire à mi-chemin. Il nous faut trouver un petit supermarché pour se ravitailler, la baie de Limeni en étant complètement dépourvue. Il est vrai que les filles commençaient à s’impatienter : pas un magasin depuis trois jours ! Puis nous prenons nos quartiers à l'hôtel. Pendant que les enfants profitent de la petite plage privée, je m’affaire à l’habituel mouillage fixe autour d’un rocher, par sécurité. 

Jour 8 : les gorges de Viros en… auto

Après un petit-déjeuner très agréable sur la terrasse de l’hôtel, entourée d’oliviers, nous partons visiter l’arrière-pays en voiture de location. Bizarrement, cette partie de la côte est très arborée et diffère complètement de la partie sud. Cette excursion terrestre nous permet de nous promener le long des gorges du Viros et  le long du défilé de Koskaras, paradis des randonneurs et des vététistes. Nous ne regrettons pas cette infidélité à notre Zodiac. Retour en soirée à la plage, puis à l'hôtel, où nous pouvons profiter de la délicieuse cuisine familiale, dont les produits proviennent du magnifique jardin qui entoure l’établissement.

Jour 9 : Kalamata, les premiers nuages…

Aujourd’hui, nous longerons la côte jusqu’à Kalamata où nous referons le plein du bateau et des trois bidons de 20 litres. En fait, c'est la seule vraie marina de la région disposant d’une station-service. La mer est moins sympa avec nous aujourd’hui et l’arrivée sur Kalamata, avec les premiers nuages gris depuis 10 jours, renforce notre impression de ne pas être à notre place dans ce paysage un peu trop urbanisé à notre goût. Sitôt les pleins faits, nous replongeons au sud retrouver nos champs d’oliviers et nos petits ports de pêche… Demain ce sera déjà le retour. 

Jour 10 : retour à Marathopolis

Ce matin, il faut encore partir de bonne heure. L’équipage grogne un peu, mais nous préférons faire la route d’une traite jusqu’à Marathopolis (environ 70 milles). En Méditerranée, notre courte expérience nous a appris que lorsque l’on a de la route et qu’on ne veut pas trop secouer l’équipage, il est préférable d'appareiller tôt. Comme prévu, jusqu’à 11h00 du matin, l'eau est calme. Mais, le vent ne tarde pas à se lever, et lorsque nous passons la pointe de Méthoni, la mer est bien hachée. Les filles se calent sur la banquette arrière, en attendant que ça passe, et nous arrivons enfin vers 14h00 à la villa de nos amis qui nous attendent avec une moussaka de rêve. Les enfants sont ravis d’arriver et de retrouver leurs copains pour raconter leur périple. Nous resterons deux jours pour profiter de la région puis reprendrons la route vers Patra, Ancône, le tunnel du Mont Blanc, et l’appartement parisien avec beaucoup de bleu dans les yeux.
 

Guide pratique

Climat et vents

Ce côté du Péloponnèse est relativement abrité du Meltem, vent tant redouté en Grèce. Ici, le vent dominant est plutôt ouest, nord-ouest. En partant de bonne heure le matin, on est relativement tranquille, comme souvent en Méditerranée. 
La température de l’air varie entre 35 et 40°. C’est très supportable sur l’eau, beaucoup moins à terre : ne prévoyez pas trop d'excursions en Grèce l’été, ou avant 11h00 du matin. L’eau affiche entre 26 et 29°.

Documents

Surtout, prenez bien toutes vos cartes marines avant de partir, car cette région étant peu touristique, il est difficile d'y trouver des documents nautiques.

Voyage

Pour la traversée Ancône/Patras, nous sommes passés par Superfast Ferries. Il est possible de réserver sur l'Internet : www.superfast.com. Cette compagnie est bien organisée et tout s'est déroulé sans problème.
Pour trouver des hôtels en Grèce, nous vous recommandons ce site :  www.grhotels.gr
Pensez à réserver un hôtel à Ancône. Cela n’est pas toujours facile quand on arrive vers 1h00 du matin…

Plongée sous-marine

À Marathopolis, si vous voulez plonger ou si vous avez besoin de quoique ce soit, Ianis qui est le gérant de la boutique Ionian Dive Center, connaît tout le monde et est très sympa. En cas de besoin, il pourra vous dépanner car il est aussi shipchandler.
 www.ioniandivecenter.gr  (vidéo sur You Tube sur laquelle on aperçoit "Froudenn" en navigation avec un autre pneumatique)

Le bateau

Zodiac Pro Open 650/Suzuki 140 ch 4T

Préparation du matériel : 

Notre Zodiac Pro Open 650 de 2001 (baptisé "Froudenn Daou") et son Suzuki DF140 sont entièrement d’origine. 
Distance totale de notre navigation : 300 milles, avec une conso moyenne d'environ 20 litres/heure à 20 nds.
Bien que le réservoir fixe affiche une capacité de 120 l, nous avions prévu trois bidons de 20 litres, afin d'augmenter l’autonomie : important, car il n’y a quasiment pas de marinas dans ce secteur. Utile : un petit chariot pliable en alu pour transporter les bidons, lorsqu'il faut aller jusqu'à  la station à pied par 40° à l’ombre !
Prévoir une annexe pour décharger les bagages : nous avions acheté un tout petit gonflable à 10 e ; suffisant pour un usage destiné aux bagages.
Prévoir un deuxième mouillage : nous avions 10 m de bout et 5 m de chaîne, ce qui nous permettait avec un masque et un tuba d’amarrer le bateau autour d’un rocher grâce à la chaîne, histoire de dormir plus tranquille à l’hôtel, au cas où le vent se lèverait.
En Grèce, à plus de 6 milles d’un abri, on doit naviguer avec un moteur de secours. D'où notre petit Tohatsu de 2,5 ch qui, en cas de pépin, permet de rentrer à environ 5 nds.
Indispensable aussi, un vrai taud de soleil, que l’on peut laisser à poste en navigation, et deux jerricans de 20 litres d’eau douce. L’eau étant très salée, on se rince souvent. Enfin, une bonne glacière pour tenir les goûters et l’apéro au frais.


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