Essai: HONDA BF 60

Que reste-il aux grands ?...

*Plus de puissance, bien sûr… Car, sur le plan technologique, ce nouveau "petit" Honda concentre tous les atouts de ses grands frères. Un raffinement qui a un prix, mais mérité au vu des prestations de ce hors-bord par ailleurs très esthétique.*

Texte et photos Philippe Leblond


 9 379 € (tarif 2016)

Essai paru le 01/03/2010



Premier 60 chevaux de Honda Marine, le nouveau BF60 montre l'intérêt porté par le motoriste japonais au segment des puissances "cœur de marché". Ce lancement intervient en effet, un an après celui des BF40 et BF50, venus remplacer les anciens modèles. Le BF60, lui, ne remplace rien. Honda est parti d'une feuille blanche pour la conception de ce trois-cylindres (4 soupapes par cylindre, arbre à cames en tête) qui interpelle par sa sophistication. On est loin des 2-temps à carburateurs… Ce petit surdoué intègre tous (ou presque) les raffinements technologiques dont bénéficient les grosses puissances de la marque, hormis le système V-tech.

Cela commence avec l'injection PGM-FI (Programmed Fuel Injection) dont l'unité de contrôle électronique optimise le mélange air-essence à injecter dans les cylindres. Ainsi, on obtient une combustion complète afin d'économiser l'énergie et donc réduire consommation et pollution.
Il y a aussi le système Blast (Boosted Low Speed Torque) qui vise à augmenter le couple à bas régime, notamment lors du déjaugeage et des reprises en sortie de virage ou dans la mer formée. Ce système surveille et corrige en permanence le calage de l'allumage et le ratio air/essence à injecter en fonction de l'action du pilote sur l'accélérateur.
Enfin, le système ECOmo (Economy Controlled Motor) dont le rôle est d'appauvrir le mélange air/essence en vitesse de croisière (régime stabilisé) afin de délivrer la puissance requise pour maintenir une certaine vitesse, tout en réduisant la consommation et les émissions par la prise en compte des informations transmises par les nombreux capteurs électroniques (angle d'ouverture des gaz, angle du vilebrequin, température du moteur et de l'air, sonde à oxygène, etc.). Ces différents systèmes permettent au BF60 d'obtenir une performance environnementale supérieure aux normes internationales appliquées aux moteurs hors-bord (EURCD, CARB et EPA). Par ailleurs, le BF60 est recyclable à 98 % lorsqu'il arrive en fin de vie.

Autres arguments techniques de ce hors-bord prometteur : une plaque "anti-splash" (moins d'éclaboussures et de cavitation), un système anti-vibrations (par décalage du volant moteur), une chambre de détente des gaz de grande capacité pour abaisser le niveau sonore, un embout de rinçage intégré, un limiteur de tilt (relevage du moteur) pour éviter le contact du capot contre l'hiloire ou la banquette arrière et, surtout, un régime de traîne adaptable par paliers de 50 tr/min, de 750 à 1 000 tr/min, qui fera le bonheur des pêcheurs.
Comment terminer sans évoquer l'esthétique du BF60 qui – c'est notre avis – est la plus réussie dans ce segment de puissance. Dynamisme des arêtes, sensualité des galbes : le design du BF60 est bien dans l'air du temps, et servi par une finition irréprochable. Le poids contenu (identique au Yamaha et à l'Evinrude, mais supérieur au Suzuki mais dont la cylindrée est sensiblement inférieure) et la compacité du capot sont aussi à mettre au crédit de ce brillant élève. Le BF60 est également décliné en une version "forte poussée" dotée d'une embase au rapport de réduction plus élevé. Intéressant pour les bateaux qui naviguent à pleine charge.

Une petite convulsion sous l'action du démarreur, et le dernier petit bijou de chez Honda fait entendre son doux ronronnement. Presque pas de fumée, d'infimes vibrations, bref un démarrage en grande discrétion… Nous quittons le port sur un filet de gaz, dans le silence des pontons désertés (la température flirte avec zéro). Le BF60 a été monté sur un Caribe 530 Avantage, marque dont les semi-rigides sont vendus exclusivement en package Honda.
À bonne distance du port du Moulin Blanc (Brest), je pousse l'accélérateur. La réponse est franche, la montée en régime régulière et vigoureuse, malgré le poids relativement élevé du Caribe en rapport de la puissance. L'action sur la commande de gaz est agréable, avec un réglage ni trop ferme ni trop soft. Le régime maxi est atteint rapidement – en moins de sept secondes, on est déjà à plus de 20 nds ! - mettant en évidence l'efficience de la gestion "Blast" de l'injection qui donne un coup de fouet à bas et mi-régime. Précisons toutefois que cette accélération énergique est aussi favorisée par l'hélice dont le pas (17'') s'est avéré un peu court, si l'on s'en réfère au régime maxi obtenu : 6 400 tr/min, soit 400 de plus que la valeur haute de la fourchette du constructeur. Du punch en plus (les skieurs apprécieront) mais, théoriquement, au détriment de la vitesse de pointe. Pour autant, celle-ci est loin d'être ridicule puisque nous avons aisément dépassé les 30 nds. Reste qu'il serait intéressant de voir le BF60 à l'œuvre avec une hélice de 19''… Les rendements les plus élevés se situent à 4 000 et 4 500 tr/min avec plus de 2 milles parcourus par litre d'essence consommé. Une belle sobriété pour une allure de croisière bien en rapport avec le potentiel dynamique du bateau. À 4 500 tr/min soit 19,7 nds, l'assiette idéale du Caribe et la discrétion sonore étonnante du Honda (grâce aux basses fréquences) donnent envie de prolonger la balade… L'agrément de navigation se conjugue alors avec une économie de carburant bienvenue par les temps qui courent. En rejoignant le port au terme de notre essai, l'impression est très positive, d'autant plus lorsque les pâles rayons de ce soleil hivernal mettent en valeur le modelé de l'élégant capot du BF60.



photo HONDA BF 60


photo HONDA BF 60


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