Situons d'abord ce nouvel Evinrude et ses plus proches concurrents… Utilisant le même bloc 4 cylindres que son petit frère le 115 E-Tec, il se signale par une cylindrée modeste (1 727 cm3), en tout cas bien inférieure aux 2 507 cm3 des Mercury et Mariner 135 Optimax, ses adversaires les plus directs, puisque dotés comme lui d'une technologie 2-temps à injection directe. Du côté des 4-temps, ces opposants les plus proches sont encore les deux marques américaines, avec le Verado 135, ainsi que le Honda BF135. On peut aussi lui opposer le Suzuki DF140 qui s'était signalé à son lancement par un rapport poids/puissance intéressant pour un 4-temps, avec il est vrai une cylindrée contenue (2 044 cm3). Car, c'est sans aucun doute sur ce point que l'Evinrude abat sa meilleure carte, avec un rapport d'1,36 kg/ch (1,71 pour les Mercury et Mariner, 1,67 pour le Honda, mais 1,33 (!) pour le Suzuki qui garde la palme). Précisons toutefois que les cylindrées des Mercury/Mariner (2 507 cm3) et du Honda (2 354 cm3) sont largement supérieures à celle de l'Evinrude. Ce dernier se montre, il est vrai, particulièrement compact sur le tableau arrière, grâce aussi à son V à 60 degrés (ski, traîne).

*Voyons en route ce que donne le nouvel E-Tec.*

Légère fumée au démarrage, mais discrétion sonore très voisine de celles des 4-temps. Bien pour les manœuvres au port. Une fois franchi les 300 mètres, l'accélération est vigoureuse, et la reprise d'assiette du Bombard immédiate. Il plane en seulement 3 secondes alors qu'il lui en avait fallu 4,2 avec le 115 E-tec et le Yamaha F115, notre record étant de 1,9 seconde avec l'E-Tec 150, puissance maxi applicable au SB 640 ! Toujours au plan des performances, le 130 E-tec, avec 41,6 nds, reste à distance de son grand frère qui détient bien sûr la meilleure vitesse de pointe avec 48,5 nds. Pour leur part, les 115 ch Evinrude et Yamaha ont signé respectivement 38,8 nds et 38,9 nds. Côté rendements, l'E-tec 130 reste au-dessus du mille par litre de 3 000 à 4 000 tr/min, soit une fourchette de vitesse allant de 18,9 à 27,4 nds : parfait pour la croisière économique. L'E-Tec 150 réalise des scores encore meilleurs de 2 500 à 4 000 tr/min (17 à 33,5 nds), jouant de son couple bien supérieur. Nous n'avons pas les valeurs des deux 115 ch, mais elles doivent être assez proches de celles du 130 E-Tec.

Si l'essai avec le 150 ch avait fait ressortir un comportement limite, nécessitant une certaine maîtrise du pilotage, le 130 ch est parfaitement exploitable, sans arrière-pensée. Même trimé à la limite de la ventilation, le Bombard reste docile (léger roulis). Il n'est pas terne pour autant, comme en témoigne sa vivacité face aux vagues, avec une réponse au gaz excellente et une sonorité légèrement "racing", et un effet boostant façon "carbu double corps" (dû au double conduit d'échappement) qui n'est pas pour nous déplaire. À l’évidence, le mariage est réussi entre cette carène plus qu'éprouvée, et ce nouvel Evinrude aux deux visages : vivant lorsqu'on veut du sport et discret en croisière familiale.