Essai Bombard Explorer 690

Fer de lance

Comme attendu, le nouveau fer de lance de la fameuse gamme Explorer va s'installer durablement au cœur du segment des semi-rigides polyvalents. Apte à de nombreuses utilisations grâce à une conception aboutie, il s'accommode sans mal d'un plan d'eau capricieux et s'affiche à un tarif très compétitif.

Texte et photos Philippe Leblond


 à partir de 20 160 € sans moteur (tarif 2016)
 6.9 m
 16
 41,8 nds avec Mercury Verado 200 ch 4T
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Essai paru le 22/07/2016



Cela faisait un moment qu'on l'attendait sur le terrain ! Depuis sa première apparition au Nautic de Paris 2014, il n'avait fréquenté que les salons. La faute à la restructuration puis à la cessation d'activité de Zodiac, groupe auquel la marque Bombard appartient. Cette fois-ci, c'est sur pièce que nous avons pu juger celui qui devrait permettre à Bombard de se relancer, et notamment auprès de sa clientèle de prédilection qui est davantage portée sur l'action que le farniente. L'Explorer 690 annonce d'ailleurs la couleur – si l'on peut dire – avec une robe d'inspiration militaire, combinant le noir des flotteurs et le gris du gel-coat de sa coque, du pont et de ses accessoires. Bref, du sérieux, comme au plan des matériaux utilisés, avec du tissu Orca 1 670 décitex (pas de PVC pour ce modèle), un polyester solidement échantillonné, des inox de qualité… La finition générale est plutôt convaincante, si ce n'est que la confection des tubes se fait toujours avec des lais assemblés verticalement, donnant un effet segmenté, à l'ancienne…

*Stable à l'arrêt et passant dans la vague*

Première constatation sur le ponton du Chantier Naval de La Perrotine, le concessionnaire d'Oléron : à l'arrêt, les flotteurs de ce Bombard sont bien au contact de l'eau, mais lorsque le bateau est déjaugé, ils ne le sont plus. C'est souvent le cas avec des unités dont la carène est en V profond, ce qui est le cas de l'Explorer 690, dont l'angle au tableau arrière atteint 24 degrés. La même valeur que les offshores américains Cigarette, pour ne citer que les plus connus ! Cette carène, qu'il partage avec le Zodiac Medline 660, joue la carte difficile d'assurer un bon passage dans la vague tout en conservant la stabilité à l'arrêt, ceci sans passer par "V évolutif". Cet essai va montrer qu'il y parvient plutôt bien. Les plongeurs ou pêcheurs qui choisissent le pneumatique pour cette stabilité de forme inégalable, histoire de ne pas perdre l'équilibre lorsqu'ils pratiquent leur activité dans une mer pas toujours plate, ne seront donc pas déçus par le nouvel Explorer sur ce point, et apprécieront aussi sa capacité à naviguer à bonne allure dans la mer formée, avec un confort plus qu'acceptable. Son équilibre longitudinal, par mer de face ou d'arrière, est exemplaire, validé lors de quelques allègements sur les crêtes des vagues à plein régime. Les impacts avec le plan d'eau désordonné (clapot de 70-80 cm croisé d'une petite houle) sont plutôt limités. Et aux allures de croisière, on peut encore améliorer le confort en trimant neutre voire négatif, pour faire travailler l'étrave en lame de couteau. En virage aussi l'Explorer fait preuve de savoir-faire : docile, sain, précis, il enroule les courbes rapides avec aisance, et conserve un grip ferme, même lorsqu'on ressert le rayon de braquage sans réduire les gaz. Par contre, dans ce cas, le V profond "assoie" un peu le moteur et le Verado peine un peu en sortie de virage. Autre bémol quant au comportement, l'équilibre latéral un peu moins tenu lorsqu'on navigue à haute vitesse avec mer et vent par le travers. Le roulis s'installe progressivement et quelques petits coups de raquette obligent à travailler au volant. Mais, rien de bien inquiétant…

Rayon performances, la V-max que nous avons obtenue sur un plan d'eau pas idéal pour aller chercher les derniers nœuds, reste un peu en retrait de nos espérances. Un œil sur le compte-tours qui "coince" à 5 800 tr/min, en bas de la plage de régimes recommandée par Mercury, alors que nous naviguions peu chargé, nous laisse penser que le choix de l'hélice n'est pas optimal. Il nous a manqué, au bas mot, 500 tr/min. Une 19 pouces devrait faire mieux que la 21 de l'essai, surtout si le bateau est destiné à naviguer à pleine charge. L'absence de fonction débitmètre ne nous a pas permis de mesurer les consos instantanées, mais les rendements seraient clairement pénalisés par ces quelques nœuds manquants. Du coup, les accélérations y gagneraient aussi, bien qu'elles n'aient rien d'anémiques.

*Dommage qu'un vivier ne soit pas proposé…*

Un plan de pont bien dégagé et de plain-pied, voilà qui plaira aux pêcheurs, plongeurs et autres baroudeurs. Par contre, les premiers nommés ne manqueront pas de pointer du doigt l'angle formé par le retour de pont sur le flotteur, à hauteur de tibia. Dès lors, difficile de prendre appui sur le flotteur en action de pêche… Ils regretteront aussi le fait que la cale percée dans le plancher, à l'arrière du pont, ne puisse être mise à profit pour un vivier optionnel. En revanche, la facilité à se mouvoir d'un bout à l'autre du bateau, grâce, entre autres, au poste de pilotage décalé sur tribord, et les vide-vite surdimensionnés sont des atouts pour traquer le poisson dans la houle. Le tableau de bord spacieux permet également de monter tout l'arsenal électronique nécessaire à la détection, et le leaning-post (pas loin d'être un modèle du genre) propose une position de conduite confortable, debout ou assis (cale-pieds), ainsi qu'un grand vide-poches sous l'assise et à sa base, une sangle de maintien pour y entreposer une glacière, une boîte de pêche, ou une caisse de plongeur… Il offre également quatre supports de cannes inox ! Bien vu aussi le nable de carburant avec son bac de débordement, pour éviter de répandre de l'essence sur le pont. Moins bien, par contre, la mini delphinière et son davier qui ne débordent pas suffisamment du nez du bateau et occasionneront du ragage au mouillage. En accord avec sa conception de semi-rigide multitâche, l'Explorer propose une banquette arrière biplace en option, ce qui, avec le siège pour deux moulé à l'avant de la console et le leaning-post, porte le nombre de vraies places assise à six. De quoi aussi sortir en famille, non ?



photo Bombard Explorer 690


photo Bombard Explorer 690


photo Bombard Explorer 690


photo Bombard Explorer 690


photo Bombard Explorer 690





Conclusion : En raison de sa carène en V profond, l'Explorer 690 réclame une certaine puissance pour exprimer tout son potentiel. Selon nous, 150 chevaux font figure de motorisation basse. Au moins, avec sa longueur inférieure à sept mètres, le nouveau Bombard ne pénalise pas son propriétaire quelle que soit puissance qu'il choisisse, puisqu'il échappe aux taxes de francisation. Au gabarit routier, flotteurs gonflés, il est taillé sur mesure pour le nomadisme et son plan de pont fonctionnel ravira les utilisateurs sportifs. D'autant que pour un "semi" en Hypalon, il affiche un prix alléchant !




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