Essai BWA 34 Open America

Rambo veut le même

Sa carrure phénoménale, son aménagement qui va à l'essentiel et les 700 ch qui ne demandent qu'à ouvrir le feu donnent au 34 Open un look d'interceptor. Que ce soit sur mer calme ou sur la houle d'Atlantique, le pilote, qui officie avec les deux V8 dans le dos, apprécie d'emblée ce tempérament "cash".

Texte et photos Philippe Leblond


 71 323 € sans moteur (tarif 2016)
 10.0 m
 36
 54,4 nds avec 2 x Yamaha 350 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 72 Juillet/Août 2009




Voilà une monture peu ordinaire… C'est quand même le second semi-rigide open par la taille chez BWA (il y a un 42 pieds !), qui s'est forgé ces dernières années, l'image d'un chantier catégorie poids lourds. Et lorsque, par goût de la démesure, un client fantasque fait installer sur son tableau arrière une paire de V8 Yamaha totalisant 700 chevaux, (soit presque le maximum autorisé) ça donne un cocktail détonnant. De fait, il suffit de pousser franchement les accélérateurs électroniques des F350, les seuls hors-bord V8 du marché, pour enregistrer une poussée démoniaque qui propulse ce gentil monstre hors de l'eau, en quatre secondes tout rond. "Et, tu vas voir, la vitesse maxi n'est pas mal non plus ! me lance Georges Pujolas, distributeur de la marque sur le bassin d'Arcachon avec sa société BAT Marine". En effet, tandis que les V8 aspirent l'air à pleins poumons, les cristaux liquides du GPS semblent pris de frénésie… Le régime maxi est atteint en moins de temps qu'il n'en faut à Michel Desjoyeaux pour frapper un nœud de chaise, et l'affichage se fige sur un chiffre qui impose le respect : 54,4 nds, autrement dit, en langage terrien, 100 km/h ! L'eau presque lisse du Bassin d'Arcachon défile en accéléré, et les "passes", qui marquent l'entrée dans l'Océan Atlantique sont déjà à portée d'étrave. Le vent est presque nul, mais une longue houle résiduelle d'environ 1,50 m/2,00 m déferle encore sur les bancs de sable, à la pointe du Cap Ferret. L'occasion pour nous de valider le bon équilibre du 34 Open, qui enchaîne les sauts sans transmettre d'appréhension. Les interminables tubes montent au-dessus de la ligne d'horizon puis replongent à peine à la réception, sans trembler, la carène gommant efficacement les impacts avec la mer. L'impression est d'autant plus saisissante que le poste de pilotage est très reculé. Précision intéressante, Georges me confie qu'un lest de 350 kg de sable a été placé dans les fonds, entre le solarium et la console, afin de compenser les presque 800 kg de moteurs en porte-à-faux arrière. Tel quel, le BWA passe bien, et s'avère plaisant à piloter, car réactif et homogène. Attention, ce n'est pas dans l'esprit offshore à l'anglaise, le 34 Open ne faisant pas dans la dentelle, et prenant pas mal d'air sous sa coque en raison de sa largeur. Mais, ne boudons pas notre plaisir… D'ailleurs, la maniabilité en virage de ce grand gabarit est bluffante. Capable de changements de cap et de prises d'angle assez rapides, le BWA enchaîne les virages avec précision, et la prudence avec laquelle on remettait les gaz au début de l'exercice s'évanouit constatant sa bonne volonté à virer court et sans ventiler. De même, à la recherche de la vitesse maxi, en sollicitant franchement le trim, pas d'amorce de roulis… Ce qui nous fait conclure à l'absence de surmotorisation. Force est de reconnaître que le 34 Open a su apprivoiser les deux énormes Yamaha !

Reste que cette machine infernale qu'est le 34 Open ainsi motorisé est avant tout un bateau de grand raid, destiné à parcourir de longues distances sans fatiguer son équipage qui dispose de huit places assises dans le sens de la marche et dans la moitié arrière du semi-rigide, garante d'un certain confort. Cette motorisation confère au BWA une incroyable réserve de puissance qui lui permet de déambuler à 3 500 tr/min, sans forcer, à 31,5 nds ! à ce régime, auquel les Yamaha ronronnent discrètement, le confort est total, et l'autonomie record puisque les réservoirs, totalisant quelque 2 000 litres d'essence, permettent de couvrir d'une traite… 720 milles !

La séduction du 34 Open, à la différence de ces frères de chantiers plus "glamour" que sont les 34 Spider ou 34 Cabin (tous deux disponibles en hors-bord ou in-board), réside quelque part dans sa simplicité. Ici, pas de galbes sophistiqués en polyester, pas de parements de teck, pas de sellerie camel (très tendance) bref, pas d'effet de style… Pour schématiser, on pourrait dire de lui que c'est un semi-rigide simple et facile à vivre. La surface de pont et la facilité de circulation à bord sont telles (passavants de 74 cm !), que l'espace apparaît ici comme un luxe. On peut se mouvoir à plusieurs, sans se gêner, et prendre place où bon nous semble, que ce soit en navigation, pour le bain de soleil (le matelas fait 265 x 200 cm !) ou pour le pique-nique, sans table, à la bonne franquette. Notre bateau d'essai comportait d'ailleurs deux grandes glacières qui, une fois refermées, peuvent très bien servir à poser les amuse-gueules et les verres d'un apéro improvisé. De toute façon, l'aménagement du cockpit laisse une certaine liberté au propriétaire, le catalogue BWA proposant de nombreux accessoires, de la banquette au cabriolet, en passant par l'échelle de bain et la douche de pont…

L'une des caractéristiques majeures du 34 Open est bien sûr sa polyvalence. L'espace considérable en avant de la console plaira aux plongeurs ou aux pêcheurs qui y trouveront la liberté d'action dont ils rêvent (racks à bouteilles, boîtes à pêche ou bac à poissons y trouveront place sans problème). Les saisines en cordelette s'interrompent à mi-longueur du flotteur pour laisser un passage plongeur, et le grand roll-bar en inox propose six supports de cannes. Le leaning-post, comportant sous son assise un bac pour le petit matériel fragile, est bien abrité derrière la haute console de pilotage dont le tableau de bord est un modèle du genre, laissant toute la place nécessaire à l'agencement efficace des instruments moteurs et des aides à la navigation (GPS, sondeur, VHF fixe…). Tout juste peut-on regretter que le compas ne soit pas implanté face au pilote… Sinon, la position de conduite est agréable, avec notamment le retrait de la base de la console pour le placement des pieds. Quant au rangement, pas de problème. L'immense coffrage de proue, à quatre panneaux ouvrants (pas un modèle d'esthétisme…), a de quoi digérer la sellerie du solarium et tout le reste du matériel. Et il reste la base de la banquette pleine largeur en sus !

En revanche, les apparaux de mouillage et d'amarrage sont indignes d'une unité de cette taille. La petite delphinière exhibe un davier, un taquet et des chaumards sous-dimensionnés. Et il nous semble que le guindeau électrique s'impose sur un bateau de plus de trois ou quatre tonnes en ordre de marche ! L'absence de taquets à la poupe a aussi de quoi surprendre... .



photo BWA 34 Open America


photo BWA 34 Open America





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