Le SeaDNA 999 décoiffe sérieusement, mais il serait réducteur de le cantonner à ses performances hors normes. Cet offshore semi-rigide, né en Grèce mais doté d'un fort accent anglais, fait aussi la part belle aux amoureux du soleil, avec deux solariums, de nombreuses places assises et un pont en teck sur lequel on circule aisément. Une synthèse bien séduisante !
Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et Axel Wyffels
Avec 124 km/h de V-max, en se contentant de 65% de la puissance maxi autorisée (il est possible de monter deux hors-bord de 350 ch !), on peut dire sans se tromper que ce Technohull est tombé dans la "marmite" de la performance à sa naissance. Et encore, lors de notre essai, un léger décalage de hauteur entre les deux powerlifts (les répétiteurs au tableau de bord n'étaient pas bien étalonnés l'un par rapport à l'autre) nous a privés d'une meilleure marque. Résultat, le bateau commençait à devenir légèrement instable au régime maxi. Le lendemain, avec un réglage approprié, nos confrères hollandais du magazine Motorboot ont atteint 68,4 nds (près de 127 km/h) en retrouvant une assiette impeccable. Voilà qui classe ce semi-rigide à la ligne suggestive parmi les ténors du segment. On en veut pour preuve la légère domination qu'il exerce, dans ce domaine, face au Revenger 32 S, référence sportive s'il en est, qui se "contente" de 65 nœuds, il est vrai handicapé par son T-top optionnel, mais doté de deux Verado 300 ch, soit un bonus de 150 chevaux…
Ce SeaDNA, dont le nom revendique posséder l'ADN de la mer, détient en tout cas la molécule de la vitesse. Pour la mer, nous attendrons un prochain essai, car le nôtre s'est déroulé aux portes de Bruges, sur le Canal Baudouin, où est installé Brugge Marine Center (BMC), l'importateur de Technohull. Impossible pour nous, donc, de proférer un avis quelconque sur les qualités marines du Technohull, même si notre expérience nous laisse à penser que sa carène devrait être capable d'allures élevées dans la mer formée. La vidéo qui passe en boucle dans la réception de BMC parle d'elle-même. Autre signe encourageant, le Technohull, bien que fabriqué en Grèce par le chantier éponyme, ne peut renier son influence anglaise, avec une carène due au crayon du talentueux architecte naval, Adam Younger, dont la collaboration est très prisée Outre-Manche (K4+, Renegade, offshores de course rigides ou semi-rigides…). Dessiner des semi-rigides de sport, il sait faire. Se terminant par un V à 23° au tableau arrière, la carène du SeaDNA 999 affiche une étrave fine et profonde, rendue encore plus agressive par son gel-coat au graphisme rouge, lequel souligne également deux discrets redans de vitesse barrant la coque à l'amorce de son dernier tiers. De part et d'autre, trois virures proéminentes et parallèles (c'est très offshore !) encadrent la quille. Qui dit vitesse élevée, dit rendements économiques. De ce point de vue, de 2 000 à 4 000 tr/min, soit de 15 à 43 nœuds, le SeaDNA 900 est capable de parcourir plus d'un demi mille par litre consommé. Et à 39 nœuds, grâce à son réservoir de 490 litres, il offre une autonomie de 245 milles. De quoi effectuer, sans forcer et sans angoisse de panne, un aller-retour continent/Corse plus vite que le NGV.
Riche de son expérience peu commune du semi-rigide et de la course offshore, Kris Deraedt, directeur de BMC, a concocté un montage aux petits oignons (hormis le léger décalage des voyants de lifts) pour le futur propriétaire qatari de ce Technohull. Les deux Verado 225 ch sont placés sur des powerlifts Jack Plate et sa coque est prolongée par deux flaps hydrauliques Kiekhaefer, des fournisseurs de premier ordre. Inutile de dire que les flaps sont restés en position haute durant notre essai sur le canal. Ils ne sont utiles que par mer agitée, de face ou par le travers. Direction hydraulique précise et douce, commandes DTS bien réglées, le pilotage est des plus aisés, malgré le niveau de performance atteint. Le canal n'étant pas bien large, on pouvait douter de la possibilité de virer fort avec une coque aussi longue et 450 chevaux au cul… Doute rapidement dissipé, puisque le Technohull s'inscrit dans les courbes avec un appétit et une précision dignes d'un offshore de course. Gîte intérieure très marquée, grip indéfectible, motricité impressionnante en relance, malgré les Bravo de 28 pouces… Rien à dire, le SeaDNA gâte son pilote ! On salive à l'avance de chevaucher un jour cette coque avec 2 x 350 ch. Nous avons parlé de l'ADN de la vitesse, mais par sa nationalité grecque, le SeaDNA 999 détient aussi celui de la Méditerranée et des plaisirs qui vont avec. De fait, à la différence des semi-rigides britanniques qui dédaignent le confort au mouillage (sauf Scorpion, Cobra et à un degré moindre Revenger, qui ont récemment fait des efforts dans ce sens…), Technohull n'a rien oublié de ce qui fait aussi le charme des semi-rigides sudistes. Bien sûr, le modèle mis à notre disposition fait largement appel aux options (prix du bateau essayé : 212 014 € !), mais Technohull a le mérite de les proposer. Ainsi, on se prend à rêver d'utiliser ce bateau le long d'une côte baignée d'eau chaude, sous les rayons d'un soleil d'été (bye bye le zéro degré du Canal Baudouin !), et de profiter de son impressionnant déploiement de confort : plate-forme arrière recouverte de teck massif (comme le pont d'ailleurs), douchette à la sortie de la baignade, circulation à bord bien pensée (passage latéral arrière, larges passavants, espace généreux entre la console et le solarium avant, convertible en un grand carré pour cinq, voire sept convives avec deux pliants), WC et douche à l'intérieur de la console (175 litres d'eau douce), qui peut aussi servir de cabine de déshabillage grâce à sa toile de tente zippée de haut en bas (1,93 m de hauteur !), éclairage de courtoisie par LED pour les escales nocturnes, glacière électrique, radio FM/lecteur de CD et PM3 avec quatre haut-parleurs, grand taud de soleil… Bref, de quoi satisfaire tout la famille, d'autant que le volume de rangement - bien vu le coffre long à l'avant, pour stocker les coussins sans les plier ! - est à la hauteur de la capacité d'accueil, et notamment du nombre de vraies places assises (neuf avec le siège intégré à l'avant de la console)… Ce semi-rigide grec a beau être étroit (rapport longueur/largeur de 3,7), il sait recevoir ! Sans oublier l'accastillage d'un bateau à usage marin, comme le guindeau électrique fourni en standard avec son ancre.
Conclusion : Alors, ce 999, serait-il le day-boat idéal ? Et bien, nous ne sommes pas loin de le croire… Une construction robuste et légère (coque et pont polyester – bientôt en Epoxy ! - réalisés en infusion), des flotteurs en tissu Orca, un pont en teck, une ligne belle à se damner, un aménagement qui réserve de nombreux équipements de confort et une circulation fluide, un pilotage attractif et sûr, assorti de performances d'un autre monde… En gros, la synthèse réussie d'une carène anglaise et d'un aménagement "méditerranéen".