Essai AGAPI 950

Cabin-cruiser sprinter

Malgré son architecture de cabin-cruiser offrant couchettes et cabinet de toilette, cet imposant semi-rigide est capable de filer d’une escale à l’autre à la vitesse d’un sprinter. Une présence singulière parmi les moins de 10 mètres, un segment de marché sur lequel règnent les productions italiennes…

Texte et photos Philippe Leblond


 114 000 € sans moteur
 9.92 m
 14
 56,0 nds avec 2 x Yamaha 300 ch 4T
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Essai paru le 16/03/17



Kris Deraegt, le patron du fameux Brugge Marine Center, structure belge très portée sur le semi-rigide haut de gamme, nous a donné rendez-vous chez lui pour l’essai de ce nouvel arrivant sur le marché français dont l’importateur, Firros Yachts, est basé à Cannes. Bien que lancé il y a deux ans, l’Agapi 950 n’est importé en France que depuis l’an passé. Il occupe le haut d’une lignée qui se limite, pour l’heure, à trois modèles en compagnie d’un 750 et d’un 800 (le plus récent). La particularité des semi-rigides d’Agapi Boating AB, constructeur suédois fondé en 2006 par Peter et Alejandra Levinas Asplund, c’est qu’ils possèdent tous trois une cabine. Du 750, typé weekender, au 950, typé cabin-cruiser, ces semi-rigides construits par le chantier Delphia Yachts en Pologne présentent une silhouette très voisine, garante d’un véritable effet de gamme et d’une identité forte. Découvrons plus en détail ce 950, dont le look se situe à mi-chemin entre la vedette de plaisance scandinave et le patrouilleur rapide.

*Au ponton*
Il émane de ce bateau une impression de sérieux, voire d’austérité, due en partie à l’absence de couleur, si ce n’est le gris anthracite des flotteurs en Orca Fabric Impression (effet mat texturé), le noir de la sellerie et de l’accastillage, et le gris foncé du revêtement de pont… Heureusement, le blanc du polyester vient contraster, évitant à l’Agapi 950 de passer pour un bateau militaire. De la même manière, les volumes acérés sont tempérés par la courbe ascendante du flotteur qui dégage une étrave dont la hauteur impressionne. Notez, qu’à l’arrêt, les tubes du 950 ne touchent pas l’eau. La présence de larges bouchains inversés assure néanmoins une bonne stabilité à l’arrêt. Et en dépit d’une largeur modeste pour sa longueur, l’Agapi présente un cockpit assez spacieux, surtout s’y l’on tient compte de la banquette additionnelle tournée vers l’arrière (parfaite pour suivre les évolutions d’un skieur ou d’une bouée tractée !) et placée dos à dos avec la banquette principale. L’un des points fort de l’aménagement de pont est sans conteste la convivialité et la capacité d’accueil du carré. Rendez-vous compte qu’en basculant le siège de pilotage vers l’arrière, et avec les deux banquettes latérales (escamotables) il est possible de pique-niquer à neuf autour d’une grande table amovible plantée sur deux pieds colonne ! Une chose rare, même sur un semi-rigide de ce gabarit. Il est possible de transformer cet espace pour le bain de soleil ou y passer la nuit, comme nous allons le voir… Non prévu pour cet usage, le pont avant peut également servir de solarium.

Venons-en à ce qui fait la spécificité de l’Agapi 950 : sa capacité de couchage. Il fait partie des rares semi-rigides de moins de dix mètres proposant jusqu’à six couchages. Bien sûr, il ne s’agit pas de trois cabines doubles au sens noble. Il y a évidemment la couchette double principale logée dans l’étrave, proposant de belles dimensions : 193 x 162 cm. Pour ce qui est des deux autres couchages de cette même cabine (1,53 m sous barrots à l’entrée), ils sont composés d’une seule et même couchette de 197 x 108 cm, dont la relative étroitesse s’explique par le présence, à bâbord, de la porte qui ouvre sur le cockpit, et du cabinet de toilette. On pourra y coucher un adulte ou deux jeunes enfants. Au-delà de cet hébergement « en dur », le chantier propose aussi un kit camping (taud en forme de tente) qui permet de « privatiser » le cockpit, offrant alors une deuxième grande couchette double. Voilà de quoi partir en petite croisière, en famille. Dommage que le cabinet de toilette (1,37 m de hauteur), équipé d’un WC marin électrique et d’un petit lavabo, ne dispose pas d’une douche… Dans l’espace cabine dont la décoration mêle Alcantara gris clair et gel-coat brillant, la sobriété est encore de mise.

*En mer*
Installons-nous maintenant aux commandes de ce gros semi-rigide que Brugge Marine Center a équipé de la puissance maximale, avec deux Yamaha 300 ch. Les « nouveaux » V6, dont la cylindrée cumulée atteint presque 8,4 litres ! Et l’on se dit, avant de prendre lecture des mesures fournie par notre GPS, qu’il faudra bien 600 chevaux pour faire avancer cette grosse unité. Erreur ! Les chronos d’accélération et la V-max sont tellement ébouriffants, qu’on pourrait décemment se passer de 200 des 600 chevaux tout en restant performant. Primo, compte tenu de son architecture de cabin-cruiser, l’Agapi 950 est plutôt léger avec ses deux tonnes (sans moteur). Deuxio, les flotteurs qui ne touchent pas l’eau préservent intacte la glisse du polyester. Du coup, la barrière des 50 nœuds a explosé. En atteignant les 56 nœuds, et de surcroît avec le frein que représente son hard-top en carbone, l’Agapi signe une performance maîtresse, tout comme au déjaugeage et de 0 à 20 noeuds avec, respectivement, un 3’’2 et un 4’’0 détonants !

Difficile d’affirmer quoi que ce soit quant à son comportement en mer formée. Notre test sur le Canal Baudoin étant loin de mettre à l’épreuve la carène hauturière de l’Agapi. Quelques croisements de sillages, en souplesse, donnent une indication positive sur la douceur de la carène (impacts réduits, pas de résonance), mais c’est tout ce que l’on peut en dire. Par contre, force est de constater que ce grand semi-rigide s’accommode parfaitement des 600 chevaux, en dépit de la poussée vigoureuse et de la V-max très élevée. Le pilotage est même facile, le comportement franc et évolutif de la carène étant même surprenants pour un bateau de ce gabarit. Tout juste peut on déceler un allègement de l’étrave à plein régime, dégradant légèrement la tenue de cap, en raison de la portance générée par le hard-top. En courbe, l’Agapi est capable de virer court, même avec une bonne dose de gaz (ça tombe bien, le canal n’est pas super large) et malgré la bimotorisation, faisant preuve d’une motricité sans faille pour se relancer en ligne droite. De retour au ponton, il se manœuvre aisément en jouant des inverseurs des deux Yamaha, la précision des commandes électriques aidant. Au besoin, le propulseur d’étrave optionnel (présent sur notre bateau d’essai) pourra donner un coup de pouce, notamment en cas de fort vent latéral.

Avec l’Agapi 950, ce jeune constructeur suédois démontre un certain talent à produire des semi-rigides habitables et fonctionnels. Tel quel, le plus grand d’entre eux fait valoir de sérieux atouts, avec la présence de nombreux éléments de confort (plan de pont, équipements) qui n’hypothèquent en rien ses qualités dynamiques ets son niveau de performance.



photo AGAPI 950


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