Essai Salpa Soleil 33

Plus rien ne s’oppose à la nuit…

Rapide, bien équipé, élégant par sa ligne et la qualité de ses finitions, le plus grand des Salpa fait une entrée remarquée dans le domaine du semi-rigide de croisière. Il est vrai que sa confortable cabine donne envie de prolonger le séjour à bord, bien au-delà du coucher du soleil. La nuit, pour mieux retrouver le soleil ?

Texte et photos Philippe Leblond


 138 540 € sans moteur
 10.25 m
 16
 48,7 nds avec 2 x Evinrude 300 ch 2T
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Essai paru le 07/02/2019

Fiche technique

Longueur 10,25 m
Largeur 3,5 m
Diam. maxi des flotteurs 74 cm
Nbre de compartiments 0
Puissance maxi 2 x 400 ch (588,8 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 2 x 275 – 2 x 350 ch
Poids sans moteur 2750 kg
Rapport poids/puissance 5,4 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 16
Couchage 2
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 450 l
Catégorie CE B
Constructeur Nautica Salpa S.r.l. (Italie)
Importateur Soleil Bleu Yachting (13 – La Ciotat)
Droits annuels sur la coque 342
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 700



Il a beau se prénommer Soleil, ce semi-rigide de 33 pieds ne craint pas l’obscurité. Sa belle cabine invite en effet à passer la nuit au mouillage. Rentrer au port le soir venu n’est plus un impératif. Les amateurs de croisière vont sans doute se laisser séduire par cette option, sachant que pour le reste, le Soleil 33 possède également la panoplie du parfait day-boat : zone de baignade fonctionnelle, surface de bain de soleil remarquable, carré convivial servi par un bloc-cuisine, poste de pilotage ergonomique… Bref, on n’est pas loin du sans faute. C’est d’autant plus remarquable qu’entre le premier coup de crayon et la mise de ce luxueux semi-rigide, il ne s’est écoulé que 101 jours ! Et en l’espace de même pas deux ans, avec l’arrivée récente du Soleil 28, Salpa commercialise aujourd’hui trois semi-rigides de belle facture.     



Au ponton



Après l’essai convaincant du Soleil 23 (voir notre essai sur ce site), nous étions plutôt confiants avant de prendre les commandes du Soleil 33 qui reste le modèle-amiral de la gamme semi-rigide de ce chantier, proche de Naples, produisant depuis longtemps (1984) des bateaux de plaisance rigides (5,70 à 16 mètres). Dès le premier coup d’œil, on comprend que l’on va embarquer sur un quelque chose de bien. La qualité perçue est élevée, et l’on ne trouve rapidement que des qualités, ou presque, à ce 33 pieds. A commencer pas son plan de pont extérieur qui, malgré la présence d’une confortable cabine, demeure à la fois fonctionnel et convivial. L’expérience de Salpa transpire de chaque détail, à l’exception de deux ou trois petites choses qu’il serait possible d’améliorer. Par exemple, nous ne sommes pas partisans des taquets rétractables comme ceux de la poupe (plate-forme et plats-bords), auxquels nous préférons ceux (fixes) de l’avant, qui équipent la delphinière. De même, les ressorts, qui permettent de maintenir ouverts les couvercles de coffres, seraient avantageusement remplacés par des vérins pneumatiques… Pour le reste, on ne décèle pas, de prime abord, de réel défaut de conception. On peut toutefois se montrer critique à l’égard de la dotation de série : sur un bateau de ce gabarit et de cette philosophie, ne pas « offrir » le guindeau électrique et la table de pique-nique est une erreur, quitte à ce que le prix du bateau grimpe un peu, ce qui est possible puisqu’il est très attractif.



Voilà pour les griefs. Notre visite détaillée ne relèvera pas d’autres manquements, au contraire ! Le Soleil 33 est un beau semi-rigide à la ligne séduisante, au cahier des charges bien ciblé, sans parler du sérieux de la construction et des finitions. Les espaces extérieurs s’enchaînent harmonieusement, autour du poste de pilotage et de la cabine, pour offrir les lieux de détente privilégiés que constituent la grande plage de bain, facile d’accès et avec douchette à portée de main, le salon de pont convertible en solarium XXL ou en dînette pour huit, grâce à sa table télescopique à commande électrique, sortant directement du plancher, ou encore le spacieux solarium avant que l’on rejoint en toute sécurité via les larges passavants, en se tenant aux mains courantes bordant la cabine… On appréciera à l’avant, le discret coqueron de polyester renfermant les apparaux de mouillage, dont le guindeau avec sa commande locale, au pied. Sous le matelas de solarium - on en profite pour louer le moelleux de l’épaisse sellerie, que ce soit ici ou dans le carré – se trouve un profond coffre de rangement et le capot de pont de la cabine. D’autres coffres, sous la longue banquette en U ainsi que des équipets ouverts dans les bordés, complètent la capacité de stockage. On trouve bien un peu de rangement dans le bloc-cuisine adossé au double siège de pilotage, mais le frigo occupe la majeure partie du volume.      



Un coup d’œil au poste de pilotage avant de descendre dans la cabine… Le double bolster à coque polyester, bien enveloppant et doté d’assises rabattables, procure deux confortables places que ce soit pour naviguer debout ou assis, le pilote bénéficiant d’un cale-pieds. De son côté, le copilote appréciera la main courante qui lui garantit une bonne prise. Le tableau de bord n’est pas en reste, offrant pas mal d’espace et un agencement pertinent. Il est possible d’intégrer un GPS-traceur à écran de 9 pouces, en plus de l’afficheur Evinrude, de la radio Hi-Fi Fusion et du joystick commandant le propulseur d’étrave, une option à 5 664 € qui nous semble facultative sur un bimoteur tel que celui-ci. Le pilote appréciera aussi le compas, bien centré dans son champ de vision, et la disposition des commandes (volant vertical et leviers de gaz rapprochés). Précisons cependant qu’un pilote de moins de 1,75 m se sentira un peu éloigné s’il désire s’adosser au fond du bolster. Notons enfin la présence d’un petit vide-poches en filet, un accessoire pratique trop souvent oublié, même sur des semi-rigides haut de gamme…  



L’accès à la cabine se fait facilement via la large porte coulissante en plexi fumé et quelques marches. L’habitabilité met immédiatement à l’aise, avec une hauteur sous barrots de 1,77 m dans l’entrée et la perspective offerte par la grande couchette double (1,87 m x 160 m), d’autant que la lumière du jour pénètre généreusement par le grand bandeau vitré bâbord et le capot de pont. La décoration aux tons clairs (gel-coat blanc, bois blond ou façon cérusé, tissu beige) amplifie l’impression de volume. Le complément central de la couchette se convertit facilement en carré si l’on veut prendre l’apéritif en toute intimité, ou simplement regarder un programme à la TV. La salle d’eau, élégante et bien éclairée (même hublot que dans la cabine), procure un confort appréciable pour les escales en mouillages forains, grâce à sa douche alimentée par un réservoir d’eau douce de 120 litres.   



En mer



Après ces impressions très favorables lors de ce « tour du propriétaire », voyons quel sera notre ressenti aux commandes de ce puissant semi-rigide, équipé de deux V6 Evinrude développant chacun 300 chevaux. Autant le dire tout de suite, nous n’allons pas être déçus, tant par le comportement marin et le pilotage que par le niveau des performances…



Commençons par les différentes figures de notre protocole d’essai. En premier lieu, quelques runs à des régimes différents. Quelques accélérations progressives, une pointe jusqu’au maxi, puis deux allures de croisière que nous qualifieront de référence, à 3 500 tr/min et à 4 500 tr/min, en prenant soin d’apprécier le niveau de confort à bord dans toutes les directions de mer, ainsi que la signature sonore de ces deux-temps rageurs. De tout point de vue, le bilan est très bon, avec un comportement homogène et une belle aisance de la carène qui garantissent une prise en main facile, malgré les 600 chevaux piaffant dans votre dos. Avec son V très profond (28° au tableau arrière), son brion d’étrave offensif et son redan qui réduit la surface mouillée des œuvres vives et amortit les reprises de contact avec le plan d’eau, le Soleil 33 gomme le clapot de 50 cm et franchit les sillages de vedettes passagers (environ 1 m) avec une facilité dérisoire. Idem dans les hauts régimes, avec une tenue de cap impeccable, même sous overdose de trim. Et le comportement en virage est du même tonneau (si j’ose dire), avec une inscription limpide entrainant une prise de gite modérée (les flotteurs ont un diamètre important) et régulière, servi par un guidage d’une grande précision, jusqu’en sortie où l’accélération se fait en pleine motricité, avec un grip ferme mais pas piégeux malgré la puissance.



Le moment est venu de préciser que le Soleil 33 est homologué pour 2 x 400 ch ! A l’aune de ce que nous avons constaté avec les Evinrude, cela devrait bien se passer, mais on risque de tutoyer les hautes sphères de la performance… Déjà, nous avons relevé 48,7 nœuds, mais avec un antifouling un peu sale. Ainsi, le Soleil 33 vaut facilement plus de 50 nœuds avec une carène vierge. En ajoutant 200 chevaux, on va très certainement chatouiller les 60 nœuds. Comment le Soleil 33 se comportera-t-il à l’approche de cette marque ? Difficile à dire. Nous serions curieux de l’essayer avec deux Mercury Verado 400… En attendant, revenons à nos mesures. Après cette jolie pointe de vitesse, jetons un œil aux allures de croisière. Déjaugé à seulement 2 250 tr/min soit 15 nœuds, le Salpa offre au pilote une belle marge de manœuvre pour adopter l’allure qui convient aux conditions de mer, ou à… son emploi du temps. Les meilleurs rendements se tiennent de très près (de 0,33 à 0,33 m/l en passant par 0,35 m/l) sur une large plage de régimes, de 3 000 à 4 500 tr/min, avec des vitesses allant de 19,2 à 39,5 nœuds, l’allure la plus économique ressortant à… 4 000 tr/min, soit 32,2 nœuds ! Dès lors pourquoi se « traîner » ? En tenant ce rythme, l’autonomie est de 140 milles, de quoi accomplir une traversée Nice/Calvi, ou inversement, sans se soucier de ravitailler, et ce en à peine trois heures ! Elle est pas belle la vie ?  



 



photo Salpa Soleil 33


photo Salpa Soleil 33


photo Salpa Soleil 33


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Qualité de réalisation        

Comportement          

Performances        

Equipement      

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix        

Le comportement et les performances
La cabine agréable
Le plan de pont fonctionnel et convivial
La grande plate-forme de bain
La qualité de réalisation
L’équipement de série un peu restrictif
Le siège pilote un peu loin des commandes
Les taquets rétractables
Les ressorts pour maintenir les capots ouverts

Face a la concurrence…

Modéle 100 Ivoire ou Ebene 34’ Premium Prince 33 Sport Cabin
Marque BSC (Italie) BWA (Italie) Nuova Jolly (Italie)
Imporlation Réseau de revendeurs Réseau de revendeurs FBM (06 – Mandelieu La Napoule)
Longueur 9,95 x 3,54 m 10,30 x 3,65 m 10,20 x 3,50 m
Nb de personnes 14 24 12
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 107 400 € (sans moteur) 147 840 € (sans moteur) 173 077 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 48,7 nds à 5 500 tr/min
Vitesse de croisière rapide 39,5 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 25,8 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 4,8 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 5,8 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 15,0 nds à 2 250 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 56 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 7 h 15 min
Hélice de l'essai inox 3 pales