Pour marquer l’année de son 60e anniversaire, le chantier Lomac s’est fendu de deux éditions limitées. Son choix s’est porté sur deux des modèles les plus emblématiques de sa gamme haute : l’Adrenalina 10.5 et le GranTurismo 10.5. Deux semi-rigides de la même dimension mais légèrement divergeant dans leur conception. Le premier plus sportif que le second, le second plus orienté confort que le premier… Nous aborderons prochainement le GT 10.5, mais dans l’immédiat c’est de l’AD 10.5 que nous allons vous parler…

Au ponton

Le 10.5 est le plus grand des modèles de la fameuse lignée Adrenalina. Apparu il y a trois ans (voir essai de la version standard sur ce site), il sort aujourd’hui dans une version « Limited Edition » à l’occasion du soixantième anniversaire du chantier milanais. A cet effet, l’AD 10.5 se fait plus chic encore, avec quelques éléments décoratifs signés d-factoryitalia qui lui confèrent une identité plus luxueuse. Le plus évident de ces atours n’est autre que la superbe sellerie cuir traitée marine (une option à 19 500 € tout de même !), qui va même jusqu’à garnir l’insert central des V8 Mercury, le tableau de bord et les hiloires de cockpit. Cet épais cuir, d’un rouge profond, s’étend aussi au couchage de la console-cabine, dont la signature olfactive donne l’impression de pénétrer dans l’habitacle d’une Maserati Quattroporte. On appréciera, comme sur l’AD 10.5 originel, les deux dînettes : la grande à l’avant, la petite à l’arrière (tablette rabattable sur le bloc-cuisine). Rappelons que l’Adrenalina 10.5 est directement dérivé de l’AD 9.5 dont il reprend les cotes (même carène), son supplément de longueur provenant de l’adjonction à la coque, d’une chaise-moteurs (bracket) procurant un allongement fictif de la flottaison et permettant aux hélices de travailler dans un flux d’eau plus dense, à l’écart du tableau arrière, en vue d’augmenter les performances. Autre différence notable avec son aîné, un poste de pilotage majoré, avec une console et un leaning-post plus larges. Ainsi, le pilote bénéficie d’un tableau de bord plus spacieux. Il en est de même de l’assise de pilotage. La console-cabine y gagne aussi avec un couchage plus ample, toujours selon le principe d’une conversion des lits jumeaux (195 x 48 cm) en un lit double (195 x 142 cm), à l’aide d’une extension du matelas qui vient couvrir le WC chimique. A ce sujet, Lomac propose en option un WC marin avec réservoir d’eaux noires… Si elle n’est pas destinée à de longs séjours en mer, cette cabine sera on ne peut plus appréciée pour y dormir le temps d’une sieste ou d’un week-end, lorsque le soir venu, vous n’avez pas envie d’abandonner la crique de vos rêves. Le petit bloc-cuisine formé par le corps du leaning-post propose, en option, un petit évier et un réchaud pour faire chauffer le café du matin, le réfrigérateur faisant, pour sa part, partie de la dotation standard. Pour la douche, en revanche, il faudra se rendre sur la plateforme de bain… Cette dernière, à deux étages, est garnie de vrai teck à joints noirs, comme le plancher du cockpit. Autre avantage en comparaison de l’AD 9.5, un grand solarium arrière, permanent, avec un dossier basculant vers l’avant pour en augmenter la surface (160 x 216 cm). L’édition limitée ajoute un fin hard top, monté sur une armature inox peinte en noir qui ne l’est pas moins, le tout ayant le mérite de ne pas alourdir la ligne, ni de rehausser le centre de gravité. Saluons aussi les nombreuses possibilités de customisation proposées à l’acquéreur, mais la liste des options, longue comme celle d’une berline allemande, grève sérieusement le tarif de base.

En mer

Comme tout Adrenalina qui se respecte, l’AD 10.5 possède un tempérament de pur-sang. Il suffit de laisser traîner un œil sur notre bulletin d’essai pour apprécier les chiffres… Vitesse maxi, 56,7 nœuds (avec le T-top, trois personnes à bord et 380 litres d’essence), 3’’7 pour déjauger, 4’’5 pour passer de l’arrêt à 20 nœuds ! Il n’y a pas à dire, les deux V8 Mercury de 300 ch à embase AMS (Advanced Mid Section) poussent fort. Et, de surcroît, ils savent se montrer discrets au plan sonore et économiques aux allures de croisière. Rendez-vous compte qu’à 3 500 tr/min, soit à 28 nœuds, leur consommation cumulée n’est que de 60 litres à l’heure ! A ce régime, il est possible de couvrir jusqu’à 235 milles, ce qui pour des navigations en mer Méditerranée offre de nombreuses perspectives et espace singulièrement les stops à la pompe de carburant. Et, dans le cas où le temps presse, le capitaine peut pousser les gaz à 4 500 tr/min, soit à 40,3 nœuds, régime auquel il dispose encore d’une autonomie de 200 nautiques… Vous l’aurez compris, cet Adrenalina est une machine à « raccourcir les distances », et pour cela sa carène au V aiguisé garantit à l’équipage un confort au-dessus de la moyenne. Dans une houle de 60 à 80 cm, et quelle que soit la direction de la mer, on ne ressent quasiment aucun impact. A pleine vitesse, bien trimé, les quelques petits allègements au-dessus de l’eau sont suivis de réceptions en souplesse, avec une assiette proche de l’horizontale. Un régal ! Idem dans les virages pris en mode sport, où le Lomac s’inscrit naturellement en courbe, avec une gîte intérieure marquée et un grip constant, assorti d’un guidage d’une grande précision, quel que soit le rayon de braquage, et sans déclencher de ventilation des hélices. En sortie de virage, le couple généreux des V8 yankee fait merveille. Au final, cet Adrenalina 10.5 distille des sensations de pilotage assez rares, grâce aux qualités de glisse de sa carène - merci à l’architecte naval attitré, Federico Fiorentino ! - le tout avec un sentiment de sécurité qui met rapidement le barreur en confiance.