Essai Mar.co E-motion 29

Tellement latin !

Cet élégant et ambitieux semi-rigide pourrait servir de manifeste à la culture italienne du semi-rigide. Tout y est fait pour séduire le futur propriétaire, tant par un soin poussé du détail que par des audaces de conception. Mais, le 29 e.motion n'est pas que dans l'apparence, il est efficace et performant en mer.

Texte et photos Philippe Leblond


 115 680 € sans moteur (tarif 2016)
 8.9 m
 16
 49,1 nds avec 2 x Suzuki 300 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 88 Mars/Avril 2012



Ah, il a fière allure ce Mar.Co ! Lancé il y a trois ans, c'est-à-dire deux années après celui qui lui a servi d'esquisse (l'e.motion 32), ce superbe cabin-cruiser de 29 pieds se remarque tout de suite par un style à la fois personnel et séduisant, duquel émane une qualité de réalisation supérieure à la moyenne. Et encore, la version "Mirabilis", qui avait été exposée au Salon de Gênes et de Paris il y a deux ans, est encore plus travaillée (souvenez-vous du gel-coat métallisé !)… Mais, cette version intermédiaire (porteuse de quelques options), qui arbore un superbe pont en teck – plats-bords et plate-forme de bain compris - en jette déjà bien assez. Dans le port de Bari (Italie du Sud-est), où nous avions rendez-vous pour l'essai, le 29 e.motion était amarré "nez à quai". Qu'à cela ne tienne, la pointe avant, traitée en plate-forme avec escalier, permet d'embarquer sans avoir à jouer les équilibristes. Le matelas du solarium n'étant pas encore en place, on commence par fouler le teck massif, impeccablement posé, puis les plats-bords qui se terminent eux aussi en escaliers, sur la plate-forme de bain. Un premier bon point pour l'aisance des déplacements !
Une fois à bord, on ne sait plus où donner du regard : à l'agencement général, qui met en scène un grand carré de poupe en U (huit personnes) en liaison avec le leaning-post abritant la kitchenette, ou au détail qui, en l'occurrence, réside dans une table qui n'est autre que le plancher qui vient se placer sur un pied colonne pour les repas, ou un cran plus bas pour former un vaste solarium. Voilà une astuce parmi d'autres qui démontre, tout à la fois, l'ingéniosité et le pragmatisme des concepteurs italiens. On note également les taquets de poupe repliables (pas de risque pour les orteils), les crépines inox des nables de vidange du cockpit, l'astucieux mât servant de support aux feux de navigation et antennes (moins encombrant et plus esthétique qu'un roll-bar), les mains courantes bien disposées (à l'échelle de bain, au dos du leaning-post, à l'emplacement copilote et en arc de cercle le long des passavants), sans oublier l'éclairage de cockpit pour les escales nocturnes.
Avec, comme vous le constatez toujours le souci du confort… Dans cette optique, le nombre et le volume des coffres de rangement est à la hauteur du programme "croisière" du Mar.Co, le morceau de choix étant la cabine (1,70 m sous barrots à l'entrée) avec sa couchette double et sa salle d'eau comprenant lavabo en inox encastré dans un plan de toilette en wengé, WC marin électrique et douche. La ventilation est assurée par deux hublots latéraux et un capot de pont circulaire (non opérationnel lorsque le solarium est à poste). On trouve également une douchette sur le pont à la poupe et les opérations de mouillage sont facilitées par un guindeau électrique doté d'un compteur de chaîne. Devant tant d'égards et de raffinements, tout juste pourrait-on réclamer une finition un peu plus poussée dans la cabine, où la pose des vaigrages n'est pas irréprochable…
Comme le montre sa vraie cabine, sa double motorisation et sa certification B (à notre avis, un 350-chevaux risque de s'avérer un peu juste pour le poids en ordre de marche), le 29 e.motion se destine aux longues navigations en équipage. Avec un tel "destrier", la Corse après tout est à moins de trois heures au régime de croisière rapide (35 nœuds) avec les deux Suzuki 300 ch, soit la motorisation maxi ! Les 500 litres du réservoir sont largement suffisants pour effectuer cette traversée encore plus vite, si l'état de la mer le permet. Pour notre part, nous nous sommes contentés de quelques runs sportifs dans une houle résiduelle suffisante pour provoquer quelques petits décollages, lors desquels l'assiette s'est révélée parfaitement équilibrée, le V profond de la carène assurant des réceptions en souplesse. Seule frustration, le manque de feeling au gaz en raison des commandes électriques (mais, ces dernières se rachètent au port par leur douceur et leur précision). Malgré ses trois tonnes en ordre de marche, le Mar.Co donne une sensation de docilité et de vivacité étonnante. Les virages de différents rayon, attaqués énergiquement, sont enroulés avec maestria : inscription instantanée avec une gîte intérieure modérée, trajectoire précise, motricité intacte en sortie… Efficace ! Et plaisant, car à la barre les sensations sont présentes (presque 50 nœuds, quand même !), mais avec un sentiment de grande sécurité, tant le bateau se montre stable, même à fond avec un trim copieusement positif (pas de roulis). La barre hydraulique avec assistance et les commandes douces ajoutent à l'impression de facilité. Quel que soit l'angle sous lequel on attaque la petite houle, le 29 e.motion fait admirer la rigueur de sa tenue de cap et ne montre aucune propension aux coups de raquette. Il supporte très bien les 600 chevaux de cette double motorisation, mais devrait pouvoir se contenter de 2 x 200 ch sans perdre l'essence de sa philosophie : naviguer loin, vite et confortablement.



photo Mar.co E-motion 29


photo Mar.co E-motion 29


photo Mar.co E-motion 29


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