Essai Master 730 Open

Master Chef !

Bien installé dans le peloton des valeurs sûres de la production transalpine, Master sait coller aux tendances du moment en faisant évoluer ses modèles avec un art consommé. À l'exemple de ce séduisant 730 Open, sur une carène dessinée en 2001 et qui suscite toujours l'enthousiasme. C'est ça, l'expérience !

Texte et photos Jacques Anglès


 37 440 € sans moteur (tarif 2016)
 7.34 m
 18
 43 nds avec Honda 225 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 88 Mars/Avril 2012



Pourquoi changer de carène quand on a la bonne ? Or celle du 730 Open, après dix ans d'une carrière sans faute, se classe toujours parmi les meilleures du moment, confirmant le jugement de Pneu Mag de 2002 : "le Master 720 n'aspire qu'à une chose, naviguer et, dans ce domaine, il ne craint personne". Pour autant, mis à part les qualités marines, le nouveau 730 Open n'a rien à voir avec son aîné tant en termes d'esthétique que d'aménagement du pont.
Parlons donc d'élégance. Avec son flotteur au ton sable blond souligné de parements gris perle, son cockpit blanc immaculé garni de selleries sable brun et ses finitions inox impeccables, le 730 Open a de la classe sans jouer les m'as-tu-vu. Parlons aussi de qualité, en commençant par le flotteur… Celui-ci est bien sûr en CR/CSM (néoprène-hypalon), type Orca 1 760 décitex de Pennel-Flipo, une sinon la meilleure référence des tissus pour canots pneumatiques. L'architecture est à six compartiments, avec une coupe en long "à l'italienne" (sans cloisonnement apparent) et des extrémités hémisphériques. La réalisation est impeccable, qu'il s'agisse du tube lui-même ou de ses garnitures : liston périphérique (doublé sur le tiers avant), grosses poignées en caoutchouc, mains courantes en sangle sur toute la longueur, renforts sur la zone arrière. Le polyester est tout aussi soigné, avec un gel-coat uniformément brillant et des détails traités dans un esprit marin (antidérapant efficace, angles arrondis, bon drainage du fond de cockpit…).
Le moule de pont comprend les coffres avant et arrière, et remonte d'une quinzaine de centimètres le long des flotteurs, formant une poutre qui concourt à la rigidité de la coque, La console et le leaning-post sont boulonnés sur une zone démontable du plancher, ce qui permet d'accéder au réservoir de carburant ou aux fonds, en cas de besoin. La qualité est également au rendez-vous du côté de l'accastillage en inox. Enfin, l'équipement standard inclut l'arceau arrière en inox, l'échelle de bain escamotable, la sellerie complète (solarium avant compris), la douche de pont, le réservoir de carburant inox, etc. Autant dire qu'il n'y a pratiquement aucune option à prévoir.
L'agencement en trois zones, assez classique dans cette taille, est traité ici avec intelligence. Par exemple, l'avant offre un grand solarium avec un plateau central calé entre des coffres de proue disposés en V. Ce plateau, muni d'un pied amovible forme table, ce qui permet d'installer en quelques secondes un coin repas pour six personnes. Autre bon point, pour la poupe cette fois, où la banquette se convertit en un second solarium (plus petit qu'à l'avant) tout simplement en basculant le dossier vers l'avant. Et, une fois ce solarium en place, on dispose encore d'un passage derrière le leaning-post. Au centre, la haute console de pilotage, avec siège frontal intégré, s'ouvre sur un abri où l'on peut installer un WC (la hauteur étant toutefois limitée). Les passavants extra larges facilitent les déplacements, avec en contrepartie un poste de pilotage strictement monoplace (dommage sur un bateau de cette taille), où il manque un vide-poches. En revanche le tableau de bord est très lisible et offre assez de place pour l'électronique de navigation (VHF, Sondeur, GPS...). À l'arrière, n'oubliez surtout pas de replier le bord postérieur (articulé) du solarium avant de remonter le moteur, au risque d'endommager le capot moteur (ou la sellerie), le premier venant buter sur la seconde. Malgré ces remarques, le bilan "plan de pont" reste largement positif.
Un cockpit agréable à vivre, c'est bien, mais il faut aussi que le bateau fasse ses preuves en mer ! Vu l'excellente appréciation dont nous avions gratifié la première version de ce modèle en 2002 (essai dans Pneu Mag n°27), c'est avec curiosité que je mets le contact. Commençons par une petite critique pour le leaning-post et le volant, un peu bas à notre goût, avant de dire le meilleur : la facilité et le confort remarquables de cette carène en toutes circonstances. La grande longueur de flottaison et l'efficacité du V profond procurent une stabilité et un amortissement dans les vagues, tous deux excellents. Le cockpit reste sec et la coque montre une bonne rigidité, même si l'on décèle de légers bruits parasites du côté des capots avant. Autre bon point de la carène, sa réactivité au trim, ce qui permet de régler idéalement l'assiette selon l'allure. Le bateau étant gourmand de trim, il ne faut pas en abuser afin d'éviter une perte de stabilité, celle-ci ne survenant toutefois qu'à haute vitesse. Et même à ce stade, le Master 730 reste franc : il commence à se dandiner, sans partir brusquement "en vrac" comme cela se produit sur certaines carènes. Bref, le pilotage est toujours plaisant, avec un équilibre qui se confirme en sauts de vagues, où le bateau reste bien en ligne, avec des reprises de contact sans heurts (ce genre de figure étant toutefois déconseillé en balade familiale). Quant au bon chrono de 43 nœuds, obtenu à seulement 5 600 tr/min, il pourrait probablement être amélioré avec une hélice plus courte que la 17-pouces de notre essai. Une vitesse de 45-47 nœuds paraît à la portée de ce bon semi-rigide. On y gagnerait également en nervosité, bien que l'on n'ait nullement à se plaindre des 5 secondes pour passer de 0 à 20 nœuds, ni du déjaugeage en 3,5 secondes, très rapide pour une unité de cette taille. Reste qu'un 200 ch (plus économique et éventuellement plus léger, selon les marques) devrait combler la grande majorité des utilisateurs, pas tous férus de pure performance. Excellent en ligne droite, quel que soit l'angle d'attaque des vagues, et particulièrement confortable en vitesse de croisière (25-30 nœuds de 3 500 à 4 000 tr/min), le Master 730 est tout aussi à l'aise en virages, ou l'on apprécie sa direction précise, celle-ci se révélant néanmoins assez ferme en sortie de virage à droite. En longues courbes rapides, comme en virages serrés, le bateau suit au millimètre la trajectoire que le pilote choisit. L'accroche est dans tous les cas excellente, avec une gîte qui reste raisonnable en virages serrés, et il faut pousser cette coque à l'excès pour déclencher la ventilation de l'hélice. En résumé, que du bon !



photo Master 730 Open


photo Master 730 Open


photo Master 730 Open


photo Master 730 Open





CONCLUSION
Marin de la proue à la poupe, voilà ce qui peut résumer ce grand semi-rigide, qui reste cependant transportable avec le flotteur dégonflé. Pilotage ludique, qualités marines, cockpit confortable, rangements pratiques, les bons points s'accumulent sur l'essentiel, sans éviter quelques critiques de détail. Avec un 225 ch, le bonheur est au rendez-vous, mais on peut se satisfaire d'un 200 ch. Dans les deux cas, ce modèle se classe très haut dans sa catégorie, et ceci d'autant mieux qu'il bénéficie d'un équipement standard généreux.




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