Essai Master 996

Un trio efficace

La paire de V6 Suzuki s'accorde à ravir avec ce grand semi-rigide hauturier, prêt à avaler les milles sans fatiguer son pilote et ses passagers. Ses performances remarquables, le confort de navigation qu'il procure, sont une incitation aux lointaines escales. D'autant que la cabine offre la possibilité de séjourner à bord, sans se soucier de retourner au port.

Texte et photos Philippe Leblond


 195 000 € (toutes options) avec 2 x Suzuki 250 ch 4T (tarif 2015)
 9.98 m
 20
 46,5 nds
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Paru dans le Pneumag n° 105 Janvier/Février 2015



Dernier-né de la pléthorique gamme du chantier sicilien (une quarantaine de semi-rigides de 4,50 m à 10 m), le 996 s'inspire directement des lignes du 699, apparu deux ans plus tôt. On retrouve, en bien plus grande, la même silhouette dynamique, où les deux demi arceaux polyester rejetés vers l'arrière font écho à la console profilée. Un mouvement qui s'équilibre avec l'étrave tendue haut vers l'avant, où se rejoignent deux flotteurs de diamètre progressif, affinant encore la ligne. Que ce soit au ponton ou en mer, cette esthétique élancée ne laisse pas indifférent. D'autant que Master est depuis longtemps présent sur le marché hexagonal. Ce 996, avec ses presque 10 mètres, vient donc coiffer la lignée "plaisance/famille" qui cohabite avec une série d'unités pour la pêche ou la plongée (Diving). Ce navire-amiral ne manque pas d'allure, dans sa livrée sobre mais classieuse. Soit dit en passant, le constructeur propose un choix assez large de coloris tant pour les tubes que pour le gel-coat ou la sellerie, sans supplément de prix. Digne d'un pur bateau de jour, le Master 996 possède un plus en la présence, sous le pontage avant, d'une cabine suffisamment spacieuse pour abriter une grande couchette double, un WC marin et une douchette, cette dernière venant en supplément de celle extérieure, située à la poupe. Ces deux commodités désignent le Master comme bateau de petite croisière, et l'on appréciera aussi les équipets latéraux fermés, de part et d'autre du lit. En revanche, bien que l'ouverture frontale de la console soit ample, l'accès à cette cabine n'est pas très commode. L'encombrante échelle (même si elle est amovible) qui plonge sur la couchette n'est pas pratique et l'absence de hublots (mais ils sont prévus !) ne plaide pas en faveur d'une bonne ventilation, et l'on éprouve un sentiment de confinement lorsque la porte est refermée. Il n'en demeure pas moins que cette cabine élargit les horizons de son propriétaire, sans pénaliser le plan de pont dans la journée, contrairement à certains semi-rigides où le pont avant s'en trouve fortement "chamboulé". On en veut pour preuve la présence de l'immense solarium (sans doute l'un de plus grands sur ce segment de marché) qui, ajouté au bain de soleil arrière, spacieux lui aussi, porte à quelque huit mètres carrés la surface de bronzette ! Hormis ces espaces de relaxation, on notera aussi la présence du carré de poupe accueillant, grâce à sa banquette en U, où l'on peut prendre place à six ou sept, mais surtout à sa table qui jaillit du sol à l'aide de son pied télescopique électrique, permettant de régler la hauteur désirée (pratique pour le pique-nique des jeunes enfants). Ce dispositif, inauguré par la marque de vedettes italienne, Fiart Mare, au milieu des années 90, est des plus astucieux : pas de manipulations fastidieuses, ni d'encombrement au stockage… Une aubaine, d'autant que cette table de bonne dimension sert de complément au solarium, lorsqu'on la rabaisse à hauteur de l'assise de banquette. Un petit bémol cependant : lorsque la table est dressée, il est difficile d'accéder au bloc cuisine (évier et plan de travail) adossé au siège pilote. C'est pour cela que le frigo s'ouvre côté pilotage… Malgré l'absence d'un classique arceau (en option), le cabriolet n'a pas été oublié. Il est simplement rangé dans sa gorge, en périphérie de la banquette en U. Pratique.
Au plan de l'équipement, notre bateau d'essai était généreusement pourvu. Mais, il est vrai que la dotation standard, octroyée par Master à son vaisseau-amiral, est assez complète. A l'exemple du guideau électrique à télécommande, dissimulée dans la delphinière en polyester, du taud de soleil, de la table de carré électrique, des plates-formes de bain avec échelle intégrée, de la douchette extérieure avec son réservoir de 107 litres… On notera aussi la qualité de l'accastillage, notamment des grands taquets articulés, du robuste davier basculant, des mains courantes de console, ou des couvercles de capots assistés de vérins à gaz.
Avant de pousser franchement les deux leviers de gaz vers l'avant et d'éprouver le plaisir de la poussée énergique des deux V6 Suzuki, une première remarque nous saute au visage : le tableau de bord est tellement haut, qu'un pilote de petite ou moyenne stature est obligé de lever le menton pour voir ce qu'il se passe devant le bateau. A ce sujet, Grégory Conrad, le distributeur de Bormes-les-Mimosas, se veut rassurant : "Le chantier a déjà prévu une petite estrade en teck et inox." Tant mieux. Pour le reste, la position de conduite est plutôt satisfaisante, tant assis que debout, grâce à l'assise rabattable du leaning-post et au retrait de la console au niveau des genoux. Quant au tableau de bord, c'est un modèle du genre : les commandes sont en bonne place, et l'on dispose de toute la place nécessaire pour l'intégration des aides électroniques à la navigation (connectivité NMEA).
A l'issue d'un déjaugeage expédié en 4", l'aiguille du compte-tours grimpe rapidement et les chiffres du GPS plus encore. On passe la marque des 20 nœuds en 4"9 et la poussée se poursuit, inexorable… Encore un petit coup de trim positif et nous obtenons 46,5 nœuds. Un excellent chiffre pour un semi-rigide de cette jauge, qui plus est, freiné par un antifouling. Avec une carène vierge de peinture, les 50 nœuds devraient être jouables. Et les rendements devraient aussi en profiter… Le sillage d'une grosse vedette se présente à point nommé pour se donner une idée plus précise de l'équilibre de cette carène. Je baisse un chouia le trim, et c'est parti pour sortir l'hélice ! Le Master franchit les trois vagues creuses avec une aisance impériale, montrant une assiette parfaitement équilibrée et des réceptions en souplesse, bien en ligne. Par ailleurs, dans le clapot de 50 cm qui parcourt la Baie du Lavandou, le confort en vitesse de croisière est royal. Et l'équipage apprécie la sonorité des hors-bords japonais, discrets jusqu'à 4 500 tr/min. La barre reste douce et précise et la carène très réactive, ce qui donne envie d'enchaîner les virages appuyés. L'inscription est naturelle avec prise de gîte intérieure immédiate. Le guidage précis et le grip constant (pas de coups de raquette) favorisent la motricité en sortie, sans déclancher de ventilation, même lorsqu'on raccourcit franchement le rayon. Un régal !



photo Master 996


photo Master 996


photo Master 996


photo Master 996





Conclusion
Nous retiendrons en priorité le plaisir de pilotage, avec une prise en main aisée, malgré la puissance maxi (500 ch), ainsi que les performances de haut niveau et les qualités marines de cette carène. Et une fois mouillée l'ancre, le 996 sera un hôte de qualité, avec un carré spacieux et convivial, une super surface de matelas pour bronzer et, pourquoi pas, la tentation de passer la nuit à bord grâce à sa cabine avec sanitaires.




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