Essai Narwhal WB 620

Et plus si affinités…

Bien qu'appartenant à la série "Work Boat" (bateau de travail) du constructeur espagnol, ce nouveau modèle est capable de se faire accueillant grâce à une option bain de soleil. Ajoutez à cela sa présentation soignée en voilà un semi-rigide capable de séduire une clientèle plus large que les seuls plongeurs ou pêcheurs.

Texte et photos Philippe Leblond


 11 448 € sans moteur (tarif 2016)
 5.99 m
 15
 36,1 nds avec Suzuki 115 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 67 septembre/octobre 2008




Soigneusement fini, doté d'un équipement de qualité et de rangements commodes, ce "Work Boat", bien qu'initialement destiné à une clientèle quasi professionnelle, pourrait ne pas laisser insensibles les plaisanciers attachés au semi-rigide traditionnel, c'est-à-dire sans fioritures et suffisamment léger pour faciliter le transport, la manutention et l'entretien. Voyons plutôt comment se présente le plus grand modèle d'une série WB qui compte trois autres semi-rigides (400, 480 et 550)… Les flotteurs en PVC présentent des sections marquées, comme chez Zodiac et Bombard, faisant appel eux aussi à l'assemblage par soudure à chaud. C'est moins élégant que les tubes d'Hypalon à l'italienne, aux courbes plus fluides, mais le travail est soigné, pour ne pas dire impeccable. On ne distingue pas plus de découpes approximatives que de bavures de colle… Une épaisse bande antiragage à profil inférieur défléchissant fait le tour des boudins, seulement coupée à l'avant par un guide de mouillage bien profond, afin de ne pas laisser dévier la chaîne d'ancre. Le pont ne comporte que peu d'éléments contremoulés : les deux coffres avant (dont celui du mouillage), les deux renforts du tableau arrière et les équipets latéraux qui exploitent le volume à la base des flotteurs, celui de bâbord pouvant recevoir des cannes à pêche, la gaffe et les avirons (les skis ne rentrent pas). La console, au dessin élégant, et le siège de pilotage, dont la base sert de coffre et contient la batterie avec son coupe-circuit, sont boulonnés sur le plancher en contreplaqué marine stratifié. Les seules vraies places assises sont donc au nombre de trois, si l'on compte le coussin du coffre avant, praticable seulement au mouillage. Mais, grâce au large passage disponible à bâbord, il est toutefois possible d'asseoir deux ou trois personnes sur les flotteurs. Ainsi, si le WB-620 peut revendiquer un programme familial, ce ne sera pas pour une famille nombreuse. Pourtant, la grande audace de ce semi-rigide baroudeur, au plancher dégagé et au creux de cockpit important, c'est de proposer un solarium de belles dimensions (183 x 127 cm). De quoi rendre jaloux les modèles de la gamme Lux ! La capacité en coffres est augmentée par la console qui, si elle contient en sa base le réservoir d'essence en aluminium, n'en possède pas moins deux étages de rangement. Celui du bas s'ouvre en basculant latéralement la partie haute de la console (sur charnières), et comporte un bac amovible bien pratique pour les affaires humides. Celui du haut peut donc faire office de vide-poches bien sec. Un bon point aussi pour le tableau de bord dont l'agencement garantit une bonne lecture des cadrans moteur, tout en réservant une large place pour les aides électroniques à la navigation. Bien vu aussi, le dossier basculant en position de leaning-post, ainsi que la façade de console en retrait, mais... La position de conduite serait idyllique s'il n'y avait pas le moulage du conduit de réservoir d'essence, en face de la jambe droite du pilote… Convaincant à quai, le Narwhal doit encore faire ses preuves en dynamique. Or, la baie de la Corogne est agitée par une brise soutenue (5 Beaufort), levant un clapot agressif. Disons-le tout de suite, le WB-620 va s'en tirer haut la main ! Bien équilibré pour un pilotage sportif, rythmé par des sauts de vagues et des remises de gaz énergiques, il donne confiance au pilote qui ne boude pas son plaisir aux commandes de ce semi-rigide vivant et surtout étonnamment confortable dans ces conditions peu propices à la balade familiale. La carène passe en souplesse, limitant au maximum les impacts et les résonances, grâce à son V marqué, mais aussi à sa coque moussée (certifiée insubmersible). Mer de face, d'arrière, par le travers, toutes les configurations mettent en exergue le caractère marin du Narwhal. On relève tout de même un peu d'instabilité latérale, et une tendance à raquéter avec la mer de trois-quarts. De ce point de vue, les Narwhal sont toujours un peu problématiques, il faut les "prendre en main" et rester concentré. Par exemple, en raison de l'effet de couple de l'hélice, on note un léger penchant vers bâbord, qu'on peut compenser avec du trim positif, et à pleine vitesse, il faut trouver le réglage juste et ne pas hésiter à jouer du volant pour garder le bateau droit sur sa quille. Ce phénomène, présent avec seulement deux personnes à bord, s'atténue avec du chargement. De la même manière, en entrée de virage, on retrouve un peu cette instabilité latérale, avec une tendance au sous-virage quand on rentre fort. Lorsqu'on braque à vitesse plus réduite, le WB-620 prend un peu de gîte intérieure et s'inscrit normalement sur sa trajectoire, mais se redresse aussitôt dès lors qu'on remet les gaz. Pour ce qui est des performances aussi, les résultats sont satisfaisants. En ce qui concerne les 36,1 nds en pointe, on a déjà vu plus rapide, mais il faut noter qu'avec 6 200 tr/mn, on est en léger surrégime, l'hélice à pas court, favorisant l'accélération, et la tenue à la charge. On aurait sans doute pu faire deux ou trois nœuds de mieux avec une hélice plus longue, et 200 tr/m de moins… En croisière, bonne surprise, c'est à 4 000 tr/mn et 23,5 nds que l'on obtient le meilleur rendement, ce qui donne une allure à la fois rapide et économique, avec une autonomie qui passe la barre des 100 milles. Et, si l'état de la mer l'exige, on peut ralentir à 3 500 ou même 3 000 tr/mn, le bateau navigant déjaugé confortablement, tout en restant économe de son carburant. Enfin, le Narwhal tire profit de la forte cylindrée du Suzuki DF 115 pour déjauger en moins de 3 secondes (!) et sans trop cabrer, un avantage pour les amateurs de ski ou de wake..



photo Narwhal WB 620


photo Narwhal WB 620


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CONCLUSION
Simple mais pas rustique, le WB-620 n'est pas dénué de séduction et peut s'adresser à un large public. Dans cette optique, un moteur d'une puissance raisonnable sera souhaitable pour faciliter sa prise en main, tout en offrant un programme polyvalent, incluant notamment le ski nautique. La qualité de la finition, le caractère pratique de ses emménagements et le confort de navigation en font un semi-rigide complet, et le prix auquel il est proposé est un atout supplémentaire.




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