Essai Sillinger 580 Silverline

En toute simplicité

Voilà un semi-rigide sans fard : carène et cockpit bruts d'aluminium, plan de pont complètement dégagé, poste de pilotage avec bolster individuel, flotteurs avec pièces d'usure… Pas de quoi flatter l'œil des badauds dans les marinas sélectes ! Mais, ce n'est pas le but de ce baroudeur taillé pour les raids tout-temps et les escales tout-terrain.

Texte et photos Philippe Leblond


 28 440 € sans moteur (tarif 2016)
 5.8 m
 14
 Vitesse maxi : 41,3 nds avec Yamaha 150 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 79 Septembre/Octobre 2010



En préambule de notre essai, Ivan de Quatrebarbes, le patron du vénérable chantier de Mer, a tenu à préciser, concernant ce bateau d'essai, qu'il s'agissait-là d'un prototype appelé à être aménagé en deux versions plus abouties : Proraid et Silverline. Car, il est vrai que cet exemplaire amarré au ponton de la capitainerie de La Rochelle est des plus rustiques. Peu importe, il possède tout de même ce qui fera la grande spécificité du modèle définitif, à savoir une carène en aluminium. Cette carène en V profond en alu n'est pas plus légère que celle du même modèle en polyester, par contre elle ouvre d'autres perspectives en termes d'utilisation grâce à ce matériau dur au mal, insensible au ragage. Les amateurs d'échouage ou de beachage apprécieront son caractère peu regardant, quant à l'endroit où il posera sa quille. En contrepartie, la coque alu est plus coûteuse que celle en polyester, mais son matériau est plus facilement recyclable en fin de vie…
Sur un tel baroudeur, le tour du propriétaire est vite fait ! Le plancher en alu est brut de matière, et se montre d'ailleurs un peu glissant lorsqu'il est humide. Il intègre un coffre à mouillage profond et doté d'une ample ouverture, flanqué de deux anneaux de levage. Pour le reste, le plancher est de plain-pied, et se termine par un tableau arrière percé de deux énormes dalots à manches de caoutchouc relevables. Le filtre à carburant est fixé à même le flanc du cockpit. Pas d'échelle de bain sur ce modèle en tous points rustique, comme le montrent les câbles du moteur et de la direction courant à même le plancher (ils passeront en dessous sur les modèles de série). Les pagaies sont fixées, comme souvent chez Sillinger, directement sur les flotteurs à l'aide de brides Velcro. Les tubes sont également pourvus d'une double rangée de saisines et d'un renfort d'assise sur leur face supérieure. Le poste de pilotage réunit une console classique (le modèle monté sur les RIB UM et les Proraid) et un bolster individuel MATC, avec son dosseret enveloppant. Le nable de remplissage du réservoir fixe se trouve dans une niche latérale sur la console, dont le pare-brise haut et protecteur est protégé par une solide main courante inox. Le tableau de bord possède suffisamment d'espace pour accueillir un GPS et un sondeur, en plus du compas déjà monté. Le corps de la console renferme le seul rangement du bord, si l'on excepte le puits de mouillage. Bien sûr, les versions Proraid et surtout Silverline intégreront des accessoires complémentaires qui augmenteront le confort du cockpit. Equipé de la puissance maxi, en l'occurrence d'un Yamaha 150 ch 4-temps, le Sillinger 580 n'engendre pas la mélancolie ! Vif, performant et même fun à piloter, il demande un petit round d'observation pour bien cerner ses réactions, car son rapport poids/puissance affûté (moins de 5 kilos par cheval) réclame doigté et vigilance. Mais, une fois bien en main, le pilote se régale à attaquer face à la vague (70 cm de clapot désordonné) avec quelques petits sauts bien digérés par la carène en V profond, et sans les impacts sonores que l'on pouvait craindre avec l'aluminium. En revanche, le bateau passe moins bien avec mer d'arrière, sa carène ayant tendance à "bourrer" dans la vague rattrapée, au lieu de soulager. Par ailleurs, si la tenue de cap, par mer de travers, est plutôt bonne jusqu'à 4 500/5 000 tr/min, la recherche de la vitesse maxi s'accompagne de quelques raquettages qui demande des coups de barre bien sentis pour le conserver en équilibre sur sa quille. Il est vrai que le bougre ne traîne pas en route : 41,3 nds au régime maxi, sur un plan d'eau capricieux. Mais le plus impressionnant, c'est son accélération. Avec seulement 2,2 secondes pour déjauger (cabrage très faible, reprise d'assiette instantanée) et 4,4 secondes pour franchir la barre des 20 nds, le Sillinger alu n'est pas loin de nos meilleures références chiffrées. Impressionnant ! Autre point positif, son réservoir généreux (200 l) devrait lui conférer une autonomie "grand raid", grâce aussi à de bons rendements, notamment en croisière à 3 500 tr/min (21,6 nds). Terminons notre session d'essai par les figures que redoutent certaines carènes : les virages "attaqués". Avec le Sillinger 580, pas de problème… Grâce à une gîte intérieure marquée, il vire fort et court, montrant un super grip et une motricité intacte. En sortie de trajectoire, les reprises sont fulgurantes et le speedo s'envole à nouveau vers les 40 nœuds. Sympa !



photo Sillinger 580 Silverline


photo Sillinger 580 Silverline


photo Sillinger 580 Silverline


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