Essai Solemar S 580

Un V profond qui assure

*En dotant son 580 d'une carène aiguisée, Solemar a clairement privilégié le confort en navigation. Objectif pleinement atteint, même si c'est au détriment de la stabilité à l'arrêt. Pourtant, au mouillage aussi le confort ne manquera pas, à condition d'opter pour la version Deluxe et quelques options. *

Texte et photos Philippe Leblond


 17 280 € sans moteur (18 540 € version luxe) (tarifs 2016)
 5.8 m
 10
 36,3 nds avec Suzuki 115 ch
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Essai paru le 07/04/2016



De cette gamme S Line, lancée au milieu de l'année dernière, le S 580 est le plus grand modèle. Pourtant, chez Solemar, il se place en dessous de la plus petite unité d'une production résolument élitiste qui, jusque-là, courait de 6 à 13 mètres, avec plusieurs modèles à cabine(s) pour la croisière. Le chantier italien a donc fait un grand pas vers la "démocratisation" de ses semi-rigides, visant clairement une clientèle qu'il laissait aux autres… Reste que la "patte" Solemar est encore présente sur les cinq petits nouveaux (430 – 470 – 500 – 540 – 580), comme le montre notre bateau d'essai à la finition soignée et aux flotteurs coupés dans de l'élastomère Orca, dont la qualité n'est plus à vanter. Et, bien que les tubes gris des nouveaux arrivants tranchent avec la sempiternelle couleur ivoire de leurs aînés, la teinte orangée, naguère chère au chantier de Ravenne pour les intérieurs de ses gros modèles, est encore présente avec la sellerie.

Relativement dépouillé dans sa version standard, le S 580 monte le curseur des équipements de confort dans sa version DL (deluxe), et plus encore lorsqu'on pioche dans la liste des options. Le modèle de base a le principal mérite d'offrir un réservoir fixe en inox de 135 litres, une capacité à même de lui donner une grande autonomie et d'espacer les ravitaillements en essence, véritable corvée en haute saison.

*Au ponton*
Comme tous les Solemar, le S 580 offre au regard un aspect qualitatif. Les flotteurs en Néoprène/Hypalon sont assemblés avec soin. Les découpes sont précises et les collages nets. Le travail du polyester est également propre, sans traces de démoulages en périphérie de l'antidérapant façon pointes de diamant… La sellerie, si elle fait belle figure, est en revanche un peu mince et un peu ferme pour apporter le confort attendu. On note également les inox de qualité, que ce soit pour les taquets ou l'armature de banquette arrière, laquelle propose au pilote une assise relevable avec trois crans d'inclinaison, ou se déploie pour le bain de soleil. Un bémol au plan du choix des matériaux concernant les vide-vite du cockpit, en plastique. On les aurait préférés en inox… Un bon point, par contre, pour les valves de surpression qui équipent les flotteurs, chose rare sur les tubes en Hypalon.

Parmi les points forts concernant l'agencement du cockpit, il y a sa profondeur, mais aussi la possibilité de se déplacer facilement de la poupe à la proue, grâce aux éléments décalés à tribord (console et banquette), laissant un large passage côté bâbord. Dommage que l'instabilité latérale, due au fait que les flotteurs ne touchent pas l'eau à l'arrêt, tempère un peu cet avantage… Avec quelques options, le pont offre un confort à même de séduire la clientèle méditerranéenne : grand solarium avant (avec rallonge amovible), bon volume de rangement (notamment la soute arrière, mais dont le capot n'ouvre pas en grand), échelle de bain, douchette, taud de soleil… Il manque néanmoins une petite table de pique-nique et le nombre de vraies places assises se limite à trois : deux au pilotage, plus une sur l'avant de la console. En navigation, il est toutefois possible d'asseoir deux autres passagers sur le boudin bâbord, lesquels pourront se tenir à la main courante de console. Signalons aussi l'absence de poignée pour le copilote lorsqu'il est assis…

*En mer*
Avec le Suzuki DF115, et un réservoir de 135 litres, l'autonomie est de l'ordre de 11 heures à régime modéré. On peut donc estimer que le S 580 est capable de couvrir près de 200 nautiques, ce qui pour un semi-rigide de cette catégorie est rare. Un rayon d'action qui garantie une certaine sécurité lorsque les conditions météo se dégradent et que l'on se retrouve à faire plus d'heures moteur que prévu… Pour ce qui est des autres performances, un rapide coup d'œil aux chronos d'accélération montre que cette puissance est tout à fait suffisante pour animer ce Solemar, malgré une carène au V très prononcé. Considérant le régime maxi obtenu (200 tr/min au-dessus du maxi préconisé), on pourrait monter une hélice au pas plus long, ce qui permettrait de gagner deux ou trois nœuds supplémentaires sur tous les régimes, au bénéfice des rendements.

Plus que le niveau de ses performances, ce qui séduit en naviguant à bord du S 580, c'est le confort dont il est capable dans une mer heurtée. Sa carène au V très marqué coupe la vague de telle façon que le bateau ne subit pratiquement aucun impact dans un clapot de 70 cm. Peu importe la vitesse, il passe en souplesse. Et donne au pilote l'envie d'exploiter toute la puissance du moteur, montrant un bon équilibre longitudinal lors des quelques petits décollages, bien gérés aux gaz. Par contre, avec mer par le travers, son équilibre latéral est plus délicat, avec quelques coups de raquettes, qui sont un peu le tribut à payer à son angle de carène fermé. Signalons, par ailleurs, que le S 580 génère quelques embruns dans les virages pris en mode sportif. Et ce n'est pas le pare-brise de petite dimension qui protège pilote et copilote… Toutefois, ces quelques imperfections ne doivent pas faire perdre de vue que le S 580 est parmi les semi-rigides de moins de six mètres, les plus marins et confortables en mer formée.



photo Solemar S 580


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