Essai Zodiac PRO 850 Open

L'assurance d'un leader

Rien ne semble devoir compromettre le succès annoncé de ce grand semi-rigide de type familial. Difficile en effet de trouver quelques failles significatives dans la copie très flatteuse qu'il a rendue à l'issue de notre essai longue durée : comportement marin irréprochable, performances convaincantes, conception bien maîtrisée, réalisation soignée… De quoi décrocher une mention, et haut la main !

Texte et photos Philippe Leblond


 n'est plus au catalogue
 8.5 m
 16
 50,4 nds avec 2 x Yamaha 225 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 54 Juillet/Août 2006




Les amateurs de cinéma ont parfois raison de se méfier des suites d'un film à succès. Le numéro deux est souvent inférieur à l'œuvre initiale. D'aucuns de nos lecteurs, fervents de grands semi-rigides, étaient aussi en droit de se demander si le Pro 850 Open, présenté officiellement au dernier Salon de Paris, un an après le Pro 20 Man dont il est issue, serait à la hauteur de son excellent prédécesseur… Connaissant les qualités marines de la carène du Pro 20, servant de base au Pro 850, nous n'étions, pour notre part, pas trop inquiets. Restait à savoir si les emménagements supplémentaires, justifiés par un programme plus exigeant en termes de confort, ne pénaliseraient pas le comportement et les performances obtenus avec le Pro 20 (essai dans Pneu Mag n°48)… Répondons sans plus tarder à cette interrogation : c'est non ! Nous avons retrouvé aux commandes du Pro 850, toutes les qualités affichées un an plus tôt par le Pro 20. Le même équilibre, avec une assiette stable en toutes circonstances, que ce soit par mer de face, de travers ou d'arrière, malgré 250 kg de coque et 272 kg de moteur en plus (soit plus de 500 au total). Notre périple autour des îles du Finistère (Béniguet, Molène, Ouessant, Sein), soit environ 115 milles au cours desquels nous avons rencontré des conditions de navigation variées et musclées, nous a apporté la confirmation du talent du plus grand des Zodiac de plaisance. Dans des passages difficiles, que ce soit à Ouessant, au large du phare de la Jument, ou dans le raz de Sein aux abords de Tévennec, avec des courants et un vent proche de force 5, levant des vagues de 2 à 3 mètres légèrement déferlantes, le Pro 850 s'est toujours montré rassurant pour l'équipage. S'il n'a pu nous protéger de quelques paquets d'embruns (rien de plus normal avec ce vent), il a su faire preuve d'une stabilité et d'un confort remarquables. Dans ces conditions, la double motorisation Yamaha – deux 225 ch 4-temps – s'est avérée bien adaptée, avec son couple important mais facile à maîtriser, car disponible dès les bas régimes, permettant de bien gérer les passages délicats en jouant des gaz. Aucune envolée intempestive, ni velléité à enfourner, grâce à sa large proue qui soulage bien par mer d'arrière. Voilà pour le comportement marin. Pour ce qui est des mesures de vitesse, nous les avons réalisées dans les conditions plus clémentes de la rade de Brest, sur un plan d'eau calme, tout juste ridé par une brise de force 3. Ici aussi, le Pro 850 ne nous a pas déçu avec, entre autres points positifs, une vitesse maxi relevée à 50,4 nœuds sur notre GPS. Une belle performance, même tenant compte des 450 chevaux poussant sur le tableau arrière du Zodiac, ce dernier affichant sans doute largement plus de deux tonnes dans les conditions de l'essai avec quatre personnes à bord, le matériel de sécurité, et un réservoir plein de 400 litres d'essence. à ce régime (5 950 tr/mn bien trimé), le Zodiac conserve une belle stabilité latérale, grâce notamment à la présence des hélices contre-rotatives, neutralisant l’effet de couple. Du fait des dimensions généreuses du bateau, la sensation de vitesse éprouvée n’est pas à la hauteur du chiffre. De notre compte rendu d’essai, nous retiendrons deux autres chiffres intéressants : la vitesse minimale d’hydroplanage de 13,5 nds à seulement 2 700 tr/mn, ce qui est très bien pour une carène en V profond de ce poids, et les 34,6 nds obtenus à 4 500 tr/mn, un régime auquel les moteurs ronronnent encore discrètement, et ne consomment pas trop (72 litres/heure au total). Une vitesse de croisière qui pour d’autres ressemble à une vitesse de pointe ! Pour le reste, toujours du bonheur, avec un déjaugeage musclé, marqué par un léger cabrage, et une aisance en virage serré, plutôt bluffante pour un semi-rigide de ce gabarit : guidage très précis de la quille, grande douceur de la barre, même au débraquage, motricité intacte. Bref, rien à redire.

Pour ne rien gâter la visite du cockpit apporte aussi son lot de bonnes choses. Si l’on met d’emblée de côté la déception de ne pas trouver sur un tel navire une échelle de bain (elle est en option !), et l’absence de blocage pour l’assise du leaning-post qui sert de couvercle au grand vide-poches qu’elle recouvre (quand on s’assied, elle bascule vers l’avant) on ne trouve que du positif ! En premier lieu décernons la palme de la conception à la combinaison « impossible », à savoir offrir un maximum de places assises tout en garantissant la facilité des déplacements à bord. De ce point de vue, le Zodiac est sans doute le mieux étudié dans ce segment très haut de gamme, avec pas moins de dix (très bonnes) places assises, et des espaces de circulation idéalement préservés : larges passages de part et d’autre de la banquette arrière, passavants de largeur peu commune, marche pied de chaque côté du solarium pour aider à débarquer (amarrage à couple) sans piétiner le matelas, ou faciliter la montée sur le pont avant… Ceux qui n’ont pas forcément le pied marin apprécieront. Et l’on peut ajouter quatre à six places sécurisées (poignées ou mains courantes) sur les flotteurs, de part et d’autre de la console ! Allez trouver un semi-rigide, même de 8,50 m, qui offre un tel confort pour un équipage nombreux…

Autre point qui mérite d’être souligné : la capacité de stockage. On trouve à bord du Pro 850 un nombre et une variété de coffres et d’équipets peu commun. Au-delà des coffres traditionnels, qui viennent s’ajouter à la baille à mouillage indépendante, il faut souligner les bacs étanches et extractibles des coffres situés sous la banquette arrière et devant la console, qui feront le bonheur des plongeurs ainsi que la cale située au sol, au centre du carré, dont le couvercle est destiné à recevoir l’embase de fixation de la table de pique-nique.

Une option que nous ne saurions trop vous conseiller tant le carré, avec ses trois banquettes biplaces disposées en U, fait figure de lieu privilégiant la convivialité. Il est à noter que le dos du leaning-post comporte déjà une petite tablette, et renferme une grande glacière Igloo. Revenons aux coffres, avec celui de l'avant dont les dimensions sont telles qu'il est prévu pour recevoir le matelas de bain de soleil, permettant ainsi d'y coucher à deux lors des randonnées côtières. Terminons cette revue riche en détails par l'accastillage et le poste de pilotage. Si le beau balcon avant (en deux parties) nous semble discutable (il limite les possibilités d'utilisation du solarium), les mains courantes d'un dessin original méritent le coup d'œil. Et pour cause, celles du poste de pilotage se terminent par une petite boule « miroir » à hauteur du regard, pouvant servir de rétroviseur (bien pour le ski !). Le soin apporté à la conception est d'ailleurs partout présent, avec un petit bac de débordement prévu pour d'éventuelles maladresses lors du ravitaillement en carburant. Les pêcheurs apprécieront la boîte à pêche intégrée, les quatre porte-cannes, idéalement situés, ainsi que les dossiers des banquettes latérales qui, lorsque leur assise est rabattue, constituent un excellent appui ventral en action de pêche. En ce qui concerne l'amarrage, les taquets largement dimensionnés feront l'affaire, de même que la bitte inox dans la pointe avant, destinée aussi à la ligne de mouillage soutenue par un petit davier sur socle. La console de dimension généreuse, mais habilement dessinée (avec un retrait de la façade arrière) offre une bonne protection contre les éléments et tout l'espace nécessaire aux instruments moteurs et de navigation. Autre bon point : le boîtier pupitre, situé au centre, permet de piloter à deux lors des raids sportifs en mer formée. Terminons par la qualité de fabrication qui n'appelle aucune critique, alliant un polyester au gel-coat brillant et un flotteur en Zytex (polyuréthane) proprement assemblé. Toutefois, dans un souci d'esthétique, on préférerait que Zodiac imite les assemblages uniformes, à l'italienne ou à l'anglaise, et opte pour des poignées latérales un peu plus haut de gamme. De la même manière, on déplore les charnières de coffre en saillie, au sol, qui peuvent être source de blessure pour les pieds nus..



photo Zodiac PRO 850 Open


photo Zodiac PRO 850 Open


photo Zodiac PRO 850 Open





Conclusion
Vous l’aurez compris, le bilan de cet essai breton longue durée est largement positif. Hormis quelques petits détails perfectibles, qui touchent plus à la présentation qu’à un défaut de qualité, le Pro 850 s’approche du sans-faute. Il représente, par ailleurs, un complément de gamme intéressant aux côtés du Pro 20 Man, dont le cockpit plus simple s’adresse à des utilisateurs plus sportifs.




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