Essai Black Fin Elegance 7

Un modèle stratégique

Tout nouveaux, tout beaux, les quatre nouveaux Black Fin qui remplacent l'ancienne gamme nous ont dévoilé leurs talents. Esthétiques, confortables et performants, ils s'adressent en premier lieu à la clientèle méditerranéenne. Mais, compte tenu de leurs qualités marines, ces semi-rigides vendus en packages Mercury/Mariner sont aussi capables de naviguer "fortissimo" dans des eaux moins clémentes.

Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR


 Prix 51 310 € avec Mercury Verado 150 ch 4T (tarif 2016)
 6.99 m
 16
 47,6 nds avec Mercury Verado 250 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 102 Juillet/Août 2014



Depuis l'arrivée sur le marché européen de la gamme Black Fin, il y a six ans, une remarque se faisait récurrente, et à juste titre, comme quoi les semi-rigides estampillés "Black Fin" et vendus à travers le réseau Mercury/Mariner étaient des copies de ceux chez qui ils étaient fabriqués : Nuova Jolly. Une identité commune qui prêtait aussi à confusion, pour le chantier italien, géniteur de la marque originelle. Dorénavant, cette filiation sera moins évidente grâce à la volonté des deux acteurs, et a leur travail commun qui a consisté à remplacer les anciens Black Fin (appellation en pieds) par une nouvelle gamme Elegance, se limitant pour l'heure à quatre modèles à la dénomination métrique : 7, 8, 9 et 10.
Pour Mercury Marine, l'objectif était aussi de clarifier le discours commercial, comme le confirme Corine Maquet (Bruswick Marine Europe), responsable de produit Black Fin et Valiant : "Cette nouvelle gamme de semi-rigides se démarque de celle de Nuova Jolly, grâce à de toutes nouvelles carènes, de nouveaux accessoires de pont et la possibilité d'offrir au client une personnalisation plus poussée avec un choix de coloris pour les flotteurs et les selleries. Pour notre réseau de distribution, le fait de posséder une marque légitime apportera plus de cohérence vis-à-vis du produit. Ce sera plus clair." Pour ce qui est de savoir si un développement de cette nouvelle gamme Elegance est à l'ordre du jour, Corine ne "botte pas en touche", mais calme le jeu : "Nous avons démarré à 7 mètres pour, dans un premier temps, ne pas avoir de chevauchement avec la gamme Valiant qui monte jusqu'à 6,85 m. Cette année, nous allons surtout nous attacher à observer comment réagit la demande face à cette nouvelle ligne de Black Fin. Pour l'instant, les retours du Nautic de Paris et des essais organisés pour les concessionnaires sont très positifs."
Les essais presse se sont déroulés en Corse, au départ du port de l'Amirauté à Ajaccio, avec le concours de Marine Diffusion, le concessionnaire local. Mer belle, avec un restant de houle résiduelle, légère brise de sud-ouest, soleil éclatant, température quasi estivale, bref, des conditions d'essai très favorables pour cerner le potentiel de ces quatre Black Fin, nouvelle génération.
Conclusion :
Mercury Marine a eu raison de vouloir se démarquer de Nuova Jolly, afin de donner un caractère plus légitime à sa marque. D'autant que le savoir-faire du chantier milanais est bien présent sur ces nouveaux Black Fin. Le niveau de qualité perçu est toujours au-dessus de la moyenne, avec un travail du polyester qui ne prête guère le flanc à la critique (gel-coat brillant, pas de traces de démoulage, même au niveau de l'antidérapant pointe diamant), et des flotteurs assemblés avec soin à l'aide d'un tissu Orca, dont les propriétés sont déjà connues, offrant de surcroît un large choix dans les coloris. Pour ne rien gâter, le degré d'équipement, même en standard, est suffisamment poussé pour ne pas avoir à se jeter sur la liste des options. Hormis l'équilibre perfectible de l'Elegance 7 (problème de réglage sans doute), les Black Fin se sont révélés performants et faciles à piloter en dépit des puissances élevées retenues pour ces essais. Enfin, cerise sur le gâteau, il y a aussi l'attrait "prix" de la vente en package.



photo Black Fin Elegance 7


photo Black Fin Elegance 7


photo Black Fin Elegance 7


photo Black Fin Elegance 7


En navigation :
Difficile de porter un jugement définitif sur l'Elegance 7, pour ce qui est du comportement. La faute d'une tendance à gîter sur bâbord, qui a un peu gâché les sensations de pilotage. Sans doute un problème d'effet de couple transmis par l'hélice qui s'atténuait, mais pas totalement, sous l'action d'un trim positif. Précisons en passant, que le bouton de trim n'est pas des plus commodes sur les nouveaux boîtiers électroniques DTS, pourtant plus sympas en ergonomie que les précédents. Cette perte d'équilibre s'est surtout sentie lors des réceptions de quelques petits sauts sur la houle du Golfe d'Ajaccio. Il n'est pas impossible que ce soit aussi la raison d'un comportement spécial en virage (inscription laborieuse lorsqu'on braque à vitesse élevée, avec tendance à contregîter). Ce n'est qu'à la faveur d'une nette réduction des gaz que le bateau parvient à prendre sa gîte intérieure et à virer serré, témoignant alors d'un grip radical et d'une relance en sortie sans cavitation de l'hélice. Ce déséquilibre est frustrant car la carène de l'Elegance 7 semble efficace, notamment dans la vague, où elle passe confortablement, aidée par son poids assez élevé (900 kg sans moteur). A vitesse moyenne (entre 3 500 tr/min et 4 500 tr/min), ce semi-rigide se montre d'autant plus agréable que la mécanique sait ce faire discrète au plan auditif.
S'il ne convainc pas, dans l'état, au plan du comportement, l'Elegance 7 affiche des performances de haut niveau, et en premier lieu une vitesse maxi proche des 50 nœuds. Les allures de croisière ne sont pas mal non plus avec, de 3 000 à 4 500 tr/min, des ratios distance parcourue/essence consommée satisfaisants, en particulier à 3 000 tr/min (21 nœuds) avec 0,82 mille/litre. Il est à noter que malgré son poids ce semi-rigide déjauge dès 2 200 tr/min, à seulement 10,4 nœuds. Voilà qui laisse au pilote un panel de régimes de croisière capable de coller à toutes les conditions de mer, que ce soit par mer vraiment formée, ou sur plan d'eau lisse pour effectuer de la distance rapidement. Les accélérations, en demi-teinte, nous font penser qu'il ne faut pas descendre trop bas en puissance. Nous préconisons 175 ch, au minimum.




Au ponton :
Situé en lisière de la taxation française (celle qui touche les coques de 7 m et plus, ainsi que leur moteur) le premier modèle de la nouvelle série Black Fin fait de l'œil aux plaisanciers de l'Hexagone. Par contre, sa largeur excède le gabarit routier, et ceux qui voudront le transporter par la route devront dégonfler légèrement ses flotteurs. C'est aussi la rançon de l'espace, qui a permis d'installer un poste de pilotage biplace, tout en laissant des passavants corrects (2 x 23 cm) et deux beaux solariums (poupe : 184 x 130 cm – proue : 118 x 172 cm). Les places assises ne sont pas en reste avec l'apport du petit siège/strapontin situé sur l'avant de la console, ce dernier apportant une place supplémentaire au carré, lorsque la table optionnelle est dressée pour le pique-nique. Ainsi, sept passagers peuvent s'asseoir en navigation dans le sens de la marche, et cinq autour de la dînette, à l'escale.
La banquette arrière prenant toute la largeur, il est nécessaire d'enjamber le dossier et se faufiler sous le roll-bar inox qui supporte le cabriolet (option), pour accéder aux plates-formes de bain moulées avec le pont. Esthétiquement parlant, il est dommage que l'échelle ne soit pas intégrée… La douchette et les taquets sont à portée de main. La vaste soute arrière s'ouvre en grand, bien aidée par deux vérins, et la place ne manque pas pour stocker du matériel entre les deux batteries. Ce volume est appréciable car la base du leaning-post est "squattée" par un petit frigo. Aux commandes, le pilote est bien installé, mais doit officier debout, car il est impossible de s'asseoir à bonne distance de la barre et du nouveau boîtier DTS de Mercury, plus ergonomique que le premier du nom, mais dont la commande de trim est rétive. Si la mer est formée, les passagers qui veulent se tenir debout en navigation apprécieront les mains courantes du leaning-post et de la console. Mais celles-ci ne sont pas vraiment à portée de main du copilote qui manque de prises pour se tenir. Bien agencé, le tableau de bord n'échappe pas à une critique qui est loin de ne viser que les Black Fin : où est le vide-poches ?




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