Essai Flyer Vintage 660

Naviguez "sixties" !

Pour le renouveau de la marque Flyer, le designer Christian Grande s'est fait plaisir… Ce Vintage 660 est un cas unique dans le monde du semi-rigide, avec son esthétique qui fait référence aux automobiles américaines des années soixante. Un charme singulier servi par un confort de navigation remarquable. Dommage, le choix de la puissance n'était pas au diapason…

Texte et photos Philippe Leblond


 52 182 € sans moteur (tarif 2016)
 6.6 m
 13
 27,0 nds avec Honda 90 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 88 Mars/Avril 2012



Comme une star de ciné, le Vintage 660 fait tourner les têtes, capte les regards… Cette création de Christian Grande (il travaille aussi pour Sacs) est, à notre connaissance, unique dans l'univers du bateau pneumatique. Autant dans le domaine du bateau rigide, le courant esthétique néo-rétro (Riva, Chris-Craft, Aprea Mare, Hinckley, Mochi-Craft…), initié au milieu des années quatre-vingt-dix, a prospéré au-delà de l'effet "niche de marché", autant dans le semi-rigide l'apparition d'un tel concept est inédit. Bravo donc à Flyer qui a su oser ! Reste à savoir si le Vintage 660 rencontrera le succès dans la mesure où cette fois, son clin d'œil esthétique ne renvoie pas aux bateaux d'époque mais à de belles américaines à quatre roues, parées de tous leurs chromes…
La parure du Vintage s'exprime d'abord par des couleurs inhabituelles : flotteurs et coque bleu turquoise, sellerie émeraude, soulignée de blanc. On est ici à l'opposé de l'esprit du semi-rigide pour baroudeur, à dominante noire, doté d'un accastillage rudimentaire. A bord du Vintage, les accessoires au dessin délicat sont autant de références à la voiture de luxe des années soixante : déflecteurs de pare-brise, volant tulipé, commande de gaz Morse chromée (qui n'est pas sans rappeler le levier de vitesse des Buick ou Cadillac), planche de bord en alu brossé avec boutons poussoir inox, rétroviseur, accoudoir central de banquette arrière, ailerons arrière rigides éclairés par micro leds… Pour le reste, d'autres détails mais plus conventionnels attestent du soin apporté à l'équipement (pas d'options, tout est standard !) et à la finition de cet élégant semi-rigide : l'échelle incorporée à la plate-forme de bain, la main courante inox pour aider les baigneurs à remonter à bord, la douche de pont, le cabriolet dont les arceaux et la toile viennent prendre place dans un logement dédié, derrière le dossier de la banquette arrière, les taquets parfaitement positionnés, les feux de navigations à coque inox, le bouchon de nable et l'évent de réservoir, en inox eux aussi, l'ancre traversante à poste dans son écubier, manœuvrée par un guindeau électrique dissimulé, le socle polyester de proue combinant taquet et chaumard, les charnières de coffres inox affleurantes… Bref, la classe !
Autre point remarquable, l'aménagement du cockpit qui lui aussi rappelle l'univers auto, avec ses deux banquettes de forme classique, plantée l'une derrière l'autre. L'astuce consiste à avoir fixé celle de la proue sur des rails, permettant de la déplacer vers l'arrière pour que, une fois les dossiers des deux sièges rabattus, l'ensemble forme un vaste solarium. Un deuxième à la vérité, puisque l'avant du Vintage est aussi dédié à la bronzette, et ce dernier bénéficie d'une surface majorée par la forme arrondie des flotteurs à la poupe. Le confort, c'est aussi la présence du frigo sous l'assise du siège avant, et la présence chaleureuse du teck sur le pont, avec ses lattes transversales et cintrées, une joyeuse alternative au teck toujours posé longitudinalement. Enfin, pour ne pas être en reste, le thème du rangement se décline généreusement entre le coffre du siège de proue (batterie dans son bac, filtre décanteur, poire d'amorçage, réservoir de douchette, tuyaux des vide-vite de gros diamètre) et la superbe soute avant, entièrement enduite de gelcoat brillant de couleur turquoise. Cette dernière comporte deux trappes de visite, pour les fusibles et le mouillage. Détail (bien) pratique, les capots des coffres sont assistés de deux vérins à gaz. Voyons maintenant les aptitudes en mer de cette limousine "old school". Le ramage est-il à la hauteur du plumage ? Hélas, nous ne pourrons pas répondre entièrement à cette question, la faute à un choix de puissance peu en adéquation avec le gabarit du bateau. Et pour cause, avec un rapport poids/puissance qui s'établit à plus de 10 kilos par cheval (un record en son genre !), il ne fallait pas s'attendre à un miracle en termes de performances… La vitesse de pointe obtenue (27 noeuds à notre GPS) est nettement en deçà des "standards" pour un semi-rigide de cet acabit. Et la présence de l'antifouling n'était pas pour arranger les choses (trois noeuds de perdus)… Précisons que Honda Marine Italie revendique 31 nœuds, mais à 5 900 tr/min, alors que nous n'avons pu prendre que 5 300 tr/min ! L'hélice ne devait pas être le même… Même grimace au rayon des accélérations, avec un déjaugeage laborieux et une montée en régime asthmatique. L'excellent Honda BF90 n'y est pour rien, car le combat était par trop inégal. Et c'est vraiment dommage car, même dans ces conditions, le Vintage a laissé entrevoir de belles dispositions, que ce soit lors des nombreux croisements de sillage (au cul d'un Itama 40), montrant une aisance dans la vague remarquable (aucun impact, des retombées en souplesse et bien en ligne) et un comportement en virages "attaqués" impeccable (trajectoire précise, barre souple même braquée à fond, maniabilité, grip efficace, absence de ventilation), si ce n'est une certaine apathie dans les relances en sortie, le V profond de la carène "bouffant" toute la puissance du moteur. Avec des vitesses aussi modestes, les rendements ne pouvaient pas être fameux, et ne le sont pas. Pour exploiter correctement cette carène, il faudra monter au moins 135 chevaux.



photo Flyer Vintage 660


photo Flyer Vintage 660


photo Flyer Vintage 660


photo Flyer Vintage 660





CONCLUSION
Cet étonnant semi-rigide ne laisse personne indifférent. Son style à nul autre pareil, la qualité de sa construction et le soin apporté aux détails séduisent, de même que la convivialité du cockpit, où l'on peut regretter l'absence d'une table. Ajoutons à cela un comportement marin que l'on entrevoit prometteur, à condition de monter un hors-bord nettement plus puissant. Ce charme revival Flyer le fait payer au prix fort : 20 000 euros de plus que le 660 version standard ! Mais il faut considérer que tout l'équipement est fourni en standard, et que cela représente au bas mot 15 000 euros d'options.




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