Essai Joker Boat Mainstream 800 EFB

La séduction et l'efficacité

De la classe à fleur de peau pour séduire, de l'efficacité pour convaincre, voilà les atouts maîtres de ce modèle qui se distingue également par sa motorisation en diesel in-board. Une formule à regarder de près, surtout si vous naviguez souvent ou loin.

Texte et photos Jacques Anglès


 117 600 € avec 260 ch diesel (tarif 2016)
 8.23 m
 16
 38,4 nds avec Hyundai 250 ch diesel
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Paru dans le Pneumag n° 100 Mars/Avril 2014



Avec son habit rouge et noir sur fond de polyester blanc, le Mainstream 800 amarré au quai d'honneur du port d'Hyères affiche dès le premier regard sa forte personnalité, même à l'arrêt. Tel quel, il a de la gueule, mais on peut également opter pour des présentations plus sobres, en piochant parmi les déclinaisons à base de gris, blanc ou sable que propose le chantier. Cela n'enlèvera rien au caractère élitiste de ce grand semi-rigide dédié aux sorties entre amis ou en famille, de préférence en petit comité, le nombre optimal de passagers étant à trouver entre quatre et huit. Le premier signe de cet élitisme se révèle dans le design sophistiqué, à l'image de la console de pilotage, du tableau de bord futuriste ou du grand arceau en polyester incliné sur l'avant et doté en standard d'un double bimini permettant d'ombrager le cockpit, du poste de pilotage à la poupe. On relève au passage une indiscutable parenté avec le modèle Wide 750 du même chantier (essai Pneu Mag n°65), dont il reprend, pour l'essentiel, le plan de pont (solarium avant, console, leaning-post avec bloc cuisine intégré et banquette arrière), mais aussi la carène, allongée d'un bon mètre pour recevoir un moteur in-board. Le bureau d'études en a profité pour peaufiner sa copie avec quelques améliorations : coffre à mouillage abaissé au niveau du pont avant pour donner encore plus de surface au bain de soleil, meilleure accessibilité aux coffres avant (capots plus grands et coussins adaptés), tableau de bord redessiné et plus spacieux, mains courantes sur le flotteur et au poste de pilotage, etc.). Outre l'allongement de la carène, qui confère au Mainstream 800 des proportions plus équilibrées que le Wide 750, le principal "plus" reste le vaste solarium arrière qui prend place au-dessus du compartiment moteur, ainsi que la superbe plage de bain que permet la formule in-board. Dommage toutefois que ce bain de soleil soit en pente douce vers l'arrière et dépourvu de tout garde fou, ce qui en interdit l'utilisation en navigation (risque de se faire éjecter). On apprécie en revanche les deux passages latéraux donnant accès à la plage arrière sans déranger les adeptes du farniente. De manière plus générale, la commodité de circulation est à mettre à l'actif du plan de pont, de même que le confort des places assises dans le bon sens en navigation (trois à l'arrière, deux au poste de pilotage, une devant la console). Autre point fort, les deux bains de soleil géants, annonciateurs de dolce vita méditerranéenne. Mais cette priorité au farniente se paie par quelques faiblesses, la principale étant le manque d'un vrai carré ou, au moins, d'un espace repas digne de ce nom. La tablette rabattable au dos du leaning-post est à cet égard toute symbolique (trop loin de la banquette et trop haute), ce qui est d'autant plus regrettable que l'on dispose d'une mini cuisine (à équiper avec les options), logée sous l'assise de pilotage. On regrette aussi l'absence d'une cabine/WC sous la console, un élément de confort qu'offrent les concurrents directs de ce modèle et la plupart des 8-mètres modernes, ainsi que l'absence d'un coffre assez grand pour ranger les skis nautiques ou le wake-board. Ceci étant dit, la construction est globalement irréprochable, tant pour le flotteur (six compartiments, tissu Orca de 1 670 décitex) que pour le polyester à la finition superbe, ou les renforts structurels rassurants. Terminons en soulignant le niveau exceptionnel de l'équipement de série, en qualité comme en quantité. Tout y est, de la sellerie complète à l'échelle de bain et à la douche, de l'arceau avec feux de navigation à la direction hydraulique et au tableau électrique, sans oublier le gonfleur électrique. Seul le guindeau reste à ajouter pour être absolument complet. Venons-en à la motorisation in-board diesel, proposée par l'importateur français H.E.P., sans exclure d'autres possibilités de motorisation, notamment en essence. Très compact, le Hyundai S250S délivre non seulement des performances tout à fait adaptées au programme de ce modèle, mais aussi des rendements largement supérieurs à tout ce que nous avons pu mesurer sur des canots de même catégorie avec des hors-bords ou des in-board essence. On gagne ainsi sur deux tableaux : une économie d'environ 30% sur le carburant (moins de consommation et gazole moins cher) et une plus grande autonomie, ce qui permet d'espacer les passages à la pompe, toujours fastidieux en saison. Malgré le surcoût à l'achat d'une mécanique diesel, le calcul est à faire, surtout pour ceux qui naviguent souvent ou loin, mais le manque de punch du diesel, surtout au démarrage, décevra les adeptes du pilotage sportif. Nos chronos de déjaugeage (7,5 secondes) et d'accélération (8,3 secondes de 0 à 20 nœuds), viennent confirmer ce manque de punch, malgré l'embase Bravo 3 à hélices contre-rotatives, mais les choses changent dès que le turbo s'enclenche (vers 2 000 tr/min), le Mainstream 800 devenant alors très agréable à piloter. On retrouve les excellentes sensations éprouvées sur le Wide 750, avec encore plus de stabilité longitudinale grâce à l'allongement de la carène. Bien servi par une direction hydraulique efficace (cinq tours), cette très bonne coque répond à chaque sollicitation et s'inscrit avec précision dans les trajectoires. Stable, sûre, accrocheuse en virages (à 3 000 tr/min et 27 nœuds, on vire sur 25 mètres !), cette carène se classe parmi les meilleures, avec juste un bémol en virages serrés, ou elle consomme beaucoup de puissance, avec apparition de la ventilation de l'hélice quand on resserre le rayon à l'excès. Bon point pour les vitesses de croisière, de 20 à 27 nœuds avec un rendement pratiquement constant et un confort de navigation remarquable auquel concourt l'étonnante discrétion du diesel Hyundai, bien insonorisé il est vrai. On peut également se montrer satisfait du chrono maxi de 38,4 nœuds, obtenu avec seulement 250 ch (ce qui est assez peu pour une coque de 8 m). Si cela suffit amplement pour un programme de balade estivale, cette belle carène donne toutefois envie de disposer de plus de chevaux pour explorer tout son potentiel, par exemple avec un Mag 377 Mercruiser essence (320 ch) ou un V8 380 essence Volvo (380 ch). Avec une telle cavalerie, les pilotes confirmés seront à la fête, à coup sûr !



photo Joker Boat Mainstream 800 EFB


photo Joker Boat Mainstream 800 EFB


photo Joker Boat Mainstream 800 EFB


photo Joker Boat Mainstream 800 EFB





Conclusion : Ce Mainstream 800 EFB est assurément un engin très séduisant et bien adapté à un programme estival, avec une prédisposition au farniente sur ses grands solariums. La qualité traditionnelle du chantier milanais est bien présente, de la construction à l'équipement qui est un des points forts de ce modèle. Il n'échappe toutefois pas à quelques critiques, notamment l'absence d'un coin repas doté d'une table assez grande. La motorisation diesel offre de réels avantages en termes d'économie de carburant et d'autonomie tout en délivrant un pilotage agréable et des vitesses de croisière rapides et confortables. Les pilotes sportifs préféreront toutefois des moteurs essence, plus puissants et plus nerveux, pour tirer la quintessence de cette excellente carène.




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