Essai Beluga 21 Open

Impérial au mouillage

Pour un 21 pieds, ce Beluga offre un maximum d'espace et de confort à ses passagers, d'autant que son équipement est assez complet et le volume accordé au rangement exceptionnel. Ce sens de la convivialité est un peu terni par un comportement marin perfectible. Dommage, car les performances sont d'un excellent niveau.

Texte et photos Philippe Leblond


 29 100 € sans moteur (tarif 2016)
 6.2 m
 14
 45,8 nds
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Paru dans le Pneumag n° 57 Janvier/Février 2007




Construit chez Lomac, les Beluga bénéficient d'une synergie de conception avec la célèbre marque italienne ; d'où quelques organes et détails d'aménagement communs. Sur certains modèles, la parenté est assez évidente, ce qui n'est pas vraiment le cas avec ce 21 Open, arborant une silhouette personnelle et une dimension qu'on ne retrouve pas dans le catalogue Lomac qui comporte un 5,95 m et un 6,48 m (600 et 660 In). L'une des différences marquantes, en comparaison des Lomac, réside dans le dessin de la partie avant, où la surface de pont est nettement augmentée par la présence d'une volumineuse delphinière en polyester qui crée un large espace au point de jonction des flotteurs. De fait, cette plate-forme antidérapante, pourvue d'un davier et de deux taquets, intègre un guindeau électrique, ce qui n'est pas fréquent sur un semi-rigide de 6 mètres. En résulte un gain de surface pour le solarium non négligeable. De surcroît, ce dernier se prolonge même jusqu'au siège de console une fois la table du carré abaissée. La console biplace, décalée sur tribord laisse un large passage sur bâbord, celui de tribord n'étant pas praticable. Il est dommage que les commandes soient implantées au centre du tableau de bord, car la place du copilote en souffre, alors que la banquette est capable de recevoir deux personnes, en position assise (il manque cependant un repose-pieds), ou debout en appui fessier, jambes semi-fléchies, puisque l'assise relevable fait office de leaning-post. Ce même siège peut également basculer vers l'avant pour libérer une assise orientée vers l'arrière, en vis-à-vis de la grande banquette (trois à quatre places). Ce qui nous amène à faire le compte des places assises : de six à huit avec le siège situé devant la console. Mention bien donc, mais en revanche la possibilité de s'asseoir sur les flotteurs est très limitée ; une seule place possible : sur le « passage plongeur » à bâbord, entre les deux grosses poignées prévues pour se hisser à bord, le flotteur de droite étant condamné par la console décalée. Les nombreuses places assises, le vaste solarium convertible en un petit carré à l’heure de l’apéritif, le dispositif de mouillage complet ne sont pas les seuls impératifs dans l’optique d’une utilisation en famille ou avec des amis. La capacité de rangement est aussi un passage obligé pour les semi-rigides qui revendiquent ce type de programme, et de ce point de vue, le Beluga place la barre très haut. Rendez-vous compte : on ne dénombre pas moins de cinq coffres – et tous de bonne dimension ! – en supplément du puits de mouillage, situé dans la delphinière. En plus des deux grands coffres sous le solarium, de celui qui se trouve dans la base du siège de console et de celui qui occupe la partie haute de la console s’ajoute la grande cale de la banquette arrière. De quoi stocker sans mal un surplus de matériel, notamment dans l’optique de la croisière côtière, où l’on ne se plaindra jamais d’avoir trop d’équipets. La batterie et son coupe-circuit sont placés dans un bac étanche, dans ce coffre arrière qui abrite aussi la poire d’amorçage et la pompe de cale automatique. Les nables de vidange de cockpit, pourvus non pas de bouchons mais de vannes de fermeture, méritent aussi d’être signalés, de même que le roll-bar inox facilement démontable pour le transport routier, les taquets largement dimensionnés, et l’échelle télescopique, dissimulée sous la plate-forme de bain bâbord.

Le soin apporté à la réalisation des flotteurs est évident. Le tissu Orca de Pennel et Flipo est le 1 670 décitex qui a fait ses preuves. L’assemblage des cônes et des plats-bords en polyester, montés sur l’arrière des flotteurs, témoigne de collages impeccables. Quant au polyester, il est brillant et ne montre pas de défauts de surface.

Sur le tableau arrière, une mécanique déjà familière : le F150 de Yamaha. Ce 4 cylindres 4-temps, à la fois tonique et d’une discrétion sonore appréciable en croisière, est souvent présent dans ce segment du semi-rigide de 6 à 7 mètres. Il convient d’ailleurs très bien au Beluga, comme en attestent les très bons chiffres obtenus tant en vitesse (plus de 45 nœuds) qu’en accélération (déjaugeage en moins de trois secondes !). Coupleux du fait à sa cylindrée généreuse, il délivre une poussée linéaire (comme souvent les 4-temps) qui permet d'atteindre rapidement la vitesse maxi et surtout de sortir de l'eau en un éclair, tout en bénéficiant d'une mise en action progressive. Ce que devraient apprécier les amateurs de ski ou de wake-board… Jouissant d'une bonne position de conduite debout, le pilote peut conserver la maîtrise de la barre et des gaz sans crainte d'attaquer, d'autant que la console laisse une certaine liberté aux genoux. Pourtant, à l'arrivée, il est difficile de s'enthousiasmer pour cette carène (pourtant pourvue d'un redan) au comportement plutôt passif, manquant de sensibilité aux différents réglages de trim. Le « toucher de mer » n'est pas son fort et le barreur en retire peu de sensations malgré des performances en tout point élogieuses. La tenue de cap n'est pas très sereine par mer de travers et d'arrière, où l'assiette piqueuse entraîne l'étrave à pousser de l'eau. Dans près d'un mètre de creux, le nez percute la vague rattrapée plus qu'il ne la coupe. On perçoit également une certaine instabilité latérale avec mer et vent par le travers, alors que face à la vague, le Beluga s'en tire nettement mieux sur ce plan-là. En virage, son comportement s'avère atypique avec un début de gîte intérieure à l'inscription, puis un redressement accompagné d'un dérapage de l'arrière. Mais, heureusement, à la différence de certains autres semi-rigides, le Beluga ne part pas en contre-gîte, se contentant de tourner à plat. Reste que les sensations à la barre ne sont pas des meilleures… D'autant qu'on a noté, dans ce fort clapot, un léger manque de rigidité structurelle qui surprend de la part de ce bateau de bonne facture. Reste le bilan chiffré, qui traduit une large plage de régimes exploitables : de 3 000 à 5 000 tr/mn pour la croisière, soit une possibilité de choisir son rythme entre 17 et 37 nœuds, avec à la clé des rendements économiques à tous les régimes ! Rare. .



photo Beluga 21 Open


photo Beluga 21 Open


photo Beluga 21 Open





CONCLUSION
De retour au port, le bilan est contrasté. Le Beluga marque de nombreux points dans les domaines de l’esthétique, avec une facture élégante, et de la conception avec un cockpit bien agencé, capable d’accueillir confortablement un équipage nombreux. Par contre, en navigation, tout en se montrant brillant sur le plan des chiffres, il ne témoigne pas d’un comportement homogène et n’offre pas au barreur des sensations en rapport avec ses belles performances.




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