L'ancien BF115 a fait son temps. Son bio design trop daté, son poids redoutable, son manque de tempérament justifiaient son remplacement. Son successeur était donc attendu… Il est apparu lors du Grand Pavois, en septembre dernier, et nous avons enfin pu l'essayer le mois dernier ! Nous développerons plus loin nos impressions et vous livrerons quelques précieuses mesures recueillies à bord du Caribe Avantage 610 qui a servi d'étalon. En attendant, attardons-nous en détail sur cette belle mécanique… Première constatation, le nouveau BF115 qui hérite du bloc 4 cylindres des BF135 et 150 affiche une cylindrée considérable, avec 2 354 cm3, soit 100 de plus que son prédécesseur qui revendiquait déjà, et de loin, le plus fort cubage des 115 chevaux du marché. Autre avantage par rapport à l'ancien, le nouveau a maigri de 11 kilos et valorise son économie de poids par une silhouette edge design, modernisée et très esthétique, bien servie par l'impeccable finition Honda. Mais, le BF115 dernier cru s'avère nettement plus lourd que ses actuels concurrents : 20 kg de plus que le plus lourd des autres 4-temps (Yamaha F115) et 49 kg de plus que le plus léger des 2-temps (Tohatsu 115 TLDI) ! En contrepartie, il les écrase de sa titanesque cylindrée : 400 cm3 de plus que le Suzuki (4-temps), tandis que le Mercury Optimax (2-temps) lui rend 800 cm3 ! En contrepartie, il n'est pas le champion du rapport poids/puissance, et s'il n'est pas le choix favorable pour un semi-rigide léger, il devrait parfaitement convenir aux modèles très équipés, ou navigant très chargés, et pour un programme orienté ski nautique.

*Couple et vitesse en hausse, conso en baisse*

Motoriste de grande expérience, tant dans le secteur de l'automobile (plusieurs titres mondiaux de F1) que de la moto (innombrables lauriers en Grand Prix), Honda profite de ce privilège pour enrichir la technologie de ses moteurs marins. C'est ainsi que, comme la plupart de ses frères, le nouveau BF115 peut s'enorgueillir d'un vocabulaire technique majuscule : deux arbres à cames en tête, quatre soupapes par cylindre, vilebrequin à double arbre d'équilibrage (moins de vibrations), triple circuit de refroidissement, injection Pgm-Fi, optimisant la gestion du rapport air-carburant, système ECOmo permettant d'appauvrir le mélange air-essence dans les phases où le moteur n'a pas besoin de fournir beaucoup de puissance (moins de rejets de CO2) et, bien sûr, le système BLAST (calage variable de l'allumage). Ce dernier est particulièrement précieux pour "booster" la phase de déjaugeage d'un bateau, qui correspond au moment où le moteur doit fournir l'effort maximal. Cet effet BLAST se traduit par une crête de couple à 190 nm, entre 3  000 et 4 000 tr/min (donc lors du déjaugeage). Selon Honda Marine, le nouveau BF115 gagne 2,8 secondes par rapport à l'ancien sur 0 à 200 m, et 5 km/h de plus en vitesse maxi. Parallèlement à ce gain en vitesse et accélération, le motoriste japonais revendique une consommation en baisse de 19% en vitesse de croisière, comparée à celle de l'ancien BF115, grâce surtout à sa nouvelle injection et au système Lean Burn Control combiné au dispositif ECOmo…
Côté tableau de bord, sachez que l'instrumentation du nouveau BF115 est compatible NMEA, et répercute au pilote une foule d'informations en provenance des capteurs fixés sur le moteur, avec affichage sur un seul et même écran. En outre, le Honda est équipé d'un contrôle du régime de traîne qui permet de faire varier à volonté son régime, par paliers de 50 tr/min entre 600 et 950 tr/min, d'un alternateur haut débit, d'une alarme de présence d'eau dans le carburant, et d'un embout de rinçage à l'eau douce.

*Verdict de notre test :*

Démarrage au quart de tour. Coup d'œil immédiat à l'arrière du moteur pour constater une fumée éventuelle… Rien. Pas plus que de vibrations d'ailleurs. Détail intéressant, la pissette de refroidissement s'écoule en "facial", sur la droite du moteur. Pratique : pas besoin de se contorsionner pour constater la bonne marche du moteur… Car côté bruit, le chuchotement du ralenti est à peine perceptible lorsqu'on est aux commandes, c'est-à-dire pas bien loin du moteur. Mais, cela devient une habitude avec les 4-temps modernes…
Le temps de sortir du port du Moulin Blanc (Brest), le moteur est chaud. Je pousse l'accélérateur pour déjauger le Caribe 610 afin d'évaluer la vitesse minimale d'hydroplanage. Régime stabilisé à 2 200 tr/min, le bateau plane gentiment à 11,2 nds, ce qui laisse une marge satisfaisante pour déterminer les régimes de croisière. Jusqu'à 4 500 tr/min, soit 31 nds, il y a l'embarras du choix. Et les rendements s'avèrent de premier ordre, avec notamment 2 milles par litre consommé à 24,8 nds (3 500 tr/min). Soit 10 litres (ou 15 euros) seulement pour un aller-retour Lavandou-Port-Cros, à bonne allure, tour de l'île compris ! C'est d'ailleurs cette allure que nous retiendrons comme idéale pour la promenade, le rendement chutant sensiblement à 4 000 tr/min, et la sonorité montant d'un cran à 4 500 tr/min.
Une belle performance que ces consommations, mais ce n'est pas la seule… Le nouveau BF115 délivre des accélérations démoniaques : 2"5 pour déjauger reprise d'assiette comprise, et seulement 4"8 pour parvenir à 20 nds. Des chiffres rares, même dans cette catégorie de semi-rigides légers… Pour ce qui est de la vitesse de pointe, ce n'est pas mal non plus avec 39,9 nds à 6 200 tr/min. Si le BF115 a buté sur les 40 nds, il y a fort à parier qu'avec une hélice au pas un peu plus long, cette barrière serait tombée, puisque qu'avec notre 17 pouces, le moteur était en léger surrégime (200 tr/min de trop). Un choix à parfaire, en fonction de son programme de navigation (à lège, à demi-charge, à pleine charge). Mais tel quel, ce 115 ch à forte cylindrée semble être le maximum qu'on puisse monter sur le Caribe Avantage 610, particulièrement vif avec cette puissance. Les 150 ch inscrits sur la plaque constructeur nous laissent songeurs…