C’est l’une des plus grandes entreprises mondiales, classée 26e à l’indice Interbrand 2022, avec plus de 28 millions de moteurs vendus (automobiles, motos, hors-bords, tondeuses, produits d’équipement), un chiffre d’affaires de 108 milliards d’euros et 230 000 employés à travers le monde. Honda, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, annonce d’ailleurs de fortes ambitions, parfaitement en ligne avec la recherche d’éco-responsabilité actuelle. En 2030, elle prévoit une part accrue de ses produits électrifiés (40 % dans l’automobile, 30 % dans la moto et 36 % dans la marine) pour atteindre, en 2050, la neutralité carbone pour tous ses produits et toutes ses activités. En y ajoutant un taux de sécurité optimal avec zéro accident fatal impliquant des véhicules Honda. Des engagements forts et impactants.
Et pourtant, dans le secteur du nautisme, cette société a une image un peu sage, un peu classique avec une offre de puissance en retrait par rapport à ses concurrents. Aussi, la présentation du Honda BF350, en première mondiale et en simultané au Grand Pavois de La Rochelle et au Genoa Boat Show, en septembre de cette année, marque une étape important pour ce motoriste japonais dans sa quête de dynamisation de la marque. Si les 350 ch restent bien en-dessous des 450, voire 600 ch affichés par certains, ils repositionnent Honda dans cet univers de la plaisance qui, depuis quelques années, connait un accroissement de la taille des bateaux susceptibles d’être propulsés par des hors-bords, ces derniers étant en nette progression par rapport aux moteurs in-bord.
Cette arrivée tardive est aussi révélatrice de la philosophie de la marque. Chez Honda, la précipitation n’est jamais de mise et les produits qui arrivent sur le marché se doivent d’être à leur meilleur. D’ailleurs, ce Honda BF350 n’est pas, comme bien souvent, un moteur « terrestre » marinisé, mais bien un moteur conçu dès son origine pour un usage marin, avec toutes les contraintes que cela comporte. Ce V8 de 4 952 cm3 présente donc un haut niveau de qualité et d’incontestables atouts. A commencer par son design qui se remarque par son aspect moderne, souligné par des détails que l’on retrouve sur les autos et les automobiles, mais aussi – et peut-être surtout – par la finesse de sa ligne, une ligne qui devrait être reprise peu à peu par tous les modèles de la gamme. Disponible en gris, couleur historique de la marque, et en blanc, il s’adapte ainsi avec élégance à la grande majorité des semi-rigides du marché.
Les caractéristiques techniques révèlent pour leur part l’objectif de correspondre à des unités de grandes dimensions. Le BF350 est donc le premier V8 du motoriste, avec 5 litres de cylindrée (4 952 cm3 pour être précis) et 32 soupapes, auquel sont associées des technologies développées par les ingénieurs maison, comme le BLAST, qui apporte du couple au déjaugeage et donc une accélération tonique, et le V-Tec, pour davantage de puissance à partir de 3 500 tr/mn et une vitesse de pointe accrue. Il faut y ajouter le trim automatique qui ajuste l’assiette du bateau en fonction du régime moteur et de la vitesse du bateau, une fonction qui se désactive dès que le pilote appuie sur le bouton pour un usage manuel. Le Cruise Control permet lui de maintenir une vitesse constante quel que soit le régime, un plus pour les pêcheurs à allure réduite, mais aussi pour la pratique du wakeboard. Enfin, un Tilt automatique permet de relever, ou descendre, le moteur sans avoir à maintenir le doigt sur le bouton : deux clics suffisent.
Lors de la présentation à la presse, des essais ont pu être réalisés, mais sur une coque rigide, en l’occurrence un Ranieri Next 330 LX. Le montage en twin a donné une bonne impression générale de ce BF350, à commencer par un bruit tout à fait modéré, une absence de vibration et une montée en puissance régulière et maîtrisée. Ces caractéristiques pourraient laisser penser que ce moteur serait davantage adapté à une clientèle naviguant en famille ou entre amis qu’aux adeptes de la performance et du gros son. Sauf que chacun peut apprécier les nouvelles commandes avec leur grip plus efficace pour plus de précision, les écrans de contrôle de 4,3 ou 7 pouces, et le joystick. Ce dernier donne la possibilité de contrôler son bateau du bout des doigts, à une vitesse inférieure à 6 nœuds, ce qui largement suffisant pour les manœuvres de port. Effectuer une rotation sur place à 360 degré n’est plus un problème et la prise en main se révèle simple. Si un « clac » se fait entendre à l’inversion , lorsque l’on passe de marche avant à marche arrière, pas d’inquiétude, c’est purement mécanique et sans risque pour le moteur.
S’il reste beaucoup à dire sur ce Honda BF350 – par exemple qu’il possède une embase mieux dessinée pour recevoir moins de pression, que sa maintenance est simple et rapide (un bon point pour les concessionnaires), que de nouvelles hélices ont été spécialement conçues pour lui (disponibles en contre-rotation) et que son tarif sera identique (encore non indiqué pour le moment) quelle que soit la longueur d’arbre – il est possible de garantir un avenir radieux à cette belle machine.