Comparatif: SUZUKI DF 25 A TL VS DF 30A QHL

L'injection pour la cavalerie légère

*Avec ses nouveaux DF 25 et et DF 30, le motoriste japonais a clairement joué la carte de la compacité et de la légèreté, quitte à se contenter d'une cylindrée modeste. Le créneau visé est prioritairement celui des petites unités transportables, pilotées en barre franche. Si le DF25 remplace son prédécesseur, le DF30 vient combler, fort à propos, le vide qui existait entre le DF25 et le DF40.* Distribution : Suzuki Marine France (78 – Trappes) et réseau de concessionnaires

Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR


 4600 € (DF25) - 5520 € (DF30)

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Essai paru le 01/07/2014



Cela devient un rituel, et il n'y a pas lieu de s'en plaindre. Ce doit bien être la troisième fois que Suzuki nous convie à Baveno, charmante petite station balnéaire du Lac Majeur, afin de présenter à la presse spécialisée européenne ses dernières nouveautés hors-bord. Entre montagne et ciel bleu, le décor est idyllique, avec quelques petites îles en bonus pour baliser nos évolutions à bord de trois semi-rigides sur lesquels Pneumatique Magazine a pu tester les nouveaux Suzuki. D'une part un pneu traditionnel, en l'occurrence un Zodiac Futura Mark II C alu (3,70 m pour 97 kg), équipé du DF25. D'autre part, deux semi-rigides aux vocations bien différentes : un Zar ZF-1 (3,35 m pour 290 kg) destiné avant tout au marché des annexes de yachts, équipé comme le Zodiac du DF25, et un BWA Sport 15 (4,50 m pour 210 kg), classique premier bateau pour la famille, doté lui du DF30.
Commençons par l'ensemble le plus léger : le Zodiac équipé du DF25 en barre franche. Avec à peine plus de six kilos par cheval, on pouvait légitimement s'attendre à une accélération consistante. Elle l'a été : avec trois personnes à bord, sans pouvoir éviter complètement le fort cabrage caractéristique avec les unités courtes et légères, le chrono s'est arrêté sur 3"9 reprise d'assiette comprise. Un déjaugeage express qui augure de bonnes conditions de traction pour les amateurs de glisse (wake-board, ski, bouées), à condition de placer un passager sur l'avant. La vitesse maxi, qui bute sur la barrière des 20 nœuds (19,4 nds à 6 000 tr/min, donc avec un choix d'hélice adéquat), laisse un peu sur sa faim... Mais, il reste possible de trouver un rythme de croisière satisfaisant, aux alentours de 15 nœuds, profitant d'un rendement économique et d'un niveau sonore mécanique très contenu. A cette vitesse, il n'est point besoin d'élever la voix pour se faire entendre à bord du Zodiac. Un vrai plus pour les longues promenades en famille. Et, avec 3,2 milles par litre d'essence consommée à 14 nœuds, au meilleur rendement, le budget carburant s'annonce des plus minces. A cette allure, une traversée Hyères/Porquerolles aller-retour reviendra à moins de 6 euros, huile comprise ! Félicitations aussi à Suzuki au sujet de la barre franche, dont l'ergonomie et la progressivité des gaz rendent le pilotage doux et sûr, surtout en virage où une remise des gaz brutale peut avoir de mauvaises conséquences.
Même constatation à bord du Zar, où les allures de croisière sont très plaisantes entre 4 500 et 5 000 tr/min, avec des vitesses de l'ordre de 12 à 15 nœuds. Le ZF-1 , nettement plus lourd que le Zodiac, marque un peu le pas au déjaugeage avec 1"5 de plus, mais se "refait" en vitesse de pointe, profitant de la meilleure glisse de sa carène polyester pour grappiller un nœud supplémentaire (20,5 nœuds). A titre d'information, Piero Formenti, le patron de Zar nous a communiqué la vitesse maxi du ZF-1 avec un Suzuki DF40 : 32 nœuds avec deux personnes à bord (20 nœuds avec 5 personnes).

Passons au DF30. Monté sur le BWA Sport 15, un bateau le plus proche des semi-rigides qui dominent le marché (carène en V évolutif), le DF30 déjauge un peu poussivement avec trois passagers. Il est vrai que le poste de pilotage en position reculée ne favorise pas une reprise d'assiette rapide. Un chrono injuste quelque part puisque des trois bateaux, le BWA est le "plus planant", capable de rester déjaugé à seulement 7,7 nœuds et 3 600 tr/min… Fort de ses 5 chevaux supplémentaires, il se montre le plus véloce, avec 21,3 nœuds en pointe et avec un choix d'hélice sans doute perfectible, puisqu'il reste 800 tr/min en deçà du régime maxi. Dans un tel cas, une hélice à pas (trop) long peut s'avérer pénalisante, tant pour l'accélération que la vitesse maxi.
Pour étoffer sa gamme "portable", le motoriste japonais a clairement choisi le parti de la légèreté, en optant pour la plus petite cylindrée du marché dans le segment des 25-30 ch, 4-temps et 2-temps confondus. D'ailleurs, le nouveau DF25 vient remplacer l'ancien, un bicylindre en V, à la cylindrée plus élevée (538 cm3) mais pesant 7 kg de plus. Les deux nouveaux Suzuki se montrent donc assez logiquement plus légers que les 4-temps de même puissance, et réussissent même à devancer, de justesse, les 2-temps Evinrude qui affichaient jusqu'alors le meilleur rapport poids/puissance du marché.
Cette économie de poids réalisée par ce nouveau 3-cylindres en ligne est intéressante, bien sûr, notamment dans l'optique des embarcations très légères ou d'un démontage lors des manutentions avec un pneumatique pliable, mais d'autres progrès technologiques caractérisent ces nouveaux Suzuki. Exit l'alimentation par carburateur, et bienvenue l'injection dotée du "Lean Burn Control", qui gagne progressivement toute la gamme. Ce système électronique contrôlant la richesse du mélange air/essence est un facteur d'économie de carburant dès les bas régimes. Il convient également de saluer l'adoption du "Roll Rocker Arms", avec une came équipée d'une bille pour réduire la friction entre l'arbre à came et le culbuteur (économie de carburant, gain en accélération). Autre perfectionnement : l' "Offset Crankshaft" (initié sur les DF70 et EF300) qui consiste en un décalage de 4 millimètre entre l'arbre de transmission et le vilebrequin. Cela permet d'adopter un rapport de réduction supplémentaire en tête d'arbre et de pouvoir monter des hélices à pas plus long et de plus fort diamètre (meilleure vitesse de croisière à régime égal, meilleure résistance à la charge). Ce décalage réduit aussi la friction des pistons et facilite le démarrage manuel, au lanceur. Enfin, la circulation de l'air d'admission a été retravaillée, avec une nouvelle forme de capot et l'intégration de chicanes et d'un filtre qui réduisent le bruit d'aspiration, améliorent la puissance et la température de fonctionnement. N'oublions pas de signaler l'amélioration du contrôle de fonctionnement du moteur, grâce à trois diodes (leds) en façade du moteur (pression d'huile, température, surveillance électronique du moteur) et, côté pratique, un embout pour le rinçage à l'eau douce, de retour au port.

Précisons pour terminer que les DF25 et DF30 sont identiques à ceci près que le 30 ch bénéficie d'une cartographie d'injection et d'un régime maxi majorés.






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