L’air était frisquet de bon matin sur l’Erdre (5°), aux confins de Nantes. Mais, l’accueil chaleureux de Frédéric Danet (DSL Bateaux), concessionnaire Tohatsu de Bouguenais, a compensé… Le nouveau 90 TLDI a été monté sur un Narwhal HD-580, un semi-rigide parmi les poids légers dans sa catégorie, avec seulement 270 kg sans moteur. Le plan d’eau était tout juste agité par quelques rides sous l'effet d’une petite brise hivernale mais, à cet endroit, l’Erdre n'engendre pas de courant. Parfait pour effectuer nos mesures. Si l’air frais est propice aux performances du moteur, en revanche, l’eau douce est un peu pénalisante sur le plan des vitesses, car moins dense que l’eau de mer.

Dès la mise en route du 3-cylindres, on est surpris par sa discrétion (60 décibels seulement au ralenti). La quasi absence de vibrations et de fumée, ainsi que la facilité à trouver le point mort rendent les manœuvres de port agréables. Voyons si le légendaire punch des 2-temps est toujours là… Une franche poussée sur l’accélérateur et le Narwhal quitte la gangue liquide sans effort apparent. En 3’’5, la carène est entrée dans ses lignes, grâce à un cabrage modéré et à la franche poussée du Tohatsu. Pourtant, l’impression n’est pas aussi fulgurante qu’avec l’ancienne version du moteur japonais. Cela va se confirmer après plusieurs tests de reprise, notamment en sortie de virage. Le 90 TLDI millésime 2010 s’est assagi, sans doute en raison de la reprogrammation de la cartographie d’injection opérée par les ingénieurs de l’usine de Komagane. Les courbes de couple et de puissance semblent avoir été lissées au profit de l’efficacité mais au détriment des sensations. Ainsi, on a la nette impression que le turbulent Tohatsu a cherché à se rapprocher de l’esprit des 4-temps. De fait, les remises de gaz sont plus progressives et concourent à une maîtrise plus facile du pilotage. Ce qui n’est pas un mal sur un bateau léger comme le Narwhal.

Côté performances, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Moins de 4 secondes pour déjauger, c’est correct. Plus de 35 nds à plein régime, c’est bien. Près de deux milles nautiques par litre consommé à 3 000 tr/min, c’est encore mieux. Les prestations du nouveau 90 TLDI sont donc tout à fait convaincantes, notamment dans le domaine de la consommation où nous ne l'attendions pas aussi compétitif. Considérant que le bloc-moteur est resté le même que celui du précédent modèle (même architecture, même cylindrée, même rapport de transmission), on peut en déduire que le travail effectué sur le boîtier électronique (ECU), et l'injection directe électronique basse pression (système d'origine Orbital), a porté ses fruits. Résultat, une optimisation du mélange air/carburant en fonction du régime et de nombreux paramètres enregistrés par les capteurs pour le nouveau calculateur.

Pour ce qui est de l'abaissement du niveau sonore, les basses fréquences qui filtrent du capot sont moins agressives que celle, plus hautes, de son prédécesseur. Même au régime maxi, le Tohatsu ne semble pas très bruyant. Pour parvenir à ce bon résultat, le capot a été garni d'une nouvelle mousse d'insonorisation. Ce qui le rend nettement plus volumineux que l'ancien. Pourtant le poids reste le même, et le rapport poids/puissance le meilleur du marché, de peu devant l'Evinrude 90 E-Tec, et assez largement devant les 90 ch 4-temps. Un paramètre positif pour le montage sur un pneumatique, embarcation légère s'il en est… Terminons par le remodelage du 90 TLDI. Ce dernier était devenu nécessaire pour rester dans le coup au plan de l'esthétique. Plus sophistiqué, son style n'est pas pour autant au niveau de ce que proposent Honda ou Evinrude, références dans ce domaine.