Essai paru le 12/07/2014
*La véritable nouveauté c'est le F115B qui prend le relais du 115A prié de prendre sa retraite. Mais, il ne faut pas négliger l'arrivée du F175A, dérivé du récent F200 et premier 4-temps de cette puissance chez Yamaha. Deux 4 cylindres en ligne qui ne manquent pas de tempérament, comme l'attestent nos essais accomplis en Hollande.* Distribution : Yamaha Motor France (95 – Saint-Ouen l'Aumône) et réseau de concessionnaires
Texte Philippe Leblond Photos Yamaha Motor Europe
Lancé en 1999 , le F115A a "assuré" ce début de 21ème siècle avec brio. Il a d'autant plus de mérite qu'il a été le premier Yamaha 4-temps de plus de 50 chevaux. Au terme d'une carrière bien remplie, il laisse donc la place au F115B, nouveau "fer de lance" potentiel de la marque aux trois diapasons. Une puissance très demandée sur le segment du bateau de plaisance de 5,50 à 6,50 m (et notamment du semi-rigide), souvent qualifié de "cœur du marché". D'où la présentation détaillée que nous en ont fait les responsables de Yamaha Motor Europe, qui avaient convié les journalistes spécialisés de plusieurs pays aux premiers tours de vilebrequin de ce 4-cylindres dont l'enjeu est important.
Avec son nouveau F115B, Yamaha se fait fort de revendiquer le meilleur rapport poids/puissance dans la catégorie des 115 ch. S'il est vrai qu'il est le plus léger des hors-bord 4 temps, les Mercury et Mariner Optimax 115 font jeu égal avec lui. Mais, ce sont des 2 temps… et qui plus est d'une cylindrée largement inférieure : 1 526 cm3 contre 1 832 cm3 au nouveau Yamaha. L'exploit technique des ingénieurs japonais est donc de taille ! Le F115B présente ainsi le meilleur rapport poids/puissance (1,5 kg/ch) du marché, mais pas la plus forte cylindrée, qui est à mettre au crédit du Honda avec son impressionnant 4-cylindres de 2 354 cm2, bloc servant aussi aux 135 et 150 ch… Autres chiffres parlants, le nouveau Yamaha surclasse son aîné, le F115A, tant en cylindrée (91 cm3 de plus) qu'en légèreté (19 kg de moins que le premier F115 et 13 kg de moins que la dernière évolution). Voilà pour la morphologie de cet athlète qui possède bien sûr d'autres arguments sous le capot, dont le détail va suivre…
Paré du design des dernières créations de Yamaha, avec sa ligne supérieure de capot très arrondie et ses prises d'air latérales (on les retrouve du 175 au 350 ch), le F115 se fond dans la nouvelle identité esthétique des récent hors-bord de la gamme. Moins visibles sont les perfectionnements techniques dont il bénéficie, comme l'étrier de fixation redessiné, grâce à un vérin de trim et de relevage unique, l'embase élargie pour intégrer le réservoir d'huile, l' admission d'air et des échappements optimisés (au profit des accélérations), l'équipage mobile entièrement nouveau (double arbre à cames en tête, pistons et vilebrequin), l'alternateur plus puissant (35 ampères au lieu de 24 pour l'ancien F115), le système de variation de régime de ralenti (Variable Trolling RPM) par incréments de 50 tr/min de 650 à 900 tr/min (les pêcheurs à la traîne apprécieront) et le limiteur de relevage automatique en option.
Quant au F175, il vient épauler le très populaire F150 qui, depuis dix ans, fait le grand écart pour équiper un large éventail de semi-rigides trop corpulents pour se contenter du F115 mais un peu légers pour tolérer un F200 (surtout les V6, avant l'arrivée du récent F200 4 cylindres). Ce premier 175 ch 4 temps de Yamaha justifie donc totalement sa place au sein de la gamme. Petit frère du récent F200, dont il hérite le physique avantageux (excellent rapport poids/cylindrée), il reçoit de nouveau instruments de contrôle (déjà disponibles chez les concessionnaires) ayant le même encombrement que les précédents mais des boutons plus grands pour des changements d'affichage plus commodes, deux indicateurs de jauge d'essence, et un témoin de mise en service du YCOP, l'antivol Yamaha à télécommande.
Ces deux moteurs bénéficient d'un nouveau système d'amortissement du moyeu d'hélice, baptisé SDS (Shift Dampening System) disponible avec les nouvelles hélices de la série Talon. Cette pièce en caoutchouc garantit des changements de marche plus doux (pas de crabotage, ni de bruit lors du maniement de l'inverseur), en absorbant les vibrations. Ces deux moteurs sont proposés avec deux longueurs d'arbre : 20" (L) et 25" (X), seule la version longue étant proposée en contre-rotation. Ils disposent aussi du système antivol à télécommande YCOP.
C'est à la Flevo Marina (Lelystad, près d'Amsterdam) qu'étaient basés les bateaux d'essais : trois semi-rigides et trois coques rigides. Laissez-nous, en préambule, vous communiquer les progrès revendiqués par Yamaha pour son nouveau 115, en comparaison de l'ancien : 2 nœuds de plus en vitesse de pointe, 1 seconde de moins dans l'exercice du 0 à 20 nœuds et 1,5 contre 1,2 mille par litre d'essence brûlée, au meilleur rendement. Un net progrès affiché, donc, dans les trois principaux paramètres de la performance : vitesse, accélération, consommation.
Pour notre part, nous avons pu prendre les commandes de deux semi-rigides équipés du F115B (Ribeye A600 et Lomac 600 IN), ainsi que d'une coque rigide (Yamarin Cross de 6,25 m et 780 kg). Sur ces trois bateaux, le F115B a démontré un beau tempérament, se permettant de dépasser les 40 nœuds avec le Ribeye (6,00 m et 574 kg), et de les approcher avec le Yamarin (37,6 noeuds), sensiblement plus lourd malgré sa coque en aluminium. Des mesures effectuées en eau douce, qui laissent augurer de chiffres légèrement supérieurs en mer, l'eau salée étant plus dense… Pour le Lomac (5,95 m et 551 kg), nous n'avons pu finaliser les mesures, sinon l'accélération qui est tout à fait probante avec un déjaugeage expédié en 3,2 secondes. Sur ces bateaux de six mètres, le nouveau 115 ch s'est montré très à son avantage, délivrant des accélérations et des reprises musclées, et grâce à son potentiel vitesse, signant, à l'exemple du Ribeye, des rendements vraiment économiques aux régimes de croisière, avec 1,6 à 1,5 mille par litre, de 3 500 à 4 500 tr/min, associés à des vitesses allant de 20 à 30 nœuds ! A côté de ce niveau de performance remarquable, nous avons pu apprécier l'absence de fumée et de vibrations à la mise en route, sa réactivité aux gaz, mais avec une puissance facile à maîtriser, sa sonorité discrète au port ou en situation de pêche à la traîne, ainsi qu'aux allures de croisière.
Ce bloc 4 cylindres en ligne du F175 nous est déjà connu, puisqu'il s'agit de celui du F200, lancé l'an dernier. Seule la cartographie d'injection change, lui octroyant 25 chevaux de moins. Mais, rassurez-vous, le nouveau F175 n'a rien d'une mécanique amoindrie, comme nous avons pu le constater aux commandes d'un Capelli Tempest 650 (6,50 m et 750 kg) et d'un Jeanneau Cap Camarat 650 CC (6,40 m et 1 036 kg). Son punch nous a même fait très belle impression. Sa montée en régime s'accompagne d'une sonorité rageuse, un peu à la manière d'un 2-temps, de même que ses reprises à mi-régime, qui vous "scotchent" au dossier de votre siège ! Il n'y a qu'avec le lourd Finnmaster DC 68 (un day-cruiser de 6,80 m et 1 360 kg) que le F175 s'est montré plus calme (déjaugeage en 4"7)… Sa vélocité est à souligner avec près de 45 nœuds au régime maxi, pour les deux premiers bateaux cités, le F175 devant se contenter de frôler les 40 nœuds sur le tableau arrière du Finnmaster. D'une V-max élevée résulte généralement un rendement élevé. C'est le cas ici avec un meilleur ratio distance parcourue/essence consommée à 3 500 tr/min et 23,8 nœuds pour le Jeanneau (1,3 m/l) et à 3 500 tr/min et 23,9 nœuds pour le Capelli (1,2 m/l). Par-delà ces chiffres élogieux, nous avons particulièrement apprécié le tempérament sportif du F175, avec de belles montées en régimes et une tonalité rageuse, sachant toutefois se faire discrète à régime stabilisé (jusqu'à 4 500-5 000 tr/min), ainsi que ses changements de marche "bien huilés", appréciables lors des manœuvres au port.