Que ce soit à Loctudy, avec un Yamaha F115 au tableau et un flotteur gris, ou à Arzon, propulsé par un Evinrude 115 E-tec dans sa robe bleue, ce fer de lance de la gamme Bombard frappe par son aisance et sa polyvalence. Ses qualités nautiques en font un compagnon facile et sûr à piloter, tandis que l'agencement de son cockpit marie habilement confort et fonctionnalité.
Texte et photos Philippe Leblond
Un peu daté sur le plan esthétique, notamment en raison de son flotteur de diamètre constant et à pans coupés, le SB 640 reste totalement d'actualité en termes de comportement et de prestations, au sens large. Large est bien le mot qui convient, car ce type de semi-rigide est capable de se plier à tous les usages, ou presque. Outre des aptitudes marines au-dessus de la moyenne, il propose un cockpit simple, sans fioritures, sans recherche de style, mais tout à fait accueillant et plein de bon sens. Vrai compagnon de la famille pour les vacances, il est aussi un bon choix pour qui veut barouder en équipage réduit, à la recherche de postes de pêche ou de chasse sous-marine. Certes, il y a une option solarium convertible en carré de pique-nique, mais en laissant cet équipement de confort dans la voiture, le cockpit offre une grande facilité de déplacement et une belle liberté de mouvement, grâce au report des sièges et de la console vers tribord, laissant un vrai "boulevard" à bâbord. Un regret en matière de rangement : l'absence de coffre long, pour stocker cannes, arbalètes ou skis… Pour le matériel de plage de la famille, les socles des deux banquettes, le coffre du siège avant et le celui de la pointe avant (qui sert aussi, hélas, au mouillage) devraient suffire. Il est à signaler qu'entre nos deux essais, distants de 18 mois, le SB 640 a reçu une nouvelle console plus moderne, avec façade postérieure en retrait, et une modification du siège de pilotage. Le dossier de ce dernier, qui peut basculer vers l'avant pour un face-à-face avec la banquette arrière, ou pour servir d'appui fessier en pilotage debout, a enfin reçu des équerres métalliques de blocage, histoire de ne pas se retrouver le cul parterre lors de réceptions de sauts. La position de conduite offre un bon compromis assis-debout tandis que le pilote et son compère de l'avant profitent de la protection d'un pare-brise assez haut. Pour ce qui est du tableau de bord, il offre de nombreuses possibilités d'agencement, entre les instruments du moteur et l'électronique de navigation, que ce soit encastré ou sur étrier. Cela n'est pas toujours le cas, même sur des unités plus grandes… Nos deux essais se sont déroulés avec deux moteurs de 115 ch, un Yamaha et un Evinrude, tandis que le SB 640 avait déjà été testé dans Pneu Mag (n°53) avec la puissance maxi, soit 150 ch (48,5 nds). à l'issue de ces nouveaux essais, l'un en 4-temps, l'autre en 2-temps injection directe, on peut sans hésiter considérer cette puissance comme celle à conseiller. Avec près de 40 nœuds de V-max, pratiquement au même régime, ces deux 4-cylindres ont signé une belle perf. à cette vitesse, le Bombard, même avec un excès de trim, reste presque insensible au roulis. Si le Yamaha a bénéficié d'un plan d'eau abrité (rivière de Pont l'Abbé) pour réaliser son maxi, l'Evinrude a dû batailler dans du clapot (50 cm). En revanche, lors du test de comportement, au large de Loctudy, le Yamaha a affronté un vent de 4 à 5 beauforts, dressant une houle de près d'1,50 m. Sur ces deux plans d'eau, le SB 640 s'en est tiré avec les honneurs, montrant un bel équilibre dans la vague, avec une carène pas vicieuse pour un sou, pardonnant d'éventuels écarts de barre et quelques relances optimistes. Même sans être un expert de la manette des gaz, on peut donc attaquer sans crainte. Pour ce qui est du confort, un bon point encore à la carène qui, sans être l'égal de ses homologues anglaises, préserve plutôt bien que mal le confort des passagers. Quant au comportement en virage, il est serein et précis. En dépit d'une gîte modérée, la quille accroche bien et ne se met à glisser légèrement et progressivement que lorsqu'on se montre brutal sur la barre et les gaz. Pour ce qui est des deux moteurs, ils font quasiment jeu égal. On retiendra pour le Yamaha, une consommation légèrement inférieure, débouchant sur 30 minutes d'autonomie supplémentaires, et en faveur de l'Evinrude, sa réponse plus vive aux sollicitations du pilote. En termes de bruit, en tout cas, ce dernier n'a rien à envier au Yamaha, lequel devient un peu trop sonore à partir de 4 000 tr/mn. Question couleurs, entre les flotteurs gris et le bleu, c'est juste une question de goût.