Le constructeur français marque le soixantième anniversaire de l'exploit du Docteur Bombard, avec ce modèle dont le nom est un clin d'oeil à L'Hérétique. Mais cette fois-ci, il dispose d'une carène rigide et d'un moteur, et bénéficie de toutes les qualités d'un semi-rigide moderne, à commencer par un cockpit fonctionnel et un comportement sportif.
Texte et photos Jacques Anglès
Fer de lance du marketing Bombard 2013, l'Air'Ethic 500 est d'abord un clin d'œil à "L'Hérétique", le Zodiac à bord duquel, en 1952, Alain Bombard réussit une traversée de l'Atlantique en "naufragé volontaire" (sans eau ni vivres) et devient mondialement célèbre. Cette référence historique est illustrée par des détails "vintage" qui composent une image sympathique (cônes arrière remontants, nez renflé, coupe anguleuse du flotteur, mains courantes en nylon toronné). L'appellation Air'Ethic se réfère aussi à des matériaux et un mode de fabrication "éthiques", autrement dit moins polluants. Côté matériaux, la fibre de lin remplace en partie la traditionnelle fibre de verre. Ici, la classique stratification en mode "contact" est remplacée par l'injection en moule fermé dite RTM (Resin Transfer Moulding), permettant de réduire les émissions novices, tout en offrant une maîtrise précise de la quantité de résine utilisée, avec pour résultat un fini parfait sur les deux faces. Il suffit pour s'en convaincre d'ouvrir le coffre avant de ce Bombard : l'intérieur de la coque est tout aussi lisse et brillant que le gel-coat extérieur ! Quant au flotteur, il utilise le procédé industriel du PVC thermo-soudé, habituel chez Bombard et Zodiac, dont les vertus "éthiques" restent moins évidentes.
Enfin, et ce n'est pas rien, ce petit familial est le moins cher des semi-rigides de 5 mètres actuels, que ce soit sans moteur (9 290 €) ou sous forme de package (10 990 € avec un 30 ch,12 490 € avec un 50 ch, en version de base).
Reprenant la carène éprouvée du Zodiac 500 Pro, l'Air'Ethic offre un pont simple et classique : un petit coffre avant, une console de pilotage (avec pare-brise en option) et une banquette arrière à deux places formant coffre. Ce cockpit bien dégagé s'adapte facilement à des programmes variés (balade, pêche ou plongée), mais on aimerait tout de même un siège-coffre devant la console, pour gagner une place assise et accroître des volumes de rangement tout juste suffisants.
Le package avec un 50 ch paraît correct au regard du poids et des dimensions de ce canot, ce que notre essai en mer va très vite confirmer, dans une houle résiduelle combinée à un vent opposé levant un clapot d'environ 50 cm. Du déjaugeage à la vitesse de pointe, les performances ne méritent que des bonnes notes, tout au moins avec deux personnes à bord et en prenant soin de répartir les poids pour en tirer la quintessence. Par exemple, le déjaugeage est très cabré avec deux équipiers sur la banquette arrière, mais ceci se corrige immédiatement si l'un des deux (ou un troisième passager) se place vers l'avant. Vif au déjaugeage comme à l'accélération, l'Air'Ethic se révèle vraiment amusant à piloter. Sa tenue en virages serrés est remarquable (il vire sur 10-12 m sans aucune tendance à décrocher ou à ventiler) et son caractère légèrement survireur en longues courbes rapides pimente les sensations sans compromettre la sécurité. On s'amuse tout autant en ligne droite, à condition toutefois de manier le trim avec doigté, car cette carène étroite est hyper sensible à ce réglage. C'est plaisant lorsqu'il s'agit de bien l'aérer en accélérant, mais le déséquilibre dynamique survient assez brusquement si l'on trime trop. Une fois pris en main, on se régale avec ce petit bateau ludique, qui passe bien dans les vagues quel que soit l'angle d'attaque et se prête volontiers au saut de vagues. Bref, une bonne école de pilotage en restant dans des vitesses raisonnables. À cet égard, le 50 ch convient parfaitement avec deux à quatre personnes à bord. La puissance maxi autorisée (70 ch) est à nos yeux excessive, voire périlleuse entre des mains peu expérimentées. En revanche, si l'on navigue souvent chargé, le 60 ch Yamaha (même bloc et même poids que le 50 ch) est envisageable, mais sans l'avantage du tarif package.
En conclusion, ce petit semi-rigide simple, polyvalent et assez performant est une bonne opportunité pour les primo-accédants, ou pour tous ceux qui ont envie de naviguer sans se ruiner, en profitant de l'offre qui accompagne cette édition limitée.
Malgré son étroitesse, on circule bien dans ce cockpit qui peut être personnalisé selon le programme d'utilisation avec quelques accessoires optionnels. Côté rangements, il n'est pas facile de faire entrer le matériel de sécurité pour quatre personnes dans les petits coffres, déjà partiellement occupés par la nourrice et la batterie. Enfin, le drainage du cockpit, qui n'est pas autovideur, doit être amélioré, ne serait-ce qu'en adoptant une pompe dans le petit puisard arrière.
Ce petit bateau se pilote comme un kart : léger et vif comme l'argent, il n'a pas besoin de beaucoup de puissance ni de vitesses extrêmes pour délivrer de bonnes sensations de pilotage, mais peut se montrer volage si l'on a la main trop lourde sur le réglage de trim. Le pilote est assis confortablement et les saisines en nylon permettent de bien se tenir quand on est assis sur les boudins. En pilotage debout, la position est correcte, mais on aimerait un peu plus de recul. Le petit pare-brise (en option) protège plus les instruments que le pilote, mais la main-courante qui va avec est en revanche indispensable.