Né en Sicile, ce pneumatique révèle des capacités de navigation étonnantes et un plan de pont particulièrement intelligent pour un bateau de cette taille. A découvrir sans modération.
Texte et photos Franck Van Espen
Importé depuis quelques mois par la société BBS installée à Bandol, l’Altamarea Wave 19 vient de subir le test le plus impitoyable qu’il soit avec une saison de location intensive et, à notre grande surprise, le bateau est dans un état proche du neuf. Hormis quelques détails comme la console centrale qui a besoin d’être refixée sur la structure de la coque et la sellerie avant légèrement défraichie, le pneumatique est prêt à recevoir ses nouveaux clients pour la prochaine saison. Preuve en est du bon travail effectué par ce chantier créé en 2003, à Palerme en Sicile, qui s'évertue à construire des bateaux de qualité. D’ailleurs, le tissu retenu pour les flotteurs est de l’Hypalon Orca, gage d’une forte résistance aux UV et à la salinité de la mer. La partie arrière des tubes est recouverte par une structure en polyester sur laquelle est fixée, en option, un arceau qui confère, à la ligne générale, un design un peu plus sportif.
Pour rompre avec une forte présence de plastique, le constructeur a choisi d’habiller de teck les deux demies plates-formes de bain qui encadrent le moteur Suzuki hors bord de 90 chevaux. Une puissance qui pourra grimper jusqu’à 115 chevaux selon le cahier des charges du propriétaire mais qui semble parfaitement adaptée pour une utilisation familiale. L’échelle de bain comme sur la plupart des pneumatiques de cette catégorie occupe toujours une place importante et il semble difficile d’envisager un autre système visant à l'encastrer. Dans la série des petites critiques, les taquets d’amarrage fixés sur le support juste derrière l’arceau sont un peu sous dimensionnés et trop éloignés de l’extrémité arrière du bateau pour optimiser l'amarrage. Avec le temps, les bouts risquent aussi d’endommager les flotteurs par le ragage…
Parmi ses points forts, le Wave 19 dispose de deux grands solariums avant et arrière fixes, ce qui est plutôt rare pour un bateau de ce gabarit. Pour obtenir cette configuration architecturale, le constructeur sicilien a eu l’idée d’utiliser une partie de la banquette arrière comme siège pilote. Ce mini siège se lève manuellement pour s’ajuster parfaitement à la taille du barreur. C’est simple, pratique et assez ergonomique et l'on profite bien du pare-brise qui offre une bonne protection contre le flux d'air et les embruns. Dans le même esprit, le solarium arrière se replie vers l’avant très facilement pour constituer une banquette capable d’accueillir trois personnes. Bien réalisé, son mécanisme de blocage est d’une manipulation assez facile. Le capot qui recouvre la soute arrière est soutenu par deux vérins pneumatiques, tout comme d’ailleurs ceux qui ferment les rangements à l’avant. Nous apprécions peu, par contre, le système de verrouillage avec des fermetures de type "sauterelles" peu pratiques, encombrantes et bruyantes lorsqu’elles ne sont pas utilisées. L’intérieur du coffre est en revanche suffisamment spacieux pour placer une seconde batterie et ranger le matériel de sécurité. C'est aussi dans cette soute que l'on stockera les coussins du solarium avant qui ne se plient pas en deux parties. Parmi les "impasses", Altamarea n'a pas prévu de table pour déjeuner, il faudra se contenter de pique-niquer en utilisant l’assise des flotteurs.
Par ailleurs, l’intérieur des coffres laisse apparaître des renforts de bonne dimension et une finition plutôt soignée pour le passage des différents câbles de direction où faisceaux électriques dans des gaines. Le bateau étant équipé d’une douche, le réservoir d’eau occupe une bonne partie du rangement principal à l’avant, sous le bain de soleil. La console de pilotage est de bonne dimension et, une fois n’est pas coutume, elle dispose d’un petit équipet en dessous des interrupteurs. Une trappe d’accès sous le coffre permettra de mettre à l’abri des documents ou un sac de petit format. La majorité des coffres se situe sous le solarium avant avec un puits à chaîne assez volumineux, agrémenté par un davier encadré de teck.
Premier contact avec la direction lors de la manœuvre de port et malgré l’assistance hydraulique, celle-ci se révèle très ferme en raison d’un défaut de lubrification. Pour cette raison, il sera nous sera assez difficile d’effectuer des virages serrés, à même de tester les réactions de la carène. En forçant, il semble tout de même que la coque n’accuse aucun dérapage excessif, ni coups de raquette. Sur un clapot serré d’environ 40 centimètres, le Wave 19 démontrera un passage en souplesse avec une rigidité structurelle supérieure à la moyenne. Sans avoir besoin de jouer avec le trim (commande très mal placée à droite du levier d’accélérateur), l’équilibre naturel du bateau est plus que satisfaisant. Il se dégage ainsi une grande impression de sécurité mais en naviguant dans le sens des vagues, il sera facile de pousser ce bateau jusqu’à 5 600 tr/min. Trim totalement relevé et à la limite du rupteur Suzuki, nous enregistrerons une vitesse maxi de 34 noeuds. Dans ces conditions, la coque de l’Altamarea est toujours aussi saine et reste difficile à prendre en défaut. Même avec un peu de vent latéral et en ne ménageant pas nos efforts pour croiser certains sillages, l’étrave n'aura pas projeté le moindre embrun sur le pare-brise, nous permettant de rejoindre le port complètement sec.
CONCLUSION
En dépit d’un manque de notoriété dû à une récente importation, la marque mérite que l’on s’y intéresse, tant le produit proposé est à même de répondre aux attentes d’un plaisancier exigeant. La location a été, pour le coup, un réel banc d’essai quant à l‘aspect qualitatif du bateau. Proposé à un prix cohérent face à une concurrence bien présente dans ce segment, ce semi-rigide a de quoi rivaliser avec d'autres marques italiennes plus réputées, même si le budget s’alourdit de quelques options indispensables.