Ce 750 de luxe avance deux atouts maîtres : une qualité au-dessus du lot et une carène unique en son genre qui procure un excellent passage dans la mer formée. En navigation comme au mouillage, le confort est toujours à l'honneur.
Texte et photos Jacques Anglès
Zar est à plus d'un titre une exception dans le domaine du pneu, ce que confirme le 75 Plus, modèle amiral du chantier (plus pour longtemps puisque un 9,70 m habitable est en préparation). à l'instar des autres modèles de la marque, le Zar 75 se distingue d'abord par un look absolument distinctif, avec son flotteur noir et blanc, sa carène en gel-coat noir, sa haute étrave à brion très marqué et son pont hyper structuré. L'importance de la partie polyester par rapport au pneu proprement dit est d'ailleurs le trait le plus caractéristique des Zar en général, plutôt "trois-quarts rigides" que semi-rigides. Ainsi, malgré sa forme de "boudin", la proue est intégralement en polyester. De plus, contrairement aux autres semi-rigides, où le flotteur entoure la coque, il est ici dissocié en deux boudins indépendants qui, à l'avant, "disparaissent" à l'intérieur de la proue rigide, suivant un procédé breveté Zar, la jonction étant dissimulée par des renforts collés. La qualité de fabrication est digne d'éloges, tant pour le flotteur, réalisé en Néoprène-Hypalon Orca de Pennel-Flipo, que pour la partie en polyester, dont le brillant et la finition sont sans reproche. Côté structure, la visite des fonds est rassurante avec un "châssis" serré de longerons, de cloisons et de varangues stratifiées. La rigidité est en outre accrue par la forme complexe de la carène en V prononcé (environ 22°), dotée de six virures très saillantes et de larges tunnels de déflection des embruns sur le tiers avant (encore un brevet Zar !). à côté de ces aspects techniques, essentiels mais peu visibles, le 75 Plus fait valoir un cockpit intelligemment conçu par et pour des gens qui naviguent, avec, en points forts, la sécurité (franc-bord généreux, dossiers enveloppants...) et une remarquable aptitude à se transformer selon les circonstances. Jugez-en : en navigation, on y trouve sept à huit places assises dans le sens de la marche et, au mouillage, les deux bains de soleil géants s'installent en un tour de main grâce à des solutions ingénieuses et simples. à l'arrière par exemple, c'est le dossier de la banquette, en deux éléments, qui devient allonge de solarium, et cette même zone se convertit tout aussi facilement en un carré convivial, avec une belle table en acajou. Autre point fort : les rangements, nombreux et pratiques, que ce soit pour les effets personnels à garder au sec ou pour le matériel volumineux (brassières, coussins de pont, skis, cannes à pêche, etc.) Avec la cuisine pré-installée sous la banquette de pilotage et, pour la version Plus, une console agrandie abritant un WC, ce modèle paraît tout disposé au raid-camping, sans toutefois éviter quelques fausses notes au niveau des détails : dossier de pilotage sans verrouillage, pas d'emplacement pour réchaud fixe, pas de cale sur la porte de console... Cela dit, l'ensemble reste d'un niveau bien supérieur à la moyenne. Côté dynamique, la carène Zar ultra-longue (grâce à l'étrave très verticale et au prolongement arrière de la coque jusqu'à l'extrémité des boudins) favorise la stabilité longitudinale et le confort dans les vagues, mais requiert une bonne puissance. Bien servie par un Suzuki 250 ch (50 ch de moins que la puissance maxi autorisée), elle va montrer ses aptitudes sur un Golfe de Saint-Trop' fortement agité par un vent thermique musclé... et par les vagues des super-yachts à moteur. Le déjaugeage est rapide, bien en ligne et sans aucun "cabré". La longueur de carène joue ici à plein et explique aussi la faculté de planer à basse vitesse : il faut descendre en dessous de 15 nœuds (2800 tr/mn) pour perdre la sustentation. Sur ce plan d'eau turbulent où de nombreuses coques se révèleraient tape-cul, le Zar 75 taille sa route entre 20 et 30 nœuds (3 500 à 4 500 tr/mn) avec un confort étonnant. C'est assurément son point fort, en soulignant plus particulièrement l'efficacité de l'étrave dans les vagues. En accélérant, je note une sensibilité au couple de l'hélice (un classique sur les coques très en V) qu'il faut compenser au trim, en mettant à profit la stabilité longitudinale impeccable. Cet excellent passage de vague favorisant un pilotage précis, je pousse le Suzuki jusqu'à 5 500 tours sans noter de faiblesse côté dynamique, y compris en sauts de vagues, avec reprises de contact amorties et bien en ligne. Et en virages, l'accroche est tout simplement sans faute avec un rayon de giration de moins de 15 m à 4 500 tours, la ventilation ne survenant que lorsque l'on resserre la courbe à l'excès. Bref, sous son air plutôt familial, ce Zar dissimule un beau tempérament, sans même avoir besoin de la puissance maxi. Le plan d'eau devenant de plus en plus dur et "illisible", nous nous "contenterons" d'un maxi à 5 800 tours, avec 39 nœuds au GPS, histoire de ménager la coque et la mécanique. Considérant que le DF 250 doit monter à 6 100 tours une fois débridé, on peut s'attendre à obtenir 43-44 nœuds sur mer belle. Terminons par un bon point pour les tunnels de proue, qui rabattent efficacement la vague d'étrave vers le bas : aucun embrun n'est venu humidifier le cockpit durant tout l'essai. .
CONCLUSION
Cossu, marin, soigné jusqu'aux moindres détails, sans pour autant être parfait, ce Zar au look aussi atypique que tous les modèles de la marque italienne séduira une clientèle plus soucieuse de qualité durable que d'effets de mode. Facile et vivant à piloter, il signe des performances de bon niveau avec le Suzuki DF 250 et devrait se montrer assez sportif avec un 300 ch. Cela dit, son penchant naturel est plutôt hédoniste, avec ses immenses solariums et un confort de bord que beaucoup peuvent lui envier.