Essai Zar 59 SL

L'audace du design

Avec le nouveau 59 SL, Zar offre un grand frère chic et trendy au 49 SL sorti l'année précédente. S'il joue de son design pour séduire de nouveaux adeptes, il fait aussi valoir toutes les valeurs de la marque milanaise : fabrication robuste, finition au top et confort très étudié. Le tout sur une carène qui tient la mer.

Texte et photos Jacques Anglès


 35 760 € sans moteur (tarif 2016)
 6.09 m
 11
 41,4 nœuds avec Suzuki 150 ch 4T
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Essai paru le 02/06/2016



Qu'on se n'y trompe pas, le sigle SL de ce Zar 59 signifie Sport Luxury et n'emprunte rien au concept SL (Sport Leicht) de la mythique Mercedes 300 SL et de sa longue lignée, bien que son poids reste contenu. Tout en misant sur un look plus affûté que les Zar "classiques", le 59 SL reste un familial, généreux sur le confort, capable d'embarquer huit passagers sans que l'on s'y sente à l'étroit. Pour autant, son déplacement s'avère raisonnable (un avantage pour le transport et la mise à l'eau), et il rend même quelques kilos à nombre de ses concurrents, tout comme à son frère de marque le Zar 57 Welldeck. Sa carène sophistiquée (étrave fine et verticale, V profond souligné de longues virures et tunnels aérodynamiques sous les flotteurs) favorise le confort en navigation mais nécessite de la puissance pour s'exprimer. Sur ce point, le 150 ch Suzuki - soit la puissance maximale autorisée - remplit parfaitement son office ainsi que nous le verrons plus tard

*Deux bains de soleil pour le farniente au mouillage*

Pour l'heure, notre 59 SL brille de toute sa blancheur sous le soleil du port d'Hyères. Comme sur tous les Zar, la partie rigide est importante, avec la proue intégralement moulée en polyester - véritable signature du chantier - et des hiloires qui recouvrent largement les tubes pneumatiques. Fidèle à la tradition maison, la réalisation est impeccable, qu'il s'agisse du gel-coat ultra-brillant, de l'accastillage inox de premier choix, ou des flotteurs en Néoprène-Hypalon Orca 1670 dtex (six compartiments), renforcés par un large liston en caoutchouc. L'appellation Sport Luxury semble donc méritée, ce que confirme l'examen de détail. Voyez par exemple les fermoirs des coffres : il y en a deux deux par capot, ils sont à tension réglable, verrouillables (avec cadenas), et montés dans un retrait moulé du polyester afin de ne pas érafler les jambes des passagers. Autres exemples : les évents d'aération en inox pour chaque coffre, les robustes vérins de maintien des capots, le superbe davier d'ancre ou les poignées et mains courantes inox généreusement distribuées. Le travail du polyester fait appel à des moules complexes et témoigne lui aussi d'un souci poussé du détail, à l'image de la console de pilotage avec socle légèrement incliné pour la commande de gaz, vide-poche pratique derrière le grand pare-brise et large panneau destiné à l'électronique de navigation.

Quant au plan de pont, il exploite l'espace à la perfection malgré la relative étroitesse du cockpit (12-14 cm de moins que le Zar 57 Welldeck), et fait preuve d'une adaptabilité exemplaire. Ainsi, les deux zones avant et arrière se convertissent à volonté en bain de soleil ou en carré avec table, ce qui permet d'accueillir huit à neuf convives. De même, on appréciera en navigation le nombre de places assises dans le sens de la marche ainsi que les hiloires très enveloppantes qui accentuent la sensation de sécurité. La forme en dièdre de ces hiloires s'avère cependant moins rationnelle que des plats-bords classiques. Pour le rangement, les coffres sont aussi nombreux que pratiques. On apprécie notamment le long coffre latéral (pour les cannes à pêche, la gaffe ou les skis), les équipets bien utiles, dissimulés derrière les dossiers du cockpit avant. Enfin, l'exploration des fonds révèle une structure rassurante, de même qu'une excellente accessibilité au réservoir d'essence et au réservoir d'eau (optionnel) bien calé dans le V de carène au fond du coffre devant la console. Enfin, la circulation est facile grâce au large passavant que ménage la console déportée, mais l'accès aux plates-formes arrière (avec échelle de bain intégrée à bâbord) est moins accommodant. Dans la colonne des "moins", on note aussi les dossiers arrière un peu raides et des remontées d'eau à l'arrière (faibles mais désagréables) auxquelles de bons clapets anti-retour devraient remédier. Le bilan statique reste néanmoins élogieux, avec un confort et une qualité de haut niveau.

*Une étrave incisive dans les vagues*

Cette bonne impression va-t-elle se confirmer en navigation ? Contact ! Et bon point d'emblée pour le poste de barre : on choisit instantanément le pilotage assis ou debout grâce à l'assise relevable simple et pratique, avec une bonne visibilité dans les deux cas, un pare-brise très protecteur et des commandes bien placées. J'opte pour le pilotage debout, plus efficace pour la précision et le ressenti, en notant au passage une certaine fermeté de la sellerie. Le volant est au bon niveau, la poignée de gaz aussi, il n'y a plus qu'à lâcher les chevaux !
Décollage éclair sans cabrer, accélération vive, les 20 nœuds sont dépassés en six secondes et la carène semble sur des rails. Quelques changements de cap confirmant sa stabilité, j'accélère donc sans barguigner. Le Suzuki prend ses tours et atteint vite son régime maxi (6 000 tr/min) alors que le GPS se stabilise à 41,4 nœuds. Solide performance pour un familial ! Sensible au trim (on ne s'en plaint pas), le 59 SL requiert du doigté sur ce réglage, à utiliser sans excès. Avec vagues de face ou trois-quarts avant, il passe sans broncher à 5 500 tr/min et 35 nœuds, idem par mer arrière ou trois-quarts arrière. Très bien, mais par mer de travers à haute vitesse, je note une tendance au roulis. Il suffit alors de réduire un peu le rythme pour retrouver une stabilité rassurante, plus conforme aux balades estivales, programme prioritaire de ce modèle. C'est d'ailleurs aux régimes de croisière (18-28 nœuds) que le 59 SL fait valoir ses qualités maîtresses : stabilité et confort. Les passagers apprécieront, d'autant plus que cette carène incisive défléchit efficacement les embruns, gardant tout le monde bien sec ! Le comportement en courbes rapides est moins enthousiasmant : le bateau vire à droite presque à plat (sans que l'accroche soit prise en défaut) et à gauche avec une inclinaison modérée. En virages serrés, il s'incline franchement et tient sa trajectoire avec précision, mais l'hélice tend à ventiler (une hélice différente pourrait améliorer ce point). Un regret tout de même, ce premier exemplaire de la série était desservi par une direction "expérimentale", assez dure et peu précise, que le chantier doit remplacer par un système éprouvé. Cela dit, on dispose là d'une carène qui tient la mer et se pilote avec sérénité, tout en délivrant des performances sportives avec le 150 ch.



photo Zar 59 SL


photo Zar 59 SL


photo Zar 59 SL


photo Zar 59 SL


photo Zar 59 SL





Comme toujours chez Zar, la qualité est au-dessus du lot, qu'il s'agisse du gros-œuvre, des détails de finition ou de l'accastillage. Le 59 SL se hisse même un cran au-dessus en proposant un design hardi et séducteur... mais au risque se démoder. Ce qui est en revanche indémodable, c'est le confort et la capacité d'accueil du cockpit, ainsi que la tenue de mer et la facilité de pilotage. Les amateurs de vitesse opteront pour un 150 ch, mais un moteur de 115 à 135 ch donnera toute satisfaction en balade estivale, programme de prédilection de ce modèle. Seule réserve, son concurrent le plus direct semble être le Zar 57 Welldeck, plus spacieux, un peu plus lourd, un peu moins cher. Conflit d'intérêts ?




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