Essai Pro Marine Manta 795

Coup d'envoi réussi

Pour son entrée sur le marché du semi-rigide, le chantier du Golfe du Morbihan vient de lancer un bateau efficace et séduisant. Sobre, spacieux, véloce, marin, le Manta 795 nous a fait belle impression, et sa polyvalence devrait lui ouvrir les portes d'une clientèle au programme d'utilisation étendu. Un semi-rigide ambitieux mais pas prétentieux…

Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et Yann Cuvelier


 42 900 € (standard) sans moteur (tarif 2016)
 7.85 m
 20
 49 nds avec Mercury 300 ch Verado 4T
Banniere_axa

3_bannie_re-he_lice-540x145
Orca-logo_rvb

Paru dans le Pneumag n° 82 Mars/Avril 2011



L'élégance du Manta 795 ne verse pas dans le "bling-bling". Malgré un équipement soigné, et qui peut être pléthorique si l'on fait appel à toutes les options, il affiche un aspect "pro" soigné, à même de rassurer les utilisateurs exigeants. Spacieux (plus de 3 m de large !), doté d'une étrave bien défendue et d'un nez carré, il en impose. Surtout lorsqu'il arbore, tel notre bateau d'essai, son robuste T-top optionnel, tendu de toile noire et hérissé de porte-cannes, cher aux amateurs de pêche au large. Un rapide coup d'œil général permet immédiatement de constater la pertinence du dessin et des aménagements. On sent bien là l'expérience du chantier qui construit la série des Belone (des coques ouvertes rigides). D'ailleurs, Pro Marine n'a pas hésité à piocher dans sa "banque d'organes" en retenant, pour confectionner le Manta, la coque du Belone 700 ainsi que la console et le leaning-post du Belone 640 Open. Une "greffe" réussie, ces éléments se combinant avec bonheur.
Particulièrement large, le Manta peut se permettre d'intégrer ces éléments volumineux sans compromettre les déplacements sur le pont. Derrière la banquette, deux plates-formes offrent un accès facile à la baignade. Question rangement, Pro Marine a également vu large, avec une grande soute sous la banquette, flanquée d'un vivier (à circulation d'eau de mer en option), un grand équipet ouvert sous le leaning-post pour une glacière, et un profond puits de mouillage dont le couvercle est percé d'un passe-ligne, avec taquet bien placé, un robuste davier et deux chaumards prenant place sur le socle polyester pour compléter ce dispositif de mouillage. Et si cela ne suffisait pas, il y a bien sûr la console/cabine dont le volume permet d'abriter (en option) un matelas couchette et un WC chimique.
Ce pont spacieux et autovideur, sous lequel est logé le réservoir d'essence est ceint par des flotteurs en tissu Orca 1 670 décitex et équipés – ce qui est rare sur des flotteurs en Hypalon – de valves de surpression. Ces tubes sont assemblés à la coque par un double collage (intérieur et extérieur). Les saisines offrent une bonne prise en main et s'interrompent au milieu du flotteur pour ménager un "passage plongeur". Car, vous l'aurez compris, le Manta entend satisfaire à la plupart des activités nautiques, grâce aussi à des options bien ciblées : plongée, pêche, glisse tractée (anneaux de traction et rétroviseur), camping côtier (grâce à la petite cabine), sans oublier le farniente avec deux solariums, celui de l'avant étant convertible en coin repas. Une utilisation à tendance familiale donc… D'ailleurs, les places assises ne sont pas en reste, puisque le Pro Marine peut asseoir sept passagers sans le concours des flotteurs. Concernant la "cabine", il ne faut pas s'attendre à une ambiance quatre étoiles, mais elle a le mérite d'exister pour qui voudrait passer la nuit au mouillage.
Parmi les points forts du Manta, le poste de pilotage figure en bonne place. Malgré la porte d'accès à la cabine, la planche de bord trouve la place de recevoir, une "boîte à gants", un volant réglable, un compas dans l'axe de vision du pilote, et un espace suffisant pour faire cohabiter les instruments moteurs et un combo GPS/sondeur. Un autre module, au-dessus de la porte, peut accueillir une VHF fixe et une stéréo FM/lecteur CD… Le positionnement des commandes, du leaning-post biplace et du cale-pieds inox dispense une bonne ergonomie de pilotage debout (impossible de barrer assis). Enfin, le haut pare-brise offre une bonne protection.
Au rayon performances, cela devrait bien se passer avec le Verado 300 qui représente la puissance maxi admissible… Dès les premiers runs, on constate la belle vélocité du Pro Marine. Généreusement trimé, il atteint 49 nds sur un plan d'eau un peu défavorable en raison d'une légère houle qui nous empêche d'aller chercher les 50 nœuds, le bateau ayant du mal à rester au contact de l'eau. Le chantier revendique 52,8 nds à 6 340 tr/min, pilote seul à bord. Quoi qu’il en soit, les 50 nœuds sont largement dans ses cordes, si l'on tient compte de la pénalité qu'entraîne la prise au vent du T-top (au bas mot 2 ou 3 nds) qui, de surcroît déclanche un mouvement de roulis du fait de la portance aérodynamique qu'elle génère. Cette performance est aussi à mettre sur le compte de la relative légèreté du Manta qui n'accuse que 1 000 kg, un poids contenu pour un semi-rigide de près de 8 m.
Côté accélération, les chiffres sont moins brillants. Peut-être les 1 000 heures que compte ce Verado d'essai sont-elles en cause ? La mise en action à bas régime, et les reprises à mi-régime ne nous ont pas donné l'impression du punch habituel de ce hors-bord à compresseur, pourtant connu pour son "coup de pied aux fesses". Le choix de l'hélice (une Enertia 19") ne semble pas en cause, vu le régime maxi obtenu. Passé cette déception, toute relative, une autre réserve se fait jour : l'autonomie. Le réservoir standard est un peu juste. Le chantier propose, en option, un réservoir de 275 l, à prendre sans hésiter. De quoi assurer un bon 200 milles au régime de croisière (un aller-retour continent/Corse), sans avoir à repasser par la pompe…
Sur le plan du comportement et du pilotage, le Manta se révèle homogène et agréable à barrer : bon équilibre dynamique, assiette rassurante, tenue de cap rigoureuse, trajectoires précises en virage rapide. Le pilote prend du plaisir à maîtriser ce grand semi-rigide au comportement de GT. Pour bien "vivre", le Manta demande une bonne dose de trim et une gestion des gaz pertinente, afin d'éviter quelques impacts secs dans la houle désordonnée qui servait de cadre à nos essais. Sinon, il s'avère très marin, soulageant bien lors des réceptions de sauts, ne mouillant pas, et facile à dompter en virage grâce à une légère glisse qui ne pénalise pas son guidage et ne déclanche pas de ventilation.



photo Pro Marine Manta 795


photo Pro Marine Manta 795


photo Pro Marine Manta 795


photo Pro Marine Manta 795





Pour son entrée dans la famille des semi-rigides, Pro Marine a fait étalage d'une compétence indiscutable. Construction soignée, plan de pont intelligent, comportement et performances concluantes. Et pour coller encore mieux aux désirs d'une clientèle de plus en plus exigeante, le chantier d'Auray propose de nombreuses options et plusieurs teintes (flotteurs, gel-coat, pare-brise). Vivement le prochain (un Manta 650 est prévu pour la fin de l'année) !




6
3
4 5 2
je suis la