Partisan du bateau sur mesure, le chantier d'Auray sort un deuxième semi-rigide en insistant sur son adaptabilité à différents usages. Cette "base" sérieuse peut donc s'équiper à la demande, mais telle qu'on l'a essayée, elle offre déjà de belles prestations tant en termes de polyvalence que de performances.
Texte et photos Philippe Leblond
Le Manta 680 rappelle son frère aîné, le Manta 790, mais avec une silhouette plus dynamique, du fait de la ligne ascendante du flotteur dégageant un peu plus l'étrave lui donnant un caractère hauturier. Cela se ressent déjà à l'embarquement avec une profondeur de cockpit importante pour un semi-rigide de moins de sept mètres. Un point qu'apprécient les plaisanciers navigant avec des jeunes enfants. Ce bateau, qui échappe à la taxe, est aussi en mesure de voyager sur sa remorque, flotteurs gonflés, quand bien même Ouest Composites offre en standard un gonfleur électrique (prise allume-cigare au tableau de bord). Au ponton, le Manta 680 en impose avec ses flotteurs en Orca "Fabric Impression" de bon diamètre. Ici, pas d'effet de style à l'italienne, le chantier d'Auray a opté pour de la corde tressée épaisse et d'une prise agréable. Bien sûr, les passages plongeurs n'ont pas été oubliés avec une pièce de renfort noire moins "abrasive". Les six compartiments de gonflages sont dotés d'une valve de surpression (rare sur les flotteurs en CR/CSM) pour parer aux fortes températures. Pour ce qui est du polyester, il montre un aspect brillant et régulier sans traces de démoulage. Le pont est lié à la coque par collage et stratification, un sandwich de balsa vient renforcer les bordés, tandis que les virures sont entièrement remplies de résine. Nous verrons lors de l'essai que la rigidité structurelle paraît sans failles (pas de mouvements de torsions ni de bruits parasites).
A cette qualité de fabrication sérieuse, le Manta ajoute l'argument de l'accessoirisation à la demande. Si notre bateau d'essai montre un cockpit semi aménagé (banquette, leaning-post, console), ce qui lui vaut le label "Pack confort", Pro Marine propose aussi une version vierge de tout élément de pont pour dix mille euros de moins. Charge à l'acquéreur de choisir ses équipements dans une longue liste d'options que propose le chantier, voire en prospectant chez des équipementiers spécialisés. Spartiate ou familial, le Manta 690 peut recevoir à la demande bain de soleil, WC chimique dans la console, douche de pont, bolsters (au lieu du leaning-post), table de pique-nique, coussin pour le siège devant console, crochets de ski, roll-bar avec bimini, ou bimini seul, davier sur socle polyester, guindeau électrique… Les fondus de pêche préféreront sans doute les porte-cannes, la boîte à leurres, le bac à poissons, le vivier, le T-top à casquette polyester…
Ce semi-rigide peut adopter une multitude de profils, en fonction de l'usage ou des usages que veut en faire son propriétaire. Un vrai "couteau suisse" ! Mais quelle que soit l'utilisation qui en est faite, l'esprit marin demeure présent avec un pont de plain-pied sur lequel est rapporté un coffre à ancre avec couvercle "passe-bout" et taquet dans l'axe du guide de mouillage. On apprécie aussi l'espace laissé entre le leaning-post et la banquette de poupe à structure inox qui, les pêcheurs apprécieront, est démontable pour faciliter la traîne. Côté rangement, la soute arrière qui abrite les éléments techniques (batterie, filtre et pompe de cale) est vaste, le coffre sec du leaning-post volumineux, sans parler du grand abri de console… Les deux gros vide-vite inox à l'aplomb du tableau arrière devraient assurer un assèchement rapide du pont. Un bon point aussi pour les deux plates-formes qui encadrent le bac moteur, dotées d'une échelle et de deux solides taquets.
Pour les essais presse, Pro Marine aurait pu opter pour la puissance maxi : 200 chevaux. Il a choisi de présenter son "petit" Manta avec un Mercury Verado 150, après avoir réclamé à Mercury le tout nouveau 150 Fourstroke, mais celui-ci n'était pas encore livrable. Rien à redire sur cette option "sage", car comme nous allons le voir, ce mariage donne entière satisfaction. Que ce soit à l'accélération avec un déjaugeage express (3"2) ponctué d'un cabrage modéré et un "0 à 20 nœuds" abattu en 5"4, ou en vitesse de pointe, avec 42 nœuds, une marque très convaincante pour un bateau de ce format. Pour en terminer avec les chiffres, ne manquons pas de mettre en avant les excellents rendements obtenus sur une très large plage de régimes (de 3 000 à 5 000 tr/min), avec une fourchette de vitesses de 17,1 à 34,5 nœuds ! De quoi adopter le rythme de croisière adéquat, sans malmener la conso. A la barre, les sensations sont bonnes, le Manta se montrant à la fois marin et rassurant, même avec une bonne louche de trim positif. L'assiette se signale par un équilibre remarquable quel que soit l'angle sous lequel on attaque les vagues. En l'occurrence, un clapot cassant sur lequel le Manta n'a pu éviter quelques impacts virils. Le large patin de quille de cette coque (tiers arrière), dérivée d'un Pro Marine rigide à propulsion jet, y serait-il pour quelque chose ? Toutefois, rien à craindre pour sa part, tant il est costaud. Terminons par sa maniabilité exceptionnelle en virage, avec une gîte intérieure marquée et régulière, un grip constant et des relances en sortie en pleine motricité. Un régal !
CONCLUSION
Comme on peut en juger, Pro Marine n'a pas mis longtemps à se faire au semi-rigide. Il est vrai que son expérience des opens rigides a joué en sa faveur. Ce deuxième Manta devrait se faire sans tarder une place dans ce secteur concurrentiel, grâce à une construction sérieuse et un caractère marin. Le lancement du Manta 580 est déjà prévu, avant l'été prochain, avec une carène "top secret".