*Elégant et dynamique, le nouveau 62 Sport ne laisse pas indifférent en dépit d'un certain classicisme dans sa conception. Il est vrai que son aménagement est fonctionnel et que son cockpit se montre accueillant. Un bel engin pour partir chasser les mouillages et se laisser tracter sur des skis ou un wakeboard.*
Texte et photos Philippe Leblond
Déjà à la tête de trois lignes de produits, le chantier Colzani a présenté à l'occasion du Nautic de Paris 2014 un semi-rigide au look plus tranché : le 62 Sport. Son grand frère, le 70 Sport, est apparu peu de temps après. Cette nouvelle série de semi-rigides s'en tient pour l'instant à deux modèles et vient diversifier une production qui reposait jusque-là sur les lignes Classic (semi-rigides équipés confort dont sont issus les Sport), Open ("châssis" aménageables à la carte), et Tender (annexes pour la clientèle des grands yachts). Les deux nouveaux modèles étaient réunis pour nous à La Londe (Var), au port à sec Gaport, distr ibuteur de la marque italienne depuis plusieurs années. Commençons avec le 62 Sport…
Issue du 62 Classic, la version "Sport" se différencie par une robe plus agressive que les tons neutres de son aîné. Le Sport opte pour une opposition de couleurs franche, associant pour ses flotteurs en Orca du tissu noir à motif carbone et blanc glacier, les deux teintes étant départagées par un liséré rouge vif. Un motif que l'on retrouve pour les saisines en forme de sangles (pas très agréables de prise en main) et la sellerie, surpiquée de rouge, dont nous noterons rapidement la fermeté. Il n'y a pas à dire, la série Sport fait son effet, à la fois pour son esthétique musclée, et sa finition très soignée. Le gel-coat uniformément brillant, la sellerie impeccablement coupée et les flotteurs soigneusement assemblés offrent une qualité perçue qui n'est pas trahie par un examen plus approfondi. L'intérieur des coffres, les renforts de coque, le montage des périphériques moteur, l'accastillage sont tout aussi bien traités et justifient le prix demandé. Parmi les détails qui font la différence, mentionnons les coffres, tous munis d'une goulotte de drainage, de fermoirs inox réglables et "cadenassables", de capots dotés de joints en caoutchouc et de vérins d'assistance à l'ouverture. Seul bémol : les charnières apparentes qui peuvent blesser les pieds nus…
*Avec une hélice plus longue, la V-max serait à la hauteur*
Doté d'une capacité de rangement au dessus de la moyenne le 62 Sport exploite pour cela tous les volumes disponibles : soute arrière et retours de banquette arrière, leaning-post (deux coffres), console (avec ouverture frontale), socle avant supportant le solarium (trois coffres), sans oublier la baille de mouillage indépendante… Pour ce qui est des places assises, il se monte aussi généreux, avec cinq personnes sur la banquette arrière (transformable en carré pour l'apéritif grâce à la tablette au dos du leaning-post), une à deux au pilotage, une autre sur le siège devant la console, et encore quatre réparties sur les flotteurs, pouvant se tenir aux mains courantes de console et de leaning-post. En cas de grosse chaleur, un cabriolet trois arceaux peut se déployer à partir du roll-bar inox, équipé des feux de navigation.
En mer, le 62 Sport fait apprécier son tempérament sportif avec une carène qui s'aère naturellement, ce qui doit inciter à un usage modéré du trim. Un réglage positif un peu excessif (ce que nous tentons lors des essais pour obtenir une V-max optimale) déclanche un mouvement de roulis qui tend à s'amplifier, comme c'est souvent le cas sur les bateaux dont la carène navigue très déjaugée. On note d'ailleurs un net cabrage au démarrage plein gaz, ce qui n'empêche pas le BSC de reprendre son assiette en seulement 3"1 grâce à la poussée franche du Suzuki 150 ch. Les 20 nœuds sont franchis en moins de 5", mais la vitesse maxi "plafonne" à 38,5 nœuds, ce qui est légèrement en retrait face à la concurrence. Le régime maxi 200 tr/min au-dessus de la valeur haute du motoriste (6 200 au lieu de 6 000 tr/min) témoigne du choix d'une hélice tirant court. Troquer cette 19" x 15"1/4 (une hélice clairement typée pour propulser un bateau chargé) contre une 20" ou 21" de plus petit diamètre devrait permettre au 62 Sport de dépasser les 40 nœuds. Et par là même de signer des rendements plus économiques aux allures de croisière, rallongeant du même coup l'autonomie… La fonction débitmètre n'étant pas valide lors de notre essai, nous n'avons pas pu mesurer les consommations, mais on peut les estimer entre 20 et 35 l/h pour la plage de régimes comprise entre 3 500 et 4 500 tr/min, pour des rendements un peu inférieurs au mille parcouru par litre consommé. Une hélice plus "rapide" donnera de meilleurs résultats dans ce domaine aussi, en dégradant légèrement le pouvoir d'accélération, sans pour autant rendre le bateau "apathique".
*Le tableau de bord est à prendre en exemple*
Bien installé à la barre du 62 Sport, grâce à des commandes à bonne hauteur, une console laissant de la place au niveau des pieds pour prendre de bons appuis, et un leaning-post confortable, le pilote bénéficie aussi d'une bonne protection grâce au pare-brise haut et enveloppant. Le tableau de bord aussi mérite une bonne note. Il est à la fois spacieux et bien agencé, avec la possibilité d'intégrer un traceur grand écran (en l'occurrence un Garmin GPSMap de 9 pouces), une radio stéréo Fusion, le combiné Suzuki et sa commande Troll Mode, qui permet de moduler son régime de ralenti en manœuvre, sans oublier l'indispensable vide-poches, trop souvent absent. Quels que soient les régimes et la direction de la mer, la tenue de cap est sereine. Réactif, évolutif, le 62 Sport gâte son pilote, jusque dans les virages pris pleins gaz, où son comportement sain et alerte (gîte intérieure régulière, guidage précis, grip constant, reprises énergiques en sortie) est source de plaisir. En revanche, dans la mer hachée rencontrée lors de notre essai, la carène n'a pu éviter quelques claques et comme la structure est très rigide (construction sérieuse), le confort s'en est ressenti par instants.
Conclusion Son esthétique très graphique, le soin apporté à sa construction et sa finition sont déjà une bonne entrée en matière lorsqu'on embarque à bord de ce BSC. On apprécie ensuite une certaine facilité de circulation à bord, malgré les nombreuses places assises et les deux solariums. Le pilotage aussi est à l'honneur, grâce à une carène vive mais assez facile à maîtriser avec les 150 chevaux du Suzuki. Une mécanique qui se fait aussi apprécier en croisière, avec une sonorité discrète propice aux longues balades en famille ou entre amis.