Physique avantageux, cockpit très habitable, où l'on circule facilement, surface de bain de soleil et rangements généreux… ce 75 Classic, mâtiné du look de la série sport, séduit également par ses qualités dynamiques. On aurait juste aimé le tester avec plus de puissance…
Texte et photos Philippe Leblond
Ce modèle d'essai était encore le printemps dernier un exemplaire hybride. Séduit par l'esthétique de la série "Sport", lancée par BSC il y a deux ans, le revendeur de House Boat, Ludovic Ravel, avait demandé au chantier italien de lui composer un 75 Classic avec les flotteurs gris et noir segmentés de rouge, et la sellerie à motif fibres de carbone, signes distinctifs de la série S. Le résultat est séduisant, avouons-le, et d'ailleurs depuis, Colzani a étoffé sa nouvelle gamme avec un 75 S.
*Pourquoi ne pas avoir décalé complètement la console ?*
Hormis cette particularité, rien de surprenant à bord du 75 pour qui connaît la marque italienne. La surface de pont est importante du fait d'une largeur au-dessus de la moyenne, pour un 7,50 m. Le pont contremoulé réserve un volume de rangement peu commun (une habitude chez BSC !) et le carré arrière en U est aussi une "figure imposée" pour le chantier de Côme. On notera tout de même la console déportée sur tribord, une option que l'on trouve plus fréquemment sur des semi-rigides de 4 à 6 mètres. Mais, en l'occurrence, on ne comprend pas que BSC n'ait pas décalé plus encore cette console, puisque le petit passavant résiduel de tribord, sur lequel empiète la main courante de pare-brise, est impraticable. Ces quelques centimètres de gagnés auraient permis au pilote et à son copilote de mieux cohabiter derrière les commandes, car le pilote aurait été assis plus à droite, alors que dans l'état actuel des choses, il monopolise les deux places du leaning-post… Hormis cette critique, le plan de pont est bien balancé, avec deux grands solariums (ce sont presque 6 m2 que propose le BSC pour faire bronzette !), celui de la poupe étant convertible en une dînette autour de laquelle peuvent prendre place sept à huit personnes, et un accès relativement aisé à l'espace baignade. Celui-ci est composé de deux plates-formes antidérapantes, celle de bâbord intégrant l'échelle. La douchette, proposée dans la dotation standard, est à portée de main. Le haut roll-bar, soutenant le taud de soleil, permet d'enjamber facilement le dossier de la banquette sans se cogner a tête. Pour opérer l'amarrage à la proue, les taquets étant fixés à l'extérieur des hiloires polyester qui ferment le cockpit, il conviendra de se rendre sur les plates-formes, ce qui n'est pas si simple, lorsqu'on doit frapper une amarre dans l'urgence.
Quant à la qualité de réalisation, elle ne souffre guère de critiques. L'assemblage des flotteurs est soigné, avec des collages propres et des cloisonnements de chambres presque indécelables, un polyester blanc uniforme et brillant, des coffres tous équipés de vérins d'ouverture et de joints de caoutchouc pour limiter les bruits parasites en navigation. Les inox sont de belle qualité et l'échantillonnage des matériaux semble lui aussi généreux (le bateau dépasse tout de même la tonne, sans moteur). On notera aussi la présence des fermoirs de coffres réglables et pouvant recevoir un cadenas. Si la sellerie est plutôt ferme, elle est de belle facture, et les matelas de bain de soleil sont solidement fixés sur de longues bandes de Velcro (à pleine vitesse, ils n'ont pas bougé).
*Une autonomie à rendre jaloux les cabin-cruisers*
C'est dans le Golfe de Saint-Tropez que nous avons pu essayer ce pimpant BSC 75, au départ des Marines de Cogolin. Sur le tableau arrière, un Suzuki DF225, soit une puissance sensiblement inférieure au maxi autorisé : 280 ch, autrement dit 250 ch en langage hors-bord puisque cette puissance (et même celle de 275 ch) n'est pas représentée. Un V6 qui fait parler la poudre au démarrage puisque nous avons signé de beaux chronos dans ce domaine avec, notamment, un déjaugeage en 2"8 ! Au plan de la vitesse de pointe (39,5 nœuds à notre GPS), à première vue, on reste sur sa faim. Avec un 225 ch, on est tout de même sensé dépasser les 40 nœuds, non ? Mais, en y regardant de plus près, quatre facteurs peuvent expliquer cette légère contre performance. D'abord, la présence d'un antifouling, ensuite, une hauteur de montage très sage (0 cm) dans l'optique de la location, enfin un moteur doté d'une hélice à pas court et affichant seulement 6 heures de marche. De quoi laisser quelques nœuds en route (sans doute quatre ou cinq) qui remettraient ce BSC 75 dans les clous. Du coup, en tenant compte de ce supplément de vitesse, les ratios "distance parcourue/essence consommée" seraient encore meilleurs que ceux affichés dans notre tableau et qui ne sont déjà pas mauvais. En l'état, le BSC dispose d'une autonomie de 250 milles au meilleur rendement, il est vrai grâce à un gros réservoir. Rajoutons trois nœuds à la vitesse de croisière économique soit 23 nœuds à 3 500 tr/min, et ce sont 35 milles supplémentaires que vous couvrirez à consommation égale !
Sur le plan du comportement et du pilotage, le BSC 75 fait les choses bien. Le barreur se sent rapidement en confiance, appréciant le caractère franc de ce semi-rigide qui, quel que soit le régime, affiche une assiette stable, tant en longitudinal lors de quelques petits décollages sur le mètre de houle résiduel, qu'en latéral, même lorsqu'on use et abuse du trim positif. Idem en virage rapide, ou il adopte une gîte intérieure franche et régulière, traçant ses courbes avec précision, bien accroché sur ses virures, et relançant énergiquement à l'assaut d'un nouveau cap.
Conclusion : Pour résumer, le BSC 75 Classic aux couleurs de la gamme Sport ne séduit pas que par son physique avantageux. Spacieux, son cockpit est bien organisé (à l'exception de la console pas complètement décalée), que ce soit pour le temps passé au mouillage, avec quantité de rangements, deux grands solariums et une table pour le pique-nique, ou en navigation avec ses nombreuses places assises et un comportement serein.