Ce semi-rigide catamaran est un OFNI dans le paysage de notre plaisance déjà peu coutumière des catamarans de vitesse. Délirant du point de vue de la conception, l'Hysucat 8.5 a pourtant les patins qui touchent bien l'eau. Nous avons pu le vérifier le temps d'une nouvelle démonstration, courte mais édifiante.
Texte Philippe Leblond – Photos Smartkat
La "créature" de Malan Conradie, designer de ce semi-rigide catamaran pour le compte du chantier sud-africain Hyzucat Marine, est vraiment à part dans l'univers du pneumatique de plaisance. Déjà, il y a ce qu'on voit, notamment deux Evinrude inclinés au point que les têtes motrices convergent nettement, et il y a ce qu'on ne voit pas : un tunnel formé de deux voûtes, dans lequel sont implantés deux hydrofoils, le premier à mi-longueur, le second vers la proue. Etrange… Oui, étrange mais efficace, comme nous avons pu le constater il y a deux ans, à l'occasion de l'essai du 8.5 Elan (Pneu Mag n°93) et plus récemment, à bord du Special Ullman Edition, le temps d'un run au large de La Rochelle.
D'abord, il y a l'accélération, plutôt musclée, comme le prouve le relevé chronométrique : 3"1 de 0 à 20 nœuds, 5"4 de 0 à 30 noeuds et 9"4 de 0 à 40 nœuds ! L'impression de facilité est surprenante : sans aucun cabrage, le bateau se sustente très vite et part comme une balle ! Et ceci avec deux Evinrude 150 ch HO. Quand on sait qu'on peut installer jusqu'à 2 x 250 ch… La V-max n'est pas mal non plus à 51,2 nœuds à 5 400 tr/min, avec des moteurs sortant juste du carton (le constructeur revendique 58 nœuds à 5 800 tr/min avec des hélices Raker de 24"). Voilà qui situe bien le potentiel de ce 8,50 m qui déplace environ 1 400 kg en ordre de marche.
A 3 600 tr/min, la vitesse est déjà de 35 nœuds, pour croiser à l'économie avec une conso de 20 l/h par moteur. Grâce à sa faculté de planer à très basse vitesse (dès 1 600 tr/min à 9 nœuds), le pilote n'a que l'embarras du choix pour trouver son rythme de croisière. Et il y a aussi cette façon de virer presque à plat, obligeant l'équipage à se cramponner sérieusement. L'accroche est stupéfiante et l'on n'est pas mécontent de tenir un siège Ullman entre ses cuisses, histoire de rester à bord. Mais surtout, il y a ce passage dans la vague, assez bluffant, surtout depuis que la carène a été modifiée (virures sur les flancs intérieurs des patins, façades intérieures verticales) pour compresser un plus grand volume d'air. Cette carène gomme complètement le gros clapot (70 cm). Les passagers ne ressentent aucun impact, même pleins gaz !
De retour au port, après s'être laissé bercé par la chorale envoûtante des V6 Evinrude, on apprécie la facilité de manœuvre offerte par l'écartement des hélices. Prendre sa place à quai est un jeu d'enfant en jouant des inverseurs. A ceux qui trouveraient ce semi-rigide trop grand et trop cher, l'importateur annonce qu'un tout nouveau 6.8 (pas de taxe) est en cours de finalisation au Cap. Avis aux amateurs !
PERFORMANCES :
Vitesse maxi : 51,2 nds à 5 400 tr/min
Vitesse de croisière économique :
35 nds à 3 600 tr/min
Accélération de 0 à 20 nds : 3"1 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage :
9 nds à 1 600 tr/min
Consommation en croisière économique (estimation) : 40 l/h à 3 600 tr/min
Autonomie en usage courant (estimation) : 157 milles à 35 nds
Hélice : Raker 24" inox 3 pales
NB : consommation, données constructeur.