Essai Mako 58 Easy

Légitime

Lorsqu'un constructeur, à des fins de diversification, lance une seconde marque pour "ratisser plus large", la qualité n'est pas toujours au rendez-vous… Dans le cas du Mako, dont l'esthétique se démarque de celles de ses frères Zar, c'est loin d'être le cas. Bien que moins cher, il maintient les standards de qualité et les aptitudes marines chères au chantier milanais.

Texte Philippe Leblond – Photos Il Gommone


 26 327 € sans moteur (tarif 2016)
 5.8 m
 10
 37,5 nds avec Suzuki 115 ch 4T
Banniere_axa

3_bannie_re-he_lice-540x145
Orca-logo_rvb

Paru dans le Pneumag n° 83 Mai/Juin 2011



L'événement a eu lieu au Salon de Gênes, en octobre dernier. Sur le stand Zar Formenti, trônait le premier modèle d'une toute nouvelle gamme baptisée Mako. Un semi-rigide portant la mention "Zartechnology", pour bien affirmer sa parenté avec cette marque bien connu des plaisanciers français. "C'est un modèle pour la clientèle qui recherche un pneumatique traditionnel" affirme, en substance, Piero Formenti, l'emblématique patron du chantier milanais… Avant d'ajouter : "Il porte le nom du valeureux For Sea Mako, produit par Formenti entre 1985 et 1996, mais il ne s'agit pas d'un remake !"
Bien que différent des Zar par sa silhouette, le Mako 58 est construit selon les mêmes standards que ces frères de chantier, auxquels il emprunte certains éléments. Par exemple, sa carène est issue de celle du Zar 47, tandis que son plan de pont est une extrapolation de celui du 53. Alors, le Mako ne serait-il qu'une pâle copie, un clone, de Zar ? Non, car la forme des flotteurs, totalement différente, "débarrassée" ou presque du polyester lui confère une silhouette de "vrai" semi-rigide. C'est ce que recherchait le constructeur, afin d'offrir une alternative aux clients désireux de s'offrir la qualité Zar, mais réticents devant l'esthétique très particulière de ses semi-rigides… Cette fois, tout le monde est content !
Après s'être étonné devant la ligne séduisante du Mako, les connaisseurs seront moins surpris par le tour du propriétaire. Fidèle à ses idées, le chantier offre à nouveau un semi-rigide très "famille". Avec l'une de ses marques de fabrique : une surface de bain de soleil maximale ! Et bien sûr, comme sur les Zar, un solarium convertible en coin pique-nique (la rallonge du solarium avant fait office de table) et de nombreux et profonds rangements à l'image de la cale de poupe, avec son ouverture à double système (partielle ou totale, selon l'importance du matériel à stocker). Mentionnons aussi les équipets latéraux (ouverts), de part et d'autre de la banquette, et le coffre vertical moulé dans le dossier de la banquette arrière, bien pratique pour le matériel "humide". Comme la cale arrière, le grand coffre de l'avant possède un capot doté de vérins à gaz pour le maintenir en position ouverte. Par contre, on regrette l'absence de joints de caoutchouc sur le pourtour des coffres… Du point de vue de l'accastillage, le chantier milanais se montre généreux, comme à l'accoutumé, avec de beaux taquets inox, de nombreuses poignées ou mains courantes (échelle de bain, banquette arrière, console…) et, dans le cas du Mako 58, d'une ancre à poste dans son écubier d'étrave, avec option guindeau électrique, sans doute une première sur un semi-rigide de cette taille. Le delphinière large et antidérapante est néanmoins équipée d'un petit davier : pratique pour l'amarrage sur pendille…
Autre point positif, la console déportée sur tribord laisse un passavant généreux, et avec le concours de l'assise de banquette relevable, la position de conduite debout (comme assis d'ailleurs), grâce aussi au léger retrait au niveau des jambes et à la bonne position des commandes (volant vertical et boîtier pupitre), s'avère satisfaisante. En revanche, on peut se montrer critique à l'endroit du tableau de bord qui, s'il est bien dessiné, ne ménage quasiment pas de place pour le montage d'une aide électronique à la navigation. Par ailleurs, le pare-brise pourrait être un peu plus protecteur…
Tout d'abord, veuillez nous excuser pour les mesures dynamiques incomplètes que nous vous livrons dans cet essai. La météo exécrable ne nous a pas permis d'enregistrer les mesures que nous publions habituellement. Les quelques chiffres de vitesse qui figurent ici nous ont été transmis par le chantier Zar Formenti. On y relève une vitesse maxi de 37,5 nds, dans la moyenne. Pourtant, si l'on compare le poids du Mako à celui des autres semi-rigides de la catégorie, on ne peut pas parler de surcharge pondérale, à l'exemple du Zar 57 Welldeck qui affiche 200 kg de plus sur la bascule… Le constructeur nous a également fourni une autre V-max concernant ce même bateau, mais propulsé par un 60 ch : 32,4 nds. Une puissance que l'on peut considérer comme un seuil tout à fait décent pour ce semi-rigide. Au-delà de ces chiffres, le Mako nous a fait belle impression volant en main. Agréable à piloter car doté d'une carène réactive, tant aux changements de direction qu'aux différents réglages du trim, ce semi-rigide de moins de six mètres affiche une belle présence dans la mer formée. Bien équilibrée, l'assiette ne réserve aucune mauvaise surprise que ce soit dans les sauts, où le bateau se réceptionne sans heurts excessifs, ou lors des virages, larges ou serrés. On note toutefois une certaine sensibilité à l'effet de couple de l'hélice, ce qui impose de bien équilibrer la latéralité des charges dans le cockpit avant d'envoyer la cavalerie. Une fois ceci accompli, le Mako part à l'assaut des vagues avec assurance et gourmandise. Dans la houle culminant à 1,50 m le jour de notre essai, il a montré un comportement sûr, même en attaquant fort, et des aptitudes sportives rehaussant le plaisir de pilotage. La tenue de cap s'est révélée rigoureuse, dans toutes les directions de mer, et la motricité excellente, même lors des remises de gaz brutales, en virage serré. Sous la force du 115 ch (sa puissance maxi) et l'action du trim en réglage positif, la carène s'aère bien sans amorce de roulis, même au régime maxi. Pour résumer, les prestations nautiques du Mako 58 sont tout à fait convaincantes, et se traduisent par un plaisir de conduite supérieur à celui de ses frères Zar, du fait d'une plus grande légèreté.



photo Mako 58 Easy


photo Mako 58 Easy


photo Mako 58 Easy


photo Mako 58 Easy





CONCLUSION : Pour son entrée en scène, le Mako 58 a fait étalage de belles qualités, au rang desquelles son esthétique, plus consensuelle que celle des Zar, est à souligner. Pour le reste (qualité de construction avec flotteur Orca et stratification irréprochables, aménagement convivial et qualités nautiques indéniables) il bénéficie du travail très sérieux de Zar Formenti. En dépit d'un tarif plus accessible, Mako n'a rien d'une sous-marque.




5
2
3 4 6
je suis la