Le récent Patrol 650 vient chapeauter la large gamme du constructeur australien. Simple mais bien conçu, léger et maniable, économique à l'usage, il met en avant sa polyvalence. Mais, faisant l'impasse sur un certain nombre d'équipements de confort, il s'adresse avant tout aux plaisanciers de la côte ouest.
Texte et photos Philippe Leblond
Il n'y a pas à dire, avec son opposition de couleurs tranchée, le Patrol attire les regards, et séduit. Il est vrai que cette "cosmétique" à tonalité sportive va bien avec son gros œuvre en aluminium (coque, plancher et accessoires), un matériau qui plaît aux marins baroudeurs. De ces plaisanciers qui apprécient plus que tout de naviguer par toutes les conditions, et pouvoir beacher ou échouer sans arrière-pensée… A la fois léger et dur au mal, l'alu permet cela, davantage que le polyester.
Mais, échelle de bain, douchette, solarium, table de pique-nique et taud de soleil ne figurent pas au programme, et ce joli canot se prive d'emblée d'une clientèle méditerranéenne familiale. En contrepartie, il peut à la fois plaire aux familles qui naviguent en Atlantique ou en Manche, et convenir aux utilisateurs spécifiques que sont pêcheurs, chasseurs ou plongeurs. Cette polyvalence, elle est rendu possible par un cockpit de plain-pied (garni de patches antidérapants efficaces) qu'il est possible d'aménager à sa convenance. On peut, par exemple, fixer la console et les sièges plus ou moins en arrière (afin de laisser un maximum de place libre en avant de la console, ce qu'apprécieront les pêcheurs et chasseurs) et d'opter au choix pour une paire de sièges jockey (notre bateau d'essai) ou une banquette arrière, pour ceux qui, à la navigation rapide en mer formée, préfèrent la balade tranquille. Côté rangement, pas de grand coffre (il faudra poser les skis ou le wake-board sur le plancher !), mais plusieurs possibilités entre les socles des sièges jockey, le corps du leaning-post ou l'intérieur de la console. Mentionnons également les deux petites cales techniques situées derrière le roll-bar, qui dissimulent la batterie, le filtre à essence et les câbles du moteur. Au centre, une trappe de visite sert d'accès à la pompe de cale électrique. L'un des points forts de cet aménagement est sans conteste l'ergonomie dont bénéficient les passagers et le pilote. Les deux sièges jockeys, bien qu'ayant une assise un peu molle, sont bien placés et, grâce à la main courante au dos du leaning-post, permettent de se tenir debout lorsque l'état de la mer le réclame. Le siège pilote et copilote, quant à lui, est bien dessiné et offre un appui fessier efficace, combiné au cale-pieds et à la façade en retrait de la console. La poignée pour le copilote n'a pas été oubliée, et le haut pare-brise dispense une vraie protection. Autre motif de satisfaction : malgré la console et son leaning-post biplaces, les passavants sont très praticables. A semi-rigide de bonne taille, puissance consistante. C'est logiquement que l'on trouve sur le tableau arrière du Patrol 650 le Honda BF150, un 4-cylindres "cubant" 2 354 cm3 et doté du système V-TEC, cher à la marque japonaise, procurant un surcroît de puissance au-dessus de 4 500 tr/min. Ce dernier est fixé sur une robuste chaise en alu allongeant de manière fictive la longueur de coque, au profit d'une meilleure stabilité longitudinale et permettant de monter le moteur plus haut, son hélice étant mieux alimentée en eau. Sans plus tarder, nous attaquons les mesures de vitesse, de consommation et de niveau sonore. Un premier bon point pour le déjaugeage qui, a défaut d'être express, se déroule quasiment sans cabrage. La poussée du Honda s'exprime alors pleinement pour franchir les 20 nœuds en moins de cinq secondes. Et l'envolée se poursuit sans faiblir (bien aidée par le V-TEC) jusqu'à la V-max. En dépit de nos efforts, notamment pour peaufiner le réglage de trim, nous ne passerons pas la marque des 40 nœuds, qui semblait promise à cet ensemble jouissant d'un bon rapport poids/puissance (4,7 ch/kg). Mais, il suffit de jeter un coup d'œil au compte-tours, pour comprendre cette légère contre performance : 6 500 tr/min, c'est 500 tr/min de trop. Nous n'avions pas d'autre hélice sous la main, mais il ne fait guère de doute qu'avec une 19" au lieu de la 17" de l'essai, le Highfield aurait gagné les trois nœuds qui le mettraient "dans les clous" face à la concurrence, et lui permettraient d'améliorer ses rendements qui sont déjà excellents. Car, dans ce domaine, "l'élève" Patrol obtient une note exceptionnelle. Avec les réserves que l'on peut émettre à l'endroit des appareils de mesure, nous avons obtenus des ratios de plus d'un mille par litre jusqu'à 5 000 tr/min ! C'est à 3 500 tr/min que le Honda se montre le plus sobre, avec seulement 12,4 l/h, pour une vitesse de 19,3 nœuds, allure parfaite pour des sorties en famille. A ce régime, l'autonomie est de 210 milles ! Et elle est encore de 170 milles à 23,2 nœuds (4 000 tr/min) et 160 milles à 27,5 nœuds (4 500 tr/min). De quoi programmer de belles et longues balades sans repasser souvent à la pompe !
Au plan du pilotage et du comportement, le Patrol se montre vivant, agréable et docile, à une exception près : dans les virages rapides à gauche. Un conseil, réduisez les gaz si vous braquez serré dans cette direction, sous peine de voire le Highfield vous désarçonner d'un coup de gîte aussi soudain que contraire ! Surprenant, d'autant que de ce côté-là, il s'inscrit mieux, avec une gîte intérieure plus prononcée que lorsqu'on vire à droite. Allez comprendre… En ce qui concerne le confort dans la vague, impossible de l'évaluer, la météo nous ayant réservé un temps de "demoiselles". Le franchissement de nos vagues de sillage et celles d'un gros Jeanneau croisant notre route ne sauraient nous autoriser à porter un jugement définitif.
Conclusion :
Bien qu'il ne passe pas inaperçu, ce Patrol 650 n'a rien de bling-bling. Tout est pensé à son bord pour être utile, efficace. On peut juste regretter que le chantier n'ait pas prévu d'avantage d'équipements optionnels… Plutôt bien fini, offrant à son équipage quatre vraies places assises pour des navigations sportives et sûres, il s'accommode parfaitement du Honda 150 ch, lequel lui donne une autonomie fantastique, grâce à une belle sobriété énergétique. Un peu juste en vitesse de pointe, le Patrol 650 n'a pas besoin d'un 175 ch, mais d'une hélice mieux adaptée.