Au-delà de leur différence de gabarit, c'est leur différence de philosophie qui dicte le choix en faveur de l'un ou de l'autre. Pour le 360, plus petit mais doté d'une commande à distance, se dessine une vocation d'annexe, sinon familiale, tandis que le plus grand devrait trouver grâce auprès des utilisateurs sportifs que sont chasseurs ou pêcheurs. Opposition de styles…
Texte et photos Philippe Leblond
Le Classic 360 se trouve à la limite du petit bateau de loisir, à même de s'affranchir du pur rôle d'annexe. Avec sa carène en alu, gage de rigidité et de légèreté (seulement 68 kg sans les accessoires), il peut tout de même accueillir un hors-bord d'une puissance allant jusqu'à 25 chevaux. Cette puissance, en comparaison du Honda 20 ch de notre essai, devrait lui permettre de tirer un wake-board, à condition que le rider ne soit pas trop corpulent, même avec trois personnes à bord dont un "surveillant", assis sur le coffre avant, en sens inverse de la marche. Notre bateau d'essai était équipé d'un support tubulaire pour les commandes à distance, et d'un siège biplace à dossier rabattable, dont la base sert de coffre pour la batterie et un peu de rangement. La nourrice de 25 litres peut se sangler sur le sol, près du tableau arrière, le coffre avant étant alors libre pour du rangement supplémentaire, d'autant que l'on trouve un puits de mouillage indépendant en avant de celui-ci. En revanche, pas trace de davier, ni de guide pour le mouillage…
Si les flotteurs de gros diamètre donnent une bonne assise sur l'eau et peuvent servir de siège en navigation, ils ne laissent pas une grande surface de pont. Toutefois, le poste de commandes étant décalé sur tribord, le passage vers l'avant se fait sans encombre, avec pour antidérapant, des bandes de caoutchouc collées sur l'alu peint en blanc (bien pour les régions chaudes !). On peut regretter les saisines classiques en cordelette, remplacées ici par des sangles dont la prise en main n'est pas agréable.
Son grand frère, qui vient de la série Reef, une gamme de semi-rigides à moteur en barre franche présente un cockpit plus spacieux, en raison de sa longueur (+ 54 cm) et de sa largeur (+ 37 cm) supérieures. Les flotteurs sont à l'avenant ainsi que la puissance maxi autorisée : 40 chevaux. Par contre, le plan de pont est réduit à sa plus simple expression, même s'il intègre, comme le Classic, un coffre et un puits de mouillage indépendants. Face au Classic à commandes à distance, pouvant séduire une petite famille (deux parents, un enfant), le Reef semble plutôt s'adresser à un couple de plongeurs ou de pêcheurs désireux de bénéficier d'une certaine liberté de mouvement à bord pour leurs activités.
En passant de l'un à l'autre, nous avons pu constater toute la différence de pilotage et de comportement qu'il y a entre un pneu en barre franche ou à commande à distance... Le pilotage du premier est plus physique, même si le Honda 20 ch possède une commande de gaz douce et progressive ainsi qu'une direction réglable en fermeté (à l'aide d'une simple molette), et seul à bord, la répartition des masses est nettement en faveur de l'arrière. Ce dont il faudra tenir compte face au vent… Tandis que, bien assis, volant et levier de gaz en main sur le second, le pilotage est vraiment plus reposant et plus précis. Du Honda BF20, le Classic 360 s'accommode parfaitement, avec une assiette bien équilibrée (meilleur centrage des poids), une vitesse de pointe décente (20,5 nœuds) et un certain dynamisme. Avec cette motorisation, proche du maxi homologué, il est possible de réduire un peu les gaz et de tenir une vitesse de croisière d'environ 16-17 nœuds, avec à la clé une conso plus basse et un niveau sonore encore plus discret. En revanche, sur le Reef 420, le moteur est constamment sollicité, en raison de sa surface mouillée plus importante et du poids plus élevé (près de 40 kg !). A l'évidence, le Reef mériterait au moins 30 ch (près de 25 nœuds) ou 40 ch (près de 30 nœuds), à condition que son pilote tienne la distance, le maniement de la barre franche devenant plus physique, avec ces cylindrées, et dispose d'au moins un passager à placer vers l'avant, afin d'éviter un cabrage excessif dans la phase de déjaugeage, mais aussi face aux vagues. Nos tests ayant eu lieu sur un plan d'eau calme, difficile d'extrapoler le confort en navigation de ces petites coques au V plutôt ouvert (17 et 18°)…
Au ponton
Les constructeurs de semi-rigides à flotteurs en PVC sont de plus en plus nombreux à proposer l'Hypalon en option. C'est le cas de Highfield dont les bateaux peuvent être, à la demande et moyennant supplément, dotés de flotteurs en tissu Orca (Pennel & Flipo), plus résistants et autorisant un choix de coloris plus étendu. Le tissu livré en standard sur les Highfield est le Valmex 1 100 décitex (Melher Texnologies), un PVC allemand de qualité. Les deux modèles essayés disposent d'un gros œuvre en aluminium (coque, plancher, tableau arrière, coffres…) et leur quille est protégée (en standard) d'une bande "Keel Guard". De quoi s'adonner à l'échouage ou au beachage sans crainte !
En mer
Dotés tous deux du même moteur, le Honda BF20, ces Highfield affichent des performances et un comportement différents. Si leur chrono de déjaugeage est assez comparable, le Classic 360 marque un net avantage en vitesse maxi (+ 2 nœuds). Par contre, le Reef 420 met à profit sa longueur à la flottaison supérieure pour hydroplaner à plus basse vitesse. Tous deux ne bénéficient pas du réglage de trim évolutif. Sur le Classic, si ce réglage est électrique, il n'est pas effectif en navigation. Il convient de le prérégler à la hauteur de son choix, avant de passer la marche avant. Pour ce qui est du Reef, c'est un réglage d'inclinaison "à l'ancienne", à l'aide d'une barrette à glisser dans l'un des cinq trous de l'étrier du moteur.