Frappé d'une discrète mention "Vendée Globe", ce Patrol 660 est le n°19 de la flotte des 42 Highfield mis à la disposition des organisateurs de la célèbre course. Très marin par son passage dans la vague, notre modèle d'essai était néanmoins affublé d'une hélice mal adaptée, ce qui l'a pénalisé au plan des performances.
Texte et photos Philippe Leblond
Après les binômes Sillinger/Mercury aux Voiles de Saint-Tropez (chaque année), Zodiac/Yamaha aux Vendée Globe 2008 et 2012, puis Zodiac/Suzuki à la Route du Rhum 2014, c'est au tour du tandem Highfield/Honda de prendre part à logistique d'une grande course à la voile. Et pas la moins populaire : le Vendée Globe, dont le départ vient d'être donné. Il est vrai que les organisateurs de ces épreuves n'aiment rien moins que de disposer d'une flotte de semi-rigides, bateaux taillés sur mesure pour assurer la sécurité sur le plan d'eau lors du départ de la régate, ou pour accueillir les arrivants après leur tour du monde. Ainsi Groupe YB, l'importateur de Highfield, et Honda France, filiale du motoriste japonais ont livré 42 ensembles destinés à ces opérations. Nous avons pu essayer l'un d'entre eux à La Rochelle. Celui portant le n°19, soit l'un des 30 Patrol 660 d'une série limitée, qui seront vendus à l'issue du Vendée Globe.
*Au ponton*
Les modèles de la série limitée Vendée Globe sont proposés à la vente avec un équipement assez complet, même s'il existe quelques options, parmi lesquelles un solarium. Ainsi, le bateau est livré pour 39 900 € ttc, Honda BF150 monté avec direction hydraulique, et posé sur une remorque Sunway. Par ailleurs, l'équipement comprend aussi un GPS-sondeur Lowrance Elite 7 Ti, VHF, l'armement côtier comportant cinq brassières (moins de 6 milles d'un abri), et le roll-bar avec anneau de traction. Précisons aussi que le Patrol 660 VG est autovideur à l'arrêt et que son plancher alu est recouvert de mousse caoutchouc à motif "lames de teck". Cette dernière, au-delà d'une esthétique high-tech qui se marie bien avec la sellerie à motif fibres de carbone, se révèle être un antidérapant efficace et un bon amortisseur lors les impacts, inévitables, en navigation.
Rayon rangement, le Patrol 660 est plutôt bien pourvu pour un semi-rigide polyvalent, dépourvu de pont contremoulé. On trouve des coffres secs dans le leaning-post et la console, tandis que la banquette arrière offre un volume suffisant pour stocker tout l'armement de sécurité. Il y a aussi la baille à mouillage, grande au point qu'elle pourrait aussi servir de rangement si elle était cloisonnée. A noter enfin, last but not least, la boîte à gants intégrant prises allume-cigare et USB !
Quelques détails soignés, tels la plaque de fixation pour le moteur, gravée Highfield, l'inox de l'accastillage peint en gris, coordonné avec celui de flotteurs, l'habillage du tableau de bord en simili carbone plus vrai que nature, les fermeture de coffres revêtues de caoutchouc (bien pour éviter les plaies aux jambes !), le joli volant sport à trois branches, les élégantes saisines en corde agréables à la main, le nable de remplissage de carburant avec sa petite cuve pour prévenir les débordements… Tout cela fait que ce Highfield montre de réel progrès en termes de style et de finition. Reste le logo surdimensionné des flotteurs qui ne sera pas forcément du goût de tout le monde…
*En mer*
Il y a beaucoup de chose à dire au sujet du comportement dynamique. Du très bon et du moins bon. Mais, nous le verrons, dans le second cas, on peut avancer une explication… Le très bon, c'est la remarquable souplesse avec laquelle la carène du Patrol 660 passe dans une mer pourtant cassante (clapot serré de 80 cm). Non seulement, elle préserve le confort avec talent, mais elle défléchit parfaitement les embruns, malgré un vent de force 4-5. Au point que le haut pare-brise de la console de pilotage ne sert qu'à protéger du courant d'air. A bord, on peut donc naviguer en toute quiétude à 25 nœuds, avec un Honda BF150 tout juste audible. De quoi effectuer sans efforts de longues navigations, ce qui est rendu possible tant par le réservoir de 150 litres que par la sobriété du quatre cylindres japonais avec un meilleur rendement qui s'établit à 1,36 mille par litre à 3 500 tr/Min et 23,2 nœuds ! Le comportement en virage n'appelle pas de commentaires particuliers, malgré une gîte un peu inconstante (effet de couple de l'hélice ?).
L'hélice, justement, que l'on pourrait tenir responsable du moins bon… Avec un régime de 5 000 tr/min obtenu en trimant copieusement, avec seulement trois personnes à bord et 60% de carburant, ce sont clairement plusieurs centaines de tours/minute qui manquent à l'appel ! Cette trois pales de 19 pouces semble posséder un pas sensiblement trop long. Une 17 pouces permettrait de récupérer au moins 400 tr/min pour un régime plus conforme, et sans doute quelques chevaux, pour signer une perf plus consistante que les 39 nœuds que nous avons arrachés après plusieurs tentatives, quand bien même le plan d'eau n'était pas idéal, même à l'abri de l'Ile de Ré. Et les accélérations seraient sans doute plus fringantes, le Highfield, tout en alu, n'étant pas un poids lourd… Parallèlement à cela, l'équilibre du bateau est perturbé, avec un roulis important à l'approche des 5 000 tr/min, combiné à un effet de lacet gâtant la tenue de cap, surtout avec mer et vent par le travers. Une hélice quatre pales pourrait sans doute aussi améliorer la stabilité.