Des quatre semi-rigides de la série Patrol, le 760 est le deuxième par la taille, derrière le modèle-amiral, le 860 (8,63 m), plus grande unité de la production Highfield. Bien que présenté pour notre essai avec un aménagement approchant les critères de la clientèle méditerranéenne, avec nombreuses places assises et solarium, le 760 Sport est aussi proposé avec des sièges jockey classiques ou à suspensions. Le futur acquéreur est donc libre de pousser le curseur dans un sens (balade, farniente…) ou dans l’autre (pêche, plongée, baroud…). Découvrons plus en détail l’exemplaire qu’il nous été donné de prendre en main…  

Au ponton

Impossible de ne pas remarquer les efforts du chantier australien en termes de confort embarqué, puisque les nombreuses vraies places assises (7-8) et l’aire de bronzage (solarium de 170 x 140 cm) sont habillées d’une sellerie rouge vif ! Une couleur qui tranche avec le gris soutenu des flotteurs et celui, plus clair, du gros œuvre en alu (coque, pont, accessoires). Les flotteurs en tissu Orca Fabric Impression (effet texturé mat) sont ceints d’une épaisse bande de ragage noire périphérique, seulement coupée à la pointe avant, par le guide de mouillage, du même matériau. Pour ne pas « condamner » entièrement le pont avant, le solarium comporte une extension amovible qui préserve en partie l’espace au sol, au cas où un amateur de pêche veuille de l’aisance pour lancer ses leurres. Reste un beau coffre de rangement et la baille à mouillage dont l’ouverture est plutôt exiguë. Ici, pas de taquet mais une bitte d’amarrage en alu, qui permet de frapper la ligne sortant de son coffre via un passe-ligne.  

Grâce aux passavants symétriques de 36 cm de large et au revêtement en EVA qui amortit les pas sur le pont et constitue un bon antidérapant, la circulation à bord se fait aisément. Et ce, malgré un poste de pilotage qui est un vrai biplace, mais avec l’aide de flotteurs de diamètre dégressif, de la poupe vers la proue, réservant un peu plus de largeur habitable tout en affinant la silhouette. Par contre, cela se gâte dans la partie située derrière la banquette, comme sur la plupart des Highfield, avec une cale technique qui s’apparente à de la place perdue. Car, il faut l’avouer, cette partie du pont n’est guère praticable, d’autant que le roll-bar de forte section est assez « bas de plafond » et oblige à se baisser si l’on veut accéder, par exemple, au moteur. De toute façon, on ne trouve ni plate-forme, ni échelle pour faciliter la baignade, pas plus que de douchette… Pas de table pour le pique-nique non plus, même parmi les rares options. Le Patrol 760 Sport reste avant tout un semi-rigide sportif, à l’équipement fonctionnel mais spartiate. Pas fait pour parader dans les marinas sélectes… Cela ne l’empêche pas de proposer quelques volumes de rangement et des assises confortables. Mais il ne faut pas lui demander plus. Chez Highfield on préfère protéger la quille par une bande de Keel Guard sur toute la longueur, que de placer des touches de teck ici ou là.                                           

En mer

Avec au bas mot 250 kg de moins que la plupart de ses concurrents de 25 pieds (grosso modo l’équivalent d’un hors-bord 6 cylindres), le Patrol 760 Sport bénéficie d’emblée d’un rapport poids/puissance plus affûté, tirant parti de la légèreté de l’aluminium. Mais ce n’est pas tout. Sa carène met la barre très haut, que ce soit en termes de comportement, de confort en mer formée ou de plaisir de conduite. Pour situer les sensations ressenties à la barre du Highfield, il faut chercher du côté des carènes dessinées par Laurent Plasse, multiple champion de France Offshore sur des bateaux de sa conception, rigides ou semi-rigides. Son comportement, toute proportion gardée, n’est pas non plus sans ressembler à celui du Goldfish 29 Sport (voir notre essai sur ce site). Au large de Mandelieu, sur un plan d’eau sculpté par une houle résiduelle d’un mètre, sur lequel se greffait du clapot généré par une brise de Force 3, le Patrol 760 Sport s’est montré impérial. A la fois très sûr, même à pleine puissance, lorsqu’on montait le trim à la recherche des derniers dixièmes de nœuds, et facile à barrer, offrant un retour plein de nuances au pilote. Face à la houle, l’équilibre parfait dans les petits décollages inévitables au-dessus de 40 nœuds, mettait tout de suite en confiance. Chose rare, au lieu de se tasser en réception de vague, notamment avec la mer par l’arrière, le Patrol ne perdait pas de vitesse, son étrave bien défendue « soulageant » parfaitement pour mieux se lancer à l’assaut des vagues suivantes. Un régal ! Tenue de cap parfaite avec la mer par le travers, réceptions bien en ligne, déflexion des embruns efficace, quel que soit l’allure adoptée, la carène du Patrol s’est montrée à l’aise en toute circonstance. Idem en virages appuyés, avec un grip ferme mais pas brutal (pas de coups de raquette), malgré une gîte intérieure modérée, et une belle précision dans le guidage, jusqu’en sortie de courbe pour des relances en pleine motricité. La vitesse maxi de notre bateau d’essai était dans les clous (44,2 nœuds), mais le plus intéressant réside dans l’efficience de ce duo Patrol 760/Honda BF 250. Malgré un V très prononcé (26° au tableau arrière), il plane dès 13 nœuds à 2 500 tr/min, et jusqu’à 3 500 tr/min (25 nœuds) les rendements sont proches d’un mille parcouru par litre consommé, une valeur remarquable. Du coup, à cette allure, l’autonomie est proche de 250 milles ! De quoi assurer un aller-retour Cannes/Calvi sans ravitailler, tout en conservant une bonne marge de sécurité. Pas de doute, le duo Patrol/BF250 s’est montré des plus homogènes. Pour ceux qui ne se contenteraient pas de 250 chevaux, il paraît évident que la puissance maxi autorisée, 300 chevaux, sera bien supportée par ce bateau. A l’opposé, il sera encore agréable et performant avec 200 chevaux.